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En cyclisme, admirer Eddy Merckx, c’est admirer l’injustice
©STF / AFP

Bonnes feuilles

Jean Cléder publie "Eddy Merckx : analyse d’une légende" (éditions Mareuil). Entre 1966 et 1976, le plus grand champion cycliste de l'histoire a tout gagné. Jean Cléder retrace magnifiquement le parcours du champion à travers ses articulations majeures : un corps et sa machine, l'effort et sa préparation, les adversaires et les alliés. Extrait 1/2.

Jean Cléder

Jean Cléder

Maître de carences H.D.R. en littérature générale et comparée (université Rennes) Jean Cléder travaille sur les relations entre les arts et sur les représentations du sport. Dans ce domaine il a publié notamment Bernard face à Hinault (Mareuil Editions), livre d'entretiens avec le champion breton, et Petit éloge de la course cycliste (Editions François Bourin).

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Le sport cycliste présente cette particularité d’assujettir étroitement un homme à une machine, dans un détournement très bizarre de la mécanisation opérée dans le monde du travail. Comme l’indique son étymologie, le vélo permet à l’être humain de se déplacer plus vite en utilisant ses propres forces. Mais, alors que les machines de l’artisanat ou de l’industrie servent principalement à soulager le corps humain en augmentant ses capacités de production, la compétition cycliste retourne la machine contre son utilisateur : les distances parcourues par les coureurs (dès le début) programment des efforts musculaires qui, en durée comme en intensité, n’existent nulle part ailleurs dans l’expérience humaine. Principalement, à l’heure où les moteurs commencent à remplacer massivement la force musculaire comme la force des vents, le coureur cycliste doit transmettre son énergie à sa machine, dans une sorte de collusion régressive du rapport entre l’homme et son outil — c’est le vélo qui compte, l’équipe, la marque, le sponsor. Il s’ensuit que le bon assortiment de l’homme avec sa machine est un facteur décisif de l’efficacité du coureur, mais aussi de la beauté du spectacle : plus que ne l’exige la manipulation d’un outil (tir à l’arc, raquette), la mise en mouvement d’un projectile (balle, ballon, poids, javelot, etc.), ou l’utilisation d’un accessoire (chaussures de football, gants de boxe), c’est bien d’une hybridation biomécanique qu’il s’agit. Ainsi le champion doit-il faire corps avec sa machine : on ne remarque plus l’étrangeté de cette expression, parce qu’elle est entrée dans le langage courant des commentateurs, pour exprimer l’exigence d’un style — comme on parle d’un style en peinture peut-être, même si c’est encore différent, dans la mesure où l’évaluation des résultats se fait autrement.

