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L’Italie n’a pas inventé les pâtes, mais a su préserver sa sauce bien mieux que la France. Connaissez-vous vraiment l’Italie ?
©Marco BERTORELLO / AFP

Grande fierté

Ah l'Italie... Un pays qui, à la différence de la France, est fier de son identité et sait la transformer en business.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Vendredi dernier, à l’invitation de XXX j’atterrissais à Rome. Pour moi qui selon la légende familiale, ait été conçu lors d’un voyage de noces en Italie, et qui ait passé plus du tiers de ses vacances d’été, enfant et ado, dans ce magnifique pays, arriver en Italie est un peu revenir à la « casa ». Il est de bon ton de moquer une Italie à la traîne, qui serait plus connue, comme la France d’ailleurs, pour ses talents culinaires que ses prouesses économiques. C’est bien mal connaître l’Italie, et nous avons beaucoup à apprendre d’elle.

Un sondage IPSOS, sur l’interculturel, notamment entre l’Italie et la France montrait à quel point les français trouve les Italiens « sympas » quand les Italiens, (comme une partie du reste du monde) nous trouvent pédants et agressifs. Suffisants. Comme nous les trouvons sympathiques, nous pensons qu’ils nous accordent cette même notation en retour, ce qui s’avère plutôt faux. Cela introduit ainsi, un premier biais culturel, qui se traduit du côté Italien, par de la méfiance. La méfiance n’est pas mère de business et effectivement, la relation Italie-France est bien loin de son potentiel. Dommage. Si l’on surpasse l’image sympathique mais lascive, que nous attribuons à ce peuple, qui comme l’espagnol, ressemble souvent pour le Français à un Africain de l’Europe (ce qu’on appelle de l’arrogance à la française), nous aurions beaucoup à gagner à travailler bien plus avec eux.

Tout d’abord l’Italie à quelques Fleurons, d’ailleurs, cela n’a échappé ni à Renault (même si l’Etat lui a fait rater une occasion en or), et surtout pas à Peugeot, qui y a vu l’occasion de devenir le plus grand groupe automobile mondial. Un beau cadeau à la Chine, actionnaire de Peugeot. Elle a aussi ENEL, le EDF ou ENGIE italien. A cette petite différence près, que ENEL avait la même capitalisation boursière que ENGIE il y a encore 8 ans, et qu’elle est désormais 5 fois supérieure désormais. ENEL a un patron de l’innovation exceptionnel et une capacité à innover via un système unique au monde d’open-innovation, qui lui a donné un élan incroyable. A l’heure où certains français sont inquiets de voir débarquer dans leur foyer, un compteur intelligent, ENEL installait les premiers en 97 !!! Les « smart meters », sont une invention Italienne. A l’heure où nombre de groupes de l’énergie française font de l’innovation incrémentale, ENEL a déjà mis les nouvelles énergies et les nouveaux « business models » de l’énergie au service de son développement, ce qui a permis au titre de s’envoler, plus porté par des vents déployés par des énergies propres que par le charbon Allemand ou le nucléaire français.

Ensuite l’Italie aime l’Italie. Et elle reste fière de son identité, qu’elle transforme en business et en domination mondiale. Tous ceux qui parcourent les rues qui vont en large et en travers entre la place Vittorio Emmanuel et Piazza del Popolo, se font, je l’espère la remarque que 80% (j’ai fait le compte dimanche midi) des enseignes sont Italiennes. Marques, design, fabrication, nom… « 100% Italiano vero ». Là où nous avons été incapables de préserver notre industrie textile, décimée par la grande distribution française et ses prix bas (notamment), au profit d’une Chine qui nous remercie chaque jour et a même remplacé à la fin des années 90, les commerçants du sentier, l’Italie, elle, produit toujours ses tissus (fini en France), ses dessins, son design, en Italie. Elle a préservé son savoir-faire, et ne l’a pas totalement vendue, avec son âme et ses emplois, à l’Asie. Dès lors, les rues résonnent et brillent d’enseignes Italiennes, là où nous croulons sous les enseignes de masse en France. Seule lueur d’espoir, mais qui ne ramènera pas la fabrication textile en France, l’initiative des soutiens du « made in France » portée notamment par Smuggler (Gilles Attaf, Gilles Zeitoun) et le soutien indéfectible il faut le souligner de Arnaud Moutebourg, qui tente de jouer la solidarité grands groupes/PME françaises pour jouer un peu la carte du « patriotisme » économique. En Italie, ca marche. Plutôt bien. Ils aiment le beau, et on aime l’Italie pour cela aussi.

Aller à Turin ou Milan, c’est apprécier le génie Italien. La force des groupes familiaux, bien plus nombreux (4 à 10 fois plus selon les secteurs), et donc plus innovants, souples, audacieux et solidaires que nos français. La PME et l’ETI (l’Italie a environ 4 fois plus d’ETI que nous) sont l’alpha et l’oméga de la réussite du nord de l’Italie, et donc par perfusion, du fait de l’incroyable dichotomie avec le Sud, de toute l’Italie, qu’elle tient (de plus en plus malgré elle) à bout de bras. L’Italie c’est donc une bonne « pâte », qui sait maintenir une cuisson impeccable et embellir le goût d’une sauce dont elle a seule, le secret. 

Le Romain est 100 fois moins excités au volant, malgré la légende, que le Parisien et donc 100 fois plus supportable. Ce pays qui a inventé le vespa, continue à rouler en 2 roues de façon romantique, et non en gladiateur impitoyable de la route, avec un culot, une animosité et un non civisme à 2 roues, que les Parisiens démontrent chaque jour, au point de vous dégoûter de prendre le volant. Le 2 roues à Paris est l’ennemi du monde roulant, encore plus que Hidalgo, à coup sûr.

En revanche, comme dans beaucoup de pays, le politique ruine tout. L’administration Italienne est proche de la république bananière, les élections un cirque absolu, le digital est en retard sur tous les fronts, et les infrastructures souffrent autant que celles des USA, ce qui n’est pas peu dire. Mais à l’heure où la flexibilité, l’innovation, et la capacité d’adaptation vont devenir les atouts principaux. A l’heure où la capacité de rester soi-même tout en abordant la mondialisation sous une autre forme, va devenir un point de repère politique, humain, à retentissement économique, l’Italie, qui sait rester elle-même, a quelques beaux atouts dans son sac Gucci, qui prouve que la France et l’Italie, associées, donnerait plus souvent de beaux résultats.

Nous aurions intérêt à mieux connaître nos voisins à l’accent qui chante, car nous aurons besoin, très vite, de chanter dans la même chorale !

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