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Benoît Rayski : "Comment et pourquoi les chômeurs sont devenus les "Effacés de la terre"..."
©PASCAL GUYOT / AFP

Invisibles

Pour eux, on a creusé des tombes très profondes afin de ne pas les voir. Benoît Rayski publie "Les effacés de la terre" aux éditions du Cerf. En exclusivité pour Atlantico, il aborde la question du chômage et parle de son nouvel ouvrage.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Atlantico : Vous venez de publier "Les effacés de la terre" (Éditions du Cerf). Il y a déjà eu beaucoup de livres sur le chômage : pourquoi en faire un autre ?

Benoît Rayski : Je n'ai pas fait un livre sur le chômage, mais un livre sur une chômeuse. Pour donner un peu de chair humaine à ce qui est une abstraction. Jamais un chômeur ou une chômeuse n'est interviewé à la télévision. Aucune série télévisée ne les montre. Aucun micro ne se tend vers eux. Ils sont devenus invisibles.

Avec le portrait d'une chômeuse, vous espérez parler de millions de chômeurs ?

Oui, les statistiques ne veulent rien dire. Ou plutôt, elles évacuent toute dimension humaine. Trois millions de chômeurs, quatre millions de chômeurs… Ça ne veut pas dire grand-chose ou plutôt ça enfouit la tragédie d'un chômeur ou d'une chômeuse dans des chiffres auxquels on ne s'intéresse pas. De temps en temps, on nous dit que le chômage augmente. De temps à autre, on nous dit qu'il baisse. On parle de courbes. De chômage de longue durée. De chômage structurel. Où sont les hommes qui souffrent derrière tout ça ?

Et comment avez-vous choisi la personne dont vous faîtes le portrait ?

Eh bien, imaginez-vous que cela a été très difficile. J'ai appelé tous les syndicats pour qu'ils m'aident. Les réponses ont été négatives ou évasives. Et pour cause : les chômeurs ne paient pas les cotisations syndicales, ne font pas de grèves. Un gréviste, c'est intéressant. Pour des raisons électorales, un ministre ou un président ira lui serrer la main. Avez-vous vu des présidents ou des ministres serrer la main d'un chômeur ?

Pouvez-vous expliquer le titre de votre livre "Les effacés de la terre" ? Pourquoi pas "Les damnés de la terre" ?

Les damnés de la terre ont vécu. Ils ont eu des soutiens, des accompagnements. On les a célébrés comme l'avenir de l'humanité. Mais les chômeurs n'existent pas. Ils ne manifestent pas. Ils ne font pas grève. Ils souffrent. Mais leur souffrance n'intéresse personne. Parfois même on les traite de fainéants (Macron). On leur a inculqué la honte d'être chômeur. Et pourtant, ils ne sont pas responsables de la tragédie qui les frappe. Mais comme on leur a dit que c'était de leur faute s'ils n'avaient pas de travail alors ils baissent la tête.

Benoît Rayski, "Les effacés de la terre", publié aux éditions du Cerf. 

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