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Progressisme : mais quel mot idiot !
©LUDOVIC MARIN / AFP

En avant ? En arrière ?

Il a été recyclé par l’Élysée. Et tous les micros macronophiles le répètent.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Dans « progressisme », il y a progrès. Et quoi de plus beau et de plus désirable que le progrès ? Macron, homme politique roué, l'a compris. Et il ne cesse de l'opposer – avec un certain succès – aux nationalistes, réactionnaires, conservateurs, tous nostalgiques du monde d'avant.

Il a pour lui, et en apparence, le bon sens. Depuis la nuit des temps, l'humanité a en effet fait des progrès. À l'âge de pierre a succédé l'age de fer. Un jour l'homme des cavernes a quitté sa caverne pour se bâtir une hutte. Auparavant, l'homo erectus s'est transformé en homo sapiens, qui, dans sa version la plus achevée, réside aujourd'hui à l’Élysée.

Le progrès est donc scientifiquement établi. Le pigeon voyageur quitte la scène pour laisser la place au télégraphe qui s’incline devant le téléphone, qui s'efface devant internet... Voici une évidence qui ne dit pourtant pas grand chose sur les vrais ressorts du mouvement du monde. Pour caricaturer, et c'est ce que fait Macron, les progressistes proclament que ce sera mieux après, tandis que les réactionnaires passéistes se réfugieraient dans le « c'était mieux avant ».

Mais l'homme ne vit pas que de pain et d'internet. Et le fait de conduire une voiture ne le rend ni meilleur ni supérieur à son ancêtre qui se déplaçait à cheval. Avant Yann Moix, il y eut Flaubert. Avant Jeff Koons, il y eut Monet. Avant Booba, il y eut Mozart. Avant Marlène Schiappa, il y eut Simone Veil. C'était mieux quand ?

En politique, ça s'applique aussi. Et avant le monothéisme aux effets redoutables, il y eut le charmant polythéisme grec. Avant Robespierre et sa guillotine, il y eut Louis XVI qui coupait beaucoup moins de têtes que lui. Avant Hitler, il y eut la République de Weimar, pacifique et débonnaire. Et avant Staline, il y eut le Tsar Nicolas II, qui ne massacra pas des millions d'hommes. C'était mieux quand ?

Une histoire russe à ce propos : elle dit tout sur la niaise invocation du progressisme. Staline meurt et va directement au purgatoire. Nicolas II y est déjà. Il l'accueil avec un « Salut, Joseph, heureux de te voir ». Il enchaîne : «  Dis-moi, comment va aujourd'hui ma sainte Russie ? ». Réponse de Staline : « Elle va bien, Nicolas ». « Dis-moi, Joseph, est-ce que c'est toujours comme de mon temps, quand on fouettait les moujiks ? ». « Oui, ça n'a pas changé ». « Et dis-moi, on déporte toujours les emmerdeurs en Sibérie ? ». « Ah ça oui ! ». « Dis-moi encore, et la vodka, elle titre toujours 43 degrés ? ». Réponse : « Ah ça non, 45 degrés ! ». Le tsar : « Dis-moi, Joseph, tu crois que ça valait la peine de faire la révolution pour deux degrés ? ».

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