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Nous devons repenser la croissance. Pas y renoncer
©ERIC PIERMONT / AFP

Ayatollahs de la décroissance

En pleine agitation sociale et alors que le gouvernement tente de mettre en place un certain nombre de réformes, la croissance doit être repensée.

Jean-Yves Archer

Jean-Yves Archer

Jean-Yves ARCHER est économiste, membre de la SEP (Société d’Économie Politique), profession libérale depuis 34 ans et ancien de l’ENA

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Depuis un an la France expérimente l'agitation sociale voire de quasi-insurrections sporadiques dont la stérilité est manifeste mais dont l'impact sur les finances publiques est bien tangible. La fameuse phrase du président Hollande "Ce n'est pas grave, c'est l'État qui paye !" peut désormais être dédoublée par un fait objectif : oui, c'est grave car on empile la dette comme des cagettes de clémentines à Rungis sans comprendre que notre potentiel fiscal n'est pas en proportion avec la dynamique de ces nouvelles couches de dette publique.

La jeune Greta a raison de dire que le climat est important mais, mieux informée ou inspirée, elle devrait noter que l'Europe présente des niveaux d'endettement apparentés à ceux des temps funestes de la guerre. Dans ce contexte historique si particulier, le débat démocratique régresse et l'invective tient lieu de mot de passe à des personnes qui confondent démocratie représentative et méfaits de la démocratie directe voire révocatoire. Parmi eux, on trouve de nouveaux économistes auto-proclamés qui rêvent de faire culbuter le système de production. D'abord en répandant des campagnes calomnieuses sur une partie des élites qui ne sont pas irréprochables mais qui n'ont quand même pas à subir les foudres de toutes les pages du Code pénal. Puis, en inventant une équation où la démagogie l'emporte sur la vérité. La solution viendrait de la décroissance alors même que la démographie mondiale continue de croître sérieusement. On rêve debout devant une telle ineptie. Clairement les ayatollahs de la décroissance sont tellement dans la réification qu'ils n'acceptent pas le débat et l'échange intellectuel. En France contemporaine, on débat beaucoup, on colloque un peu trop et on échange peu. Échanger c'est ce que savait faire un homme comme Jean-François Deniau face aux opposants communistes du Cher. La courtoisie n'exclut pas la défense d'une conviction.

La croissance sera la planche de salut de l'humanité si elle sait s'accoupler à la notion de frugalité. Comme diraient les libéraux, il faut optimiser la fonction de production et donc améliorer les fruits du tandem que forment le capital et le travail. Sans oublier le facteur résiduel finement détecté par Carré, Dubois et Malinvaud il y a plus de 40 ans. Des personnalités comme Jean-Louis Beffa (président honoraire de Saint-Gobain ) ou plus récemment Serge Weinberg (président de Sanofi) ont parfaitement mis en musique des processus de production qui requièrent moins d'intrants et qui ne négligent pas la fin de vie du produit. Frugalité et maîtrise du cycle de vie doivent être les pierres angulaires de notre avenir collectif. Faute d'assimiler ce point, nous nous exposerons à un double péril. Tout d'abord, le coût exponentiel de la dépollution dans les cas où elle sera techniquement à portée de compétence humaine. Puis, nous serons exposés à ce que le doyen Carbonnier a souvent évoqué, à savoir l'effet Assiduis. Premier mot d'une constitution de l'Empereur Justinien, cet effet est simple à résumer. Il consiste à dire que lorsque l'Exécutif est confronté à des revendications particulièrement sonores, il cède et nuit ainsi à l'intérêt collectif majoritaire par une compréhension alors dévoyée de l'intérêt général. Nos chers ayatollahs n'attendent que ça via leurs porte-voix.

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