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Brexit : à J-9, les 4 scénarios impossibles. A croire que le chaos annoncé profite à beaucoup de monde
©Tolga AKMEN / AFP

Atlantico business

Si Theresa May ne réussit pas à convaincre son Parlement sur son deal, le risque de chaos est plus que probable.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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A 9 jours de la date fixée pour le Brexit et à la veille d’un sommet européen exceptionnel à Bruxelles (jeudi et vendredi), Theresa May espère encore convaincre son Parlement d’accepter l’accord qui a été négocié par les membres de l’Union européenne. Il lui manque encore 75 voix à rallier. La semaine dernière, le texte avait été rejeté avec 149 voix d'écart et mi-janvier à 230 voix d'écart.

En attendant, on nage en plein imbroglio politique et constitutionnel puisque le président de la Chambre des communes, John Barcow, a prévenu que le gouvernement ne pouvait pas soumettre au vote des députés la même proposition que celle qui avait été rejetée les semaines précédentes.

C’est absolument interdit par la Constitution britannique et contraire à la démocratie. La situation de Theresa May est donc affreusement compliquée. Les scenarios qu‘elle a à sa disposition ne sont pas légion.

1er scenario, le coup de force. Elle peut tenter de forcer l’interdit constitutionnel et proposer à nouveau son texte aux parlementaires.

2e scenario, elle peut réussir à modifier le contenu de son deal et proposer des modifications qui lui permettraient d’obtenir une majorité mais il lui faudrait dans le même temps avoir l’assurance que l’Union européenne accepte à l’unanimité le nouvel accord. Ce qui est pratiquement impossible à obtenir à l’unanimité. Les modifications possibles ne sont pas très nombreuses.

3e scenario, elle peut donc demander un délai de réflexion assez court qui lui permettrait de préparer très rapidement une transition vers le Brexit dont la date serait repoussée à fin juin, c’est à dire juste avant les élections européennes.

4e scenario, elle peut aussi demander un délai très long, c’est à dire deux ans et plus, ce qui oblige la Grande Bretagne à revenir dans le jeu des élections européennes pour lequel elle ne s’est absolument pas préparée. Beaucoup y voient là une solution honteuse pour abandonner le Brexit.

Alors, ces deux derniers scenarios sont certes envisageables, mais dans l’un comme l’autre, Theresa May n’a aucune assurance sur l’adhésion unanime de l’Union européenne.

La position de l’Union européenne a toujours été claire. Michel Barnier, qui a conduit cette négociation, a obtenu l’unanimité des membres de l’Union européenne sur une position très simple : puisque la Grande Bretagne a voté pour le Brexit, l’Union Européenne ne peut que respecter le vote des Anglais et mettre au point un accord de divorce qui ménage les intérêts des uns et des autres et évite un trop grand désordre.

L‘accord négocié entre Londres et Bruxelles paraissait correspondre à cet objectif. Le deal proposé par Theresa May solde les comptes entre la Grande Bretagne et l’Union européenne et organise la sortie des Anglais des institutions, mais maintient la libre circulation des biens et des services, à condition que ces échanges respectent les normes et les règles européennes.

C’est cet accord-là sur lequel Theresa May n’a pas obtenu de majorité au Parlement. Mais comme cette majorité n’a pas voulu prendre la responsabilité d’un Brexit sans deal en votant contre la semaine dernière, Theresa May se retrouve dans une situation inextricable.

A croire que la perspective d’un Brexit sans deal, un hard Brexit, porteur de désordre important et de difficultés économiques, est souhaité par un certain nombre de Britanniques.

Mais qui peut souhaiter le chaos provoqué par un hard Brexit non préparé ?  Les spéculateurs professionnels de la City, ceux qui rêvent de transformer la Grande Bretagne en un vaste paradis fiscal qui pourrait attirer les capitaux plus ou moins propres du monde entier, c’est possible.

Les riches - et même les hyper riches – qui ont déjà pris leurs précautions et qui se sont expatriés à l’étranger en attendant de revenir, c’est également possible.

Mais les hard Brexiters les plus convaincus appartiennent à des puissances étrangères qui pensent tirer parti d’une déstabilisation de l’Europe. A l’Ouest comme à l‘Est, on connaît les pays qui pensent profiter d’une implosion de l’Union européenne.

C’est la raison pour laquelle le sommet de l’Union européenne de ce jeudi et vendredi sera évidemment crucial. Les pays membres de l’Union européenne de leur côté ont assez peu de marges de manœuvre.

D’un côté, ils savent très bien qu’un Brexit dur va affaiblir l’efficacité du système européen. Mais de l’autre, ils ne peuvent pas accepter un compromis qui permettrait aux Anglais de profiter de tous les avantages d’un  grand marché sans en payer leur quote-part des frais de fonctionnement.  

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