Reste que les journalistes (presse écrite/audiovisuelle) et écrivains du sport ont toujours montré une grande vigilance à l’égard de la beauté du geste — dans le temps même où ils racontent et analysent la performance : ce n’est jamais formulé de cette manière mais en quelque façon, décrire le style c’est comprendre mieux l’action, et donner un sens à l’efficacité d’un coureur, au développement de sa puissance. À l’horizon de cet exercice critique, ce sont sans doute aussi les capacités d’adaptation d’une espèce que l’on apprécie, et la possibilité d’une véritable hybridation de l’homme et de la machine. Concrètement dans l’histoire du cyclisme, les journalistes ont su distinguer la grâce particulière de Fausto Coppi, dont le corps semble construit et programmé pour faire du vélo : impressionnant par sa puissance et son aisance en machine, le champion italien redescendu parmi les hommes se montrait plus maladroit et emprunté, rappelant forcément aux sportifs et lecteurs français « L’Albatros » baudelairien, « prince des nuées » que « [s]es ailes de géant […] empêchent de marcher ». En Italie — selon une autre tradition —, un autre oiseau fera temporairement référence : « L’Airone », le Héron, deviendra bientôt et définitivement le campionissimo. Dans la même période mais sur un tout autre registre, c’est la continuité entre la mécanique et l’esthétique, entre la fluidité d’un geste sportif et l’élégance physique et morale de l’homme, qui vaudra à Hugo Koblet le titre de « pédaleur de charme »…, comme à Dietrich Thurau vingt-cinq ans plus tard celui d’ « Ange blond ». Inversement, l’absence ou la disgrâce du style se fait également remarquer — comme un prodige inversé : ce n’est plus l’apparence de facilité qui surprend et séduit, mais la mise en scène de la difficulté — au point que l’effort semble impossible à supporter, au spectateur même. Inutile sans doute de faire des énumérations : le cas extrême de Michel Pollentier nous suffira, en ce sens que son style exprime en même temps la souffrance de l’effort et la volonté panique de se soustraire à l’emprise de la machine. Au contraire du styliste qui s’y associe pour triompher de la pente, de la pesanteur, de l’opposition des vents et des adversaires, le petit coureur belge — principalement équipier de Freddy Maertens — se déhanchait d’une façon très surprenante sur son vélo, sans jamais donner l’impression de le maîtriser complètement, ni même de s’y asseoir : dans une position fort peu aérodynamique, il faisait zigzaguer la machine — dépenses d’énergie qu’il a constamment cherché à réduire, mais en vain. Le couple homme- machine ne s’est jamais bien entendu, et c’est dans la violence de cette mésentente que le champion belge, très performant cependant contre la montre et en montagne, a conduit sa carrière. Son efficacité en machine se décidait dans cette disgrâce, comme celle d’Hennie Kuiper ou de Chris Froome aujourd’hui — dont la laideur demeure suspecte…

Eddy Merckx : pour mettre la phrase en action, il suffit de (mais il faut aussi) regarder les images en mouvement. Arrachées aux temps héroïques de l’audiovisuel, tournées dans des conditions acrobatiques, ces images à la fois rares, précaires et fragiles sont peut-être de mauvaise qualité matériellement — elles sont floues, elles manquent de piqué — mais, prenons pour exemple Milan-San Remo 1975, c’est sans importance au regard de leur valeur sportive, historique, et esthétique. Pourquoi cette course ? D’abord, c’est la course d’Eddy Merckx — il la remportera sept fois sur dix participations : il y est donc attendu, il y est attendu qu’il y fasse de l’inattendu. Ensuite, le finale de la Primavera est toujours d’une intensité extrême, parce que le parcours assez peu sélectif (malgré l’introduction du Poggio sur le parcours en 1960) maintient un grand nombre de coureurs en position de gagner à moins de dix kilomètres de l’arrivée — cela va toujours très vite alors que rien n’est fait. Or cette année-là, Eddy Merckx franchit la dernière difficulté aux avant-postes d’un groupe de cinquante coureurs, quelques secondes après une escouade d’échappés : l’Italien Tino Conti, les Français Guy Sibille et Jean-Pierre Danguillaume (tous les deux chez Peugeot), sont accompagnés d’un de ses équipiers, Joseph Bruyère. En bas de la descente, Francesco Moser est sur le point de les rejoindre, quand Eddy Merckx s’extrait à son tour du peloton. S’ensuit pour le champion du monde une poursuite d’une grande violence : talonné par la horde des routiers-sprinters, il ne dispose que de quelques centaines de mètres pour rejoindre le groupe d’échappés et prendre position en vue du sprint. Le spectacle auquel on assiste alors est stupéfiant de puissance et de fluidité — car l’intelligence de course est moins compréhensible : on n’entendra pas, on ne verra pas non plus le leader de la Molteni crier à son équipier de l’attendre au moment où il va opérer la jonction. 

