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Climat, pollution, violence : les marches se suivent et ne produisent aucun résultat
©PIERRE VERDY / AFP

Réchauffement climatique

Ce dimanche, les Français se retrouvaient de nouveau dans les rues pour de nouvelles marches pour le climat dans un contexte de catastrophisme permanent.

Hash H16

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H16 tient le blog Hashtable.

Il tient à son anonymat. Tout juste sait-on, qu'à 37 ans, cet informaticien à l'humour acerbe habite en Belgique et travaille pour "une grosse boutique qui produit, gère et manipule beaucoup, beaucoup de documents".

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Il fait beau en ce mois d’octobre. C’est louche. Il fait chaud, trop sans doute pour que tout ceci se termine bien. Pétri par l’angoisse, votre dimanche, qui aurait dû être placé sous l’auspice d’un pique-nique en famille, sera donc consacré à la lutte contre le temps agréable et les températures clémentes. Et pour affirmer cette lutte, quoi de plus efficace qu’aller s’agglutiner dans une foule d’anonymes pancartés ?
Ce dimanche encore, une nouvelle marche était donc organisée contre la pollution, le CO2, le réchauffement