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Avec un moral au beau fixe, les boursiers peuvent remercier Donald Trump...
©JOHANNES EISELE / AFP

Business

Les marchés financiers ont démarré l’été avec du soleil plein les yeux. A New-York comme à Paris. Alors, Trump veille au grain, mais pas seulement. Les autres chefs d’Etat aussi.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Le premier semestre de l’année restera dans les annales comme un des meilleurs de l’histoire boursière depuis le début des années 2000. Et c’est bien sûr New-York qui mené la danse, grâce essentiellement à la politique de Donald Trump.

Tout se passe désormais comme si la bourse était la seule obsession du président américain, d’où le tweet de satisfaction : « stocks cap best first half since 1997». Du coup, le président a lancé sa campagne pour le deuxième mandat en disant « Keep America great ».

Le président américain sait bien que la bourse enrichit d’abord les Américains les plus riches, mais il estime que ses électeurs de la première heure en profiteront aussi et lui assureront sa réélection.

Donald Trump a délibérément choisi de protéger la bourse, puis l’économie américaine et de passer au second plan ses promesses ambitieuses de rapatrier l’industrie manufacturière, ce qui aurait été une entreprise pharaonique - ou même d’affronter militairement l'Iran ou de pousser la Chine à bout. Il sait très bien jusqu’où aller pour ne pas bouleverser l’équilibre de l'écosystème et trop le perturber. Ses velléités protectionnistes, ses projets de mur contre l’immigration ont fait l’objet de discours violents et de tweets incisifs, mais dans la réalité, les mesures prises ont été très mesurées et surtout très symboliques. Quand ce discours pèse trop sur les perspectives économiques, il sait même faire le pas qu'il faut pour rassurer. Quand, à la sortie du G20 d’Osaka (qui ne s’est pas passé aussi mal que ce qu'on craignait), il décide de faire un pas à la frontière de Corée du Nord, ça n’est pas pour faire du tourisme, mais c’est pour faire une image qui rassure les marchés. D’autant que le dirigeant de Corée du Nord joue lui aussi le jeu. Ça l’arrange ! Du coup, l’ancien ennemi juré du présidant américain sera invité à la Maison Blanche dans les prochains mois. Les marchés applaudissent.

La progression des cours de bourse est pour l’Amérique le signe de la vitalité de l’économie américaine et le marqueur d’enrichissement général.

Donald Trump coche toutes les cases pour rassurer le monde du business.

Après avoir menacé d’asphyxier la Chine, il accepte de reprendre les négociations avec Pékin, il suspend le projet de remonter les droits de douane et permet même à Huawei de retravailler aux USA... Alors que cette entreprise incarnait le diable. Sur l’Iran, il permet à Poutine de jouer les médiateurs. En fait, il fait copain-copain avec tout le monde ou presque.

La bourse prend des couleurs comme jamais elle n’en avait pris depuis plus de 20 ans.Le dernier semestre a été spectaculaire.

Il faut dire que coté business, Donald Trump sait aussi bien faire. Après avoir massivement baissé les impôts, il a tout fait pour donner le plus de liberté possible aux entreprises, notamment pour se financer, et quand la Réserve fédérale commence à vouloir remonter les taux d’intérêt, il tape sur la table et la FED se dit que finalement, le relèvement des taux n’est pas si urgent, alors que les patrons américains n’ont pas voté Trump. Ils le trouvaient vulgaire et imprévisible. Ils n’avaient pas tort. Sauf que tout cela était des propos de salon. Quand on sait la liste des invités au mariage de Trump quelques années avant son arrivée à la Maison Blanche, on est obligé de reconnaître qu‘il avait quand même beaucoup d’amis dans tous les pays et sur tout l’échiquier politique. Dès qu’on approche du pouvoir et de l’argent, on passe l’éponge sur la vulgarité. Aujourd’hui, les grands patrons sont toujours aussi discrets, beaucoup continuent de le critiquer en coulisse, mais franchement, aucun ne peut se plaindre de la politique qu’il leur a servie.

L’ensemble des marchés financiers occidentaux ont suivi Wall Street. Alors que la moyenne des indices mondiaux a progressé de 15% au cours des six derniers mois, le CAC40 a pris 17%. La dégringolade de décembre 2018 liée en France à la crise de gilets jaunes a été promptement effacée.

Le moral des chefs d’entreprise français est plutôt bon, coté investissement, emplois, exportation et compétitivité. Les chefs d’entreprises sont satisfaits de la poursuite des réformes structurelles et de la nouvelle gouvernance de l’Europe. Le seul bémol à mettre, concerne le moral des Français qui restent inquiets et nerveux. Et que la consommation ne redémarre pas comme elle le devrait après les tombereaux d’argent qui ont été redistribués en décembre et janvier pour calmer la colère des gilets jaunes. Cet argent, plus de 17 milliards, a été stocké en épargne de précaution pour l’essentiel. C’est évidemment le signe d’une crainte en l’avenir et qu’un jour ou l’autre, on leur reprenne cette épargne sous forme d’impôt. Pas sûr, mais en économie, le ressenti des choses est plus important que leur réalité.

Sur le fond et en dépit du déficit de confiance accordé au président de la République, l’écosystème international aide l’économie française. Dans cet écosystème, l’action de Donald Trump est déterminante. Les Français ont le droit de se méfier de la mondialisation qui a pu leur jouer des tours, ceci dit, ils pourraient reconnaître aussi que cette mondialisation leur rend de précieux services en portant une conjoncture assez dynamique.

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