Reste que la télévision italienne saisit quelques secondes de cet effort maximal. Sans rendre tout à fait l’impression de puissance — l’immense braquet poussé par le coureur —, les captures d’écran rendent perceptible l’engagement total du corps, qui n’est jamais débauche, effusion, ou désordre du geste. Bien au contraire : ce qui fait de cet épisode un temps fort de l’histoire du cyclisme, c’est qu’au moment décisif, l’homme s’ajuste à sa machine au plus court et au plus serré : sur ce segment de la course, Eddy Merckx ne « mouline » pas, il pousse le plus grand développement dont il dispose sur une fréquence qui peut sembler aujourd’hui assez lente (soixante-dix-huit tours de pédalier par minute). Ce qui fait à la fois la beauté et l’efficacité du geste, c’est que tous les segments se regroupent et s’orientent dans le sens du déplacement qui est aussi le sens de la lumière (tache claire sur son visage) et de la victoire en cette fin d’après-midi de printemps.

Image par image, la décomposition du mouvement en fait comprendre la logique et la beauté. Très reculé sur la selle, le coureur adopte ici une position qui optimise en même temps la puissance du pédalage et l’aérodynamisme du couple homme-machine : la poussée s’exerce jusqu’au dépliement complet de la jambe (quand même le talon descend très bas), tandis que le buste supprime la prise au vent en plongeant vers le guidon. En regardant de plus près le placement du buste (poids mort, charge inutile), on comprend que tout est calculé ou intuitionné dans le geste d’Eddy Merckx pour réduire au maximum l’encombrement de ce poids mort, de cette charge inutile, réduite en simple maillon reliant les jambes aux bras. Comme son coup de pédale très étrange est conçu pour anticiper ou retarder (esquiver en fait) le point mort haut comme le point mort bas dans la rotation du pédalier, le buste d’Eddy Merckx fait l’objet d’une ellipse, d’un évitement : intuitivement, le coureur perfectionne la fluidité de son fuselage en réduisant l’opposition de son corps à la pénétration dans l’air. 

Ainsi, du corps humain ne bouge et ne se voit que ce qui sert mécaniquement à la propulsion de la machine — économie très classique des moyens. Cela sera toujours difficile à déterminer, mais c’est là sans doute que se résout l’équation égalisant la beauté avec l’efficacité du geste. À cette époque, la position adoptée par Eddy Merckx dans ces moments d’intensité est probablement la plus aérodynamique du peloton professionnel — avec celle de Francesco Moser. Hybridation, anamorphose et design plastique : pris de face comme de dos, on voit bien que le corps humain est redessiné pour défier l’atmosphère, négocier avec la résistance de l’air les accélérations possibles. Le champion bien profilé n’a pas de buste : il n’est que jambes, épaules et bras (vu de face), jambes, fesses et bras (vu de dos). La grandeur d’Eddy Merckx se décide là aussi.

L’assemblage et l’espérance de vie du couple homme-machine exigent un engagement que les médias s’emploient à documenter — c’est-à-dire mettre en scène, dramatiser, légender. Ainsi le champion est-il photographié régulièrement dans son atelier personnel, affairé auprès de son vélo — à changer un pignon, vérifier telle mesure, gonfler ses boyaux. Il s’agit de montrer que la machine demande une attention personnelle, s’inscrivant dans la vie quotidienne et privée du champion : l’intimité du couple homme-machine est vécue au plus près du couple homme-femme, au sous-sol de la maison. C’est dans les fondations de la maison que se fondent les performances de course. La vitalité comme la délicatesse de cette relation sont rendues publiques à la faveur de micro-événements bien relayés par les médias, qui singularisent fortement la vigilance d’Eddy Merckx à l’égard de ses propres sensations — les sensations de son corps à lui sur son corps à elle. Ce seront, dans le temps de la course même, les interventions d’Eddy Merckx sur certains réglages — en particulier la hauteur de selle. Le boulon que le coureur desserre et resserre pour modifier cette hauteur est au centre géométrique de la relation du couple : de ce réglage dépendent directement l’assise du coureur bien sûr, mais également tous les paramètres du pédalage — son confort, sa puissance et sa grâce, enfin ce qui justement en mécanique s’appelle le couple aussi. 

