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Fait rare : un entrepreneur se plaint de la baisse des impôts
©JOEL SAGET / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Denis Jacquet aborde cette semaine la question de la baisse des impôts sur les entreprises.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Pas de tentations sadomasochistes chez moi. L’approche de l’automne ne provoque pas de spleen Baudelairien, qui expliquerait que l’annonce d’une bonne nouvelle aggrave une mélancolie têtue. Pas besoin de prozac, à la tombée des premières feuilles, je suis en pleine forme, c’est officiel. Pas non plus impressionné par la tentation de vague jaune avortée d’hier, que certains appelaient, face à moi, hier, sur un plateau TV, une « colère sociale ». 10 000 personnes c’est un piquenique contrarié qui se termine en black bloc aveugle, mais pas une colère sociale. Une colère sociale, c’est l’Algérie qui réclame des élections, le peuple Vénézuélien qui tente de se soulever face à un dictateur cinglé. Donc, non, tout cela n’explique pas ce qui pourrait être considéré comme une incongruité. Un entrepreneur se plaignant des impôts qui baissent, vous n’y pensez pas. Et pourtant.. !!

Pour nous l’annonce de la baisse de l’impôt sur les sociétés était déjà une fausse bonne nouvelle. Utile néanmoins, au moins psychologiquement. L’immense majorité des PME font peu ou pas de bénéfices, alors l’IS, n’était pas notre priorité. Être payé par nos clients l’était bien plus. Mais le gouvernement et la députée en charge de la loi Pacte (Olivia Grégoire), a imaginé que dénoncer les mauvais payeurs allait régler le problème, ce qui prouve que les députés passent et se ressemblent. Inculture économique totale. Le CICE, que la CGT dénonçait encore face à moi hier soir sur ce même plateau, peut faire gagner un mois de vie à des dizaines de milliers de PME qui fleurtent avec la disparition chaque jour (50 000 liquidations en 2018). Mais cela ne règle pas le problème de fonds du niveau des prélèvements en France. Pour qu’ils baissent durablement, il faut réformer l’état et toutes ses agences, c’était la seule réforme que nous aurions dû attendre et réclamer.

Et de nous annoncer maintenant que nous allons restituer du pouvoir d’achat aux ménages, afin qu’ils le restituent, par des achats, de la consommation, de la croissance, est vraiment un très mauvais calcul. Tout d’abord, les français qui se croient très pauvres (il y a de la détresse oui, mais la vraie pauvreté c’est quand aucun amortisseur social n’est présent, et pour le coup la France est de ce point de vue un paradis), et ont (à raison) peur de l’avenir, ne consommeront pas. Ils vont économiser. La croissance n’en profitera pas. Et au final, nous nous endetterons un peu plus ou nous trouverons, quelques-part des compensations, car Bercy déteste perdre du terrain et fait toujours ce qui est nécessaire pour le regagner. Une sorte de « nature » qui a horreur du vide fiscal, pendant que le pays meurt de cette « hernie fiscale ». Nous investissons donc dans une mesure politique, le sacrosaint pouvoir d’achat, qui est l’aumône des gouvernements fainéants, au peuple. Un peu de pain pour avoir plus de jeux. Seule la Française des Jeux en profitera, et donc l’Etat. La boucle est bouclée.

Une véritable baisse des impôts utiles aurait été, pour le plus pauvre, une baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, mais aussi les fruits ou légumes, qui devraient selon une doctrine primaire et stupide, être consommés à raison de 5 par jour, quand les plus démunis ne peuvent se l’offrir que 5 fois par mois.

Une véritable baisse des impôts pour les entreprises, ce serait la baisse des charges sociales patronales et salariales, afin d’augmenter le net pour les 2 parties. Les salariés et le dirigeant. Mais pour faire cela, à nouveau, il faut réformer d’abord et avant tout, l’état, ses institutions et ses ramifications. Dégraisser le mammouth, non en taillant dans le vif, mais dans la graisse. Non pas en saupoudrant les économies demandées au mépris de toute étude d’impact, mais en se concentrant sur ce qui permettrait d’investir dans l’avenir, en échange d’un meilleur fonctionnement. Augmenter les budgets de ceux qui peuvent nous offrir un avenir. Les chercheurs notamment, qui fuient, attirés par des offres mirobolantes des GAFA et des BATX chinois.

Même les retraites pouvaient attendre. Pourquoi se mettre à dos la population, à la sortie des GJ, quand on pouvait commencer par la mère des réformes, qui fait consensus. Étrange, que des cerveaux aussi brillants, ne sachent pas trouver un enchaînement logique aux choses. Mais tant qu’à faire, ne pas mettre la durée de travail, l’accroissement de la durée de travail, au rang des sujets à débattre à l’heure où la démographie, la croissance et l’accroissement de la durée de vie, l’exigent (sans parler des millions de personnes qui veulent continuer à travailler car ils ou elles aiment simplement cela), est une autre erreur fondamentale. Tant qu’à faire une erreur, en commençant par la retraite, autant tirer profit de son erreur de jugement jusqu’au bout. Non ?

En conclusion, une économie d’impôt pour des raisons politiques, reste une économie de pensée utile, pour le pays. Satisfaire uniquement le présent est une insulte à l’avenir. Nous le paierons, comme nous l’avons payé quand le tandem infernal Jospin-Chirac, épris de la même théorie, avait fait le même choix à l’époque. Depuis, toutes nos courbes se sont inversées, sonnant le début de la fin du génie Français et de ses perspectives d’avenir.

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