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Samedi jaune... ou rouge ? Les Européens et les milieux d’affaires n’achètent pas un scénario catastrophe mais s’attendent à de profonds changements dans le logiciel français
©JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Business

Les capitales européennes et les milieux financiers estiment que la France va être obligée de changer sa politique économique et sociale, et par conséquent, son approche de l’Union européenne.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les capitales européennes et les milieux d’affaires excluent pour l‘instant un scénario catastrophe qui conduirait à une situation insurrectionnelle et aboutirait à un changement de régime. Ils n’imaginent pas que la France puisse tomber dans le chaos le plus total.

Ceci étant, ils s’attendent évidemment à un ralentissement de l’activité dans la mesure où les systèmes de consommationet de logistique auront été fortement perturbés. Mais au delà de l’effet conjoncturel, ils savent aussi que la politique économique mise en place par Emmanuel Macron à son arrivée sera fortement amendée, pour ne pas dire abandonnée.

En fait, si les milieux d’affaires et les capitales européennes n'achètent pas le scénario catastrophe, ils planchent néanmoins sur un scénario très compliqué et très risqué. Pour la majorité des observateurs, il n’y a guère d’alternative politique évidente, au cas où Emmanuel Macron serait amené à abandonner la partie. Il peut sacrifier son Premier ministre, il pourrait aussi tenter une dissolution de l’Assemblée nationale. Mais les partenaires européens et les milieux d’affaires ne se font pas d’illusion, on entrerait dans ce cas-là dans un moment de désordre difficile à assumer.

La seule solution qui s‘offre à lui va être de changer radicalement de politique économique et même de modèle social.

Il ne peut, pour restaurer un retour au calme, que lâcher énormément les cordons de la bourse jusqu'à ce que les moyens de financement ne le lui permettent plus.

Il va donc être obligé de renier deux articles qui formaient le cœur de sa politique économique.

1erarticle, il va falloir oublier une politique systématique de restauration de la compétitivité-coût. C’est cette option qui pèse sur les salaires et qui rogne le pouvoir d’achat. C’est cette politique initiée par Manuel Valls dans la deuxième partie du quinquennat Hollande, mais accentuée à l’arrivée d’Emmanuel Macron.

Mais il va falloir abandonner le projet de rétablir l’équilibre des dépenses publiques rapidement et abandonner l'ambition de procéder au désendettement du pays. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur le fonctionnement des partenariats en Europe.

2e article, il va falloir intervenir au niveau de l’Europe et obtenir un changement des règles de copropriétés. Les règles de cohabitation au sein de l’Union européenne qu’il faudra changer concernent la politique monétaire dont on pourrait caler les objectifs sur ceux de la Réserve fédérale ou de la Banque centrale du Japon, qui ont pour priorité moins de veiller à l’inflation, qui a naturellement disparu, qu‘à la croissance qu’il faudrait retrouver.

Mécaniquement, il faudra nécessairement traiter la montagne de dettes publiques accumulées en Europe depuis le début de la crise. On peut envisager, et certains banquiers l’ont déjà fait, sérieusement cette hypothèse, d’annuler une grande partie des dettes (les projets portent sur 50%) et de créer des euro-obligations pour refinancer le solde des dettes.

Une mutation de cette ampleur est à l’inverse du modèle que défend depuis la création de l’Euro, l’Allemagne, qui a imposé la nécessité de travailler sur la compétitivité (coût). Sauf que personne ne sait si l’année prochaine, l’Allemagne sera encore en mesure d’imposer ses dogmes. Son industrie a beaucoup souffert en 2018, l’automobile a déjà perdu des parts de marché. Quant à la nécessité d’assumer la transition écologique, l’Allemagne est loin de pouvoir le faire. La conversion du parc automobile mondial à l’électrique ne se fera pas à l’initiative des Allemands. D’abord,  parce que leur industrie est très en retard. Ensuite, parce qu’ils auront du mal, eux-mêmes, à installer un autre modèle dans la mesure où ils ne produisent pas l’énergie électrique nécessaire et qu’ils sont obligés de l’acheter, faute d’équipement nucléaire qu’ils ont abandonné pour des raisons politiques, il y a plus de dix ans maintenant.

Donc l’Allemagne peut être beaucoup plus conciliante.

Cela dit, l’adoption d’un tel modèle de fonctionnement permet à la France de conserver son modèle social. Si l’ensemble de l’Union européenne est au diapason, on peut même penser que les institutions européennes sauront nous protéger des effets collatéraux de la guerre commerciale entre l’Amérique de Trump et la Chine. Certains chefs d’entreprise ajoutent que le marché européen est suffisamment large, avec 250 millions de consommateurs pour créer un modèle de production qui serait équilibré, sans avoir à challenger des conditions coût des pays émergents. Les nouvelles technologies digitales sont évidemment de nature à nous affranchir des contraintes du commerce mondial.

Alors, si la France peut conserver son modèle socio-économique, elle devra changer son mode de financement parce que les marchés internationaux se détourneraient ou appliqueraient des conditions de crédit trop lourdes.

Sur le financement de l’économie, il faudra compter sur l’épargne interne à l’Europe.

Sur le modèle social, il faudra sans doute changer progressivement le mode de financement. Passer d’un modèle de financement obligatoire calculé sur le travail (le tout par des cotisations), qui garantissait une égalité d’accès aux prestations pour tous dans la plus pure logique de la solidarité, à un modèle de financement fondé sur la contribution individuelle géré selon des principes de l’assurance. L'assuré social ayant le choix de ses contrats et de ses prestataires, le tout dans un cadre règlementaire.

Le modèle social n’est pas moins généreux, il est sans doute plus équitable, et surement plus efficace parce que moins couteux. La concurrence introduite dans le secteur des services est un outil de progrès.

Le modèle est à prendre dans l’assurance automobile. L’assurance automobile est obligatoire, on pourrait dire que l’assuré est soumis là à un prélèvement obligatoire mais il a le choix de son prestataire et le choix des risques qu’on lui propose de couvrir. Mieux, le bon conducteur a droit à payer moins (bonus), le mauvais conducteur se retrouve lui à payer plus (malus).

Ce modèle de fonctionnement est tout à fait envisageable dans la couverture des risques santé,chômage ou retraite. Un régime de base universel et obligatoire,des options complémentaires ou à la carte.

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