Dans les situations de crise, le champion se couche sur sa machine comme pour se rendre invisible et disparaître en elle, avec elle. Mais il lui arrive aussi de la répudier pour en essayer une autre. À trois mille cent mètres de Saint-Lary-Soulan sur le Tour de France 1974, Eddy Merckx lâché par Raymond Poulidor interrompt brutalement son effort pour changer de vélo : ses douleurs au dos sont telles qu’il prend le risque (d’une perte de temps supplémentaire) en se faisant passer une autre machine (dont la selle est un peu plus haute) afin de diminuer ces douleurs. Notons que ce détail — sans conséquence sur la suite du Tour de France — est volontiers rappelé par les commentateurs comme une preuve supplémentaire, puis un symbole de l’hypersensibilité d’Eddy Merckx à l’égard de sa machine. Historiquement, cette hypersensibilité est surdéterminée par son accident sur la piste de Blois en septembre 1969 : une chute très violente lui déplace le bassin, occasionnant des douleurs résiduelles et résurgentes, et affectant définitivement ses performances dans les ascensions. 

Pour mesurer la subtilité du technicien Eddy Merckx, on peut éviter d’entrer dans des considérations trop techniques ou trop savantes sur les machines : une anecdote nous suffira ici à la faire comprendre. Dans le finale de Milan-San Remo en mars 1976, le champion est rejoint par le jeune Jean-Luc Vandenbroucke sur les dernières pentes du Poggio. Il fait la descente devant le jeune professionnel de chez Peugeot, avant de le battre au sprint sans coup férir, pourrait-on dire. Revenant sur sa septième victoire dans la Primavera, Eddy Merckx expliquera qu’il a calculé sa propre descente en considérant que Jean-Luc Vandenbroucke était moins bien outillé que lui sur l’exercice : ayant couru lui-même chez Peugeot pendant deux ans au début de sa carrière, il sait que le vélo de son adversaire est moins agile que le sien dans les descentes. Des lacets du Poggio, le champion livre alors une interprétation de virtuose, poussant Jean-Luc Vandenbroucke à s’épuiser nerveusement pour maintenir le contact avec le bientôt septuple vainqueur de l’épreuve. En l’occurrence, il s’agissait donc d’exploiter la connaissance du vélo d’un autre pour ruiner ses réserves avant un sprint qui n’aura pas vraiment lieu.

Enfin, la vie du couple homme-machine, un scientifique de haut niveau et écrivain de grande clarté a cherché à en expliquer les prodiges, à partir d’une expertise véritablement physique. En effet, polytechnicien et architecte, cycliste lui-même, Claude Genzling a beaucoup œuvré pour interpréter l’efficacité des coureurs en fonction du rapport entre leurs mensurations et les cotes de leur machine, en pratiquant des relevés systématiques sur les coureurs, et leurs vélos. Soulignons qu’il est le premier dans ce cas dans le domaine du cyclisme : adossé à une véritable base de données, il se trouvait en capacité de comprendre le style d’Eddy Merckx par comparaison à des normes dont la transgression est (un peu) visible à l’œil nu, mais difficile à comprendre et à traduire. Un scientifique en face d’un sportif : l’expert commence par quelques précautions oratoires valant acte d’humilité. Devant le champion, le scientifique redoute que les théories mises au point sur les individus normaux ne soient plus valides, et qu’à l’anomalie représentée par les performances réponde une anomalie dans l’assemblage homme-machine. Or des anomalies, il y en a, mais elles confirmeront les règles en les transgressant. D’abord, et donc chiffres à l’appui, la répartition des segments sur le squelette d’Eddy Merckx est extrêmement favorable à la performance : très longs bras et jambes, buste très court constituent des avantages naturels pour actionner la machine. Ensuite et en conséquence, la mise en place du coureur sur le vélo excède nettement les normes observées dans le peloton. Il apparaît alors qu’Eddy Merckx avait mis au point intuitivement la position optimisant les possibilités mécaniques de son squelette : en arrière sur la selle, un cadre court compensé par une longue potence permettant au coureur une position très aérodynamique à grande vitesse. Le texte de Claude Genzling est formel : la machine est idéalement ajustée aux propriétés physiques du champion — le seul élément qu’il ne comprend pas : le fait que sa selle ne soit pas plus haute. On ajoutera, hors mesures, que la force du style de Merckx tient en plus à la science d’un certain confort. C’est visible à l’œil nu et cela peut sembler futile, mais la position d’Eddy Merckx en machine est… confortable : le coureur est en capacité de tenir longtemps des positions très efficaces mécaniquement, contrairement à celle de coureurs comme Hennie Kuiper par exemple, qui n’a jamais gagné un contre-la-montre ni un grand Tour, ni même une classique au terme de quelque longue échappée solitaire. 

La presse et les historiens du sport interprètent régulièrement l’assortiment homme-machine dans une double perspective. La première est la thématisation du travail, disons même de l’artisanat : conjuguant compétence technique et humilité, le champion doit d’abord être un bon artisan. Les soins apportés à son outil valent préparatif de la per formance, et preuve complémentaire de sa grandeur : car les fastes de la victoire se décident dans l’application et la modestie de l’action restreinte. On ne s’étonne donc pas que l’adage bien connu serve à légender les images du coureur affairé autour de son vélo : « Un bon ouvrier soigne ses outils. » La seconde perspective est l’explication des performances : on cherche à comprendre par des données chiffrées, rationnalisées, ce qui est ressenti comme exceptionnel et inexplicable. L’assortiment homme -machine y pourvoit — mais pour partie seulement.

En effet, parmi les explications de la supériorité du champion, les capacités physiologiques (biologiques) de base sont également décisives — évidemment serait-on tenté d’ajouter, si cette évidence n’avait perdu de sa clarté depuis que les nouvelles techniques de dopages et les connivences institutionnelles ont permis à Monsieur Tout-le-monde de gagner le Tour de France… Moqué par ses pairs et ses aînés au seuil de sa carrière (voir chapitre I), Eddy Merckx est — un peu — « l’enfant déshérité » de la tradition romantique : méprisé par les hommes, le champion favori des dieux grandira « sous la tutelle invisible d’un ange », qui veille au développement d’une dotation physique exceptionnelle. À l’époque, l’évaluation des capacités physiques n’était pas véritablement systématique et moins encore informatisée. Pour autant, Eddy Merckx a subi des tests à plusieurs moments, qui permettent par recoupement de reconstituer le portrait biomécanique complet du champion. Le rapport entre la taille (1,84 m) et le poids (73 ou 74 kg en période de course), auquel il faudrait ajouter la répartition des segments (vue ci-dessus à propos de la relation homme-machine) le placent idéalement dans la catégorie des coureurs complets, tandis que sa capacité pulmonaire (8 l), sa consommation d’oxygène (plus précisément : la capacité des poumons de récupérer l’oxygène de l’air), le volume cardiaque (1 600 cm3), le taux d’hématocrite naturel (49 – 50 15), ainsi que le nombre de pulsations cardiaques par minute (38 bpm) définissent un moteur prodigieux, qui serait à la fois très puissant, très sobre, et très endurant. En effet pendant la course, son organisme produit très tardivement l’acide lactique inhibant la poursuite de l’effort, tandis que son rythme cardiaque, qui reste de 30 bpm inférieur à celui des autres coureurs, indique que son organisme se fatigue beaucoup moins — pour prendre une comparaison, les autres courent pendant qu’il trottine. Pris séparément, certains chiffres ne sont pas optimaux (parmi les chiffres relevés chez les champions), mais leur combinaison donne à Eddy Merckx un avantage considérable sur tous ses contemporains, comme dans l’histoire du cyclisme plus généralement — pour autant qu’on bénéficie d’informations fiables. 

À ce stade, on peut considérer qu’admirer Eddy Merckx, c’est admirer l’injustice. Mais pas plus que l’alphabet ne fait le poème, les paramètres physiologiques ne font pas la légende…

Extrait du livre de Jean Cléder, "Eddy Merckx : analyse d’une légende", publié aux éditions Mareuil.

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