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Marion Maréchal ou la grande peur des bien-pensants
©BORIS HORVAT / AFP

Au bûcher?

Elle fait ses premiers pas en politique. Et comme elle va très vite, on s'emploie à la faire taire.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La petit fille de Jean-Marie Le Pen, et nièce de Marine Le Pen, a été sollicitée pour participer à l'université d'été du MEDEF. Traditionnellement pour cette occasion, l'organisation patronale reçoit tout le monde: de l'extrême-droite à l'extrême-gauche (y compris les plus insoumis des pourfendeurs du grand capital).

Mais l'invitation faite à Marion Maréchal ne passe pas. Des élus macronistes, également conviés, ont déclaré forfait. Leur refus a été argumenté de la façon la plus banalement monotone qui soit. La coupable, la pécheresse, se situerait à l'opposé des "valeurs républicaines" qui sont les leurs, etc, etc...

Marion Maréchal tient des propos extrêmement durs sur l'immigration et vante l'identité nationale bafouée, selon elle, par l'Union Européenne. Mais, que l'on sache, elle n'a pas appelé à égorger des Arabes et à massacrer des Juifs.

On peut lui être opposé, détester ses idées, mais au nom de quoi la ferait-on taire? Le plus cocasse est un argument invoqué par un député LREM s'étonnant que le MEDEF lui ouvre ses portes: "Elle ne représente rien".  Dans ce cas, pourquoi avoir peur de quelqu'un qui n'est rien?

Marion Maréchal est-elle dangereuse? Sans doute pas, mais est inquiétante. Car avec elle la bête immonde est parée de toute la fraîcheur de la jeunesse.  Son grand-père est passablement défraîchi, sa tante beaucoup moins mais quand même... La droite extrême revêt avec elle un aspect très juvénile qui peut plaire.  

Nous vivons une drôle d'époque où Marion Maréchal entrant dans la salle de fête du MEDEF ferait à peu près le même effet que Brigitte Bardot (jeune) pénétrant nue dans un monastère de bénédictins. Bien au-delà des vierges effarouchées de LREM, il y a en réalité des mouvements qui ont de bonnes raison de se préoccuper de la marche en avant de Marion Maréchal.

En premier lieu, les Républicains. Ils sont en lambeaux, une partie de leurs élus est allée voir si l'herbe était plus verte du côté des Macron, d'autres sont tentés par le Rassemblement National. D'autres encore trouvent séduisantes les idées de la sulfureuse jeune personne.

Une quinzaine d'élus de cette obédience ont déjeuné récemment avec elle dans un restaurant parisien. Ce qui leur a valu un sévère rappel à l'ordre. Marine Le Pen a également du souci à se faire. Elle sait que pour s'approcher du pouvoir, il lui faut réussir l'union des droites françaises. Or, sur son Rassemblement National, pèse une ombre pas très engageante, du Front National, un lourd handicap. Marion Maréchal a sur elle l'avantage, fragile encore, d'être toute neuve...

P.S.: Courageux mais pas téméraire... Aux dernières nouvelles le MEDEF vient d'annuler la présence de Marion Maréchal. Le patronat, bien frileux, a une très curieuse conception de la liberté d'expression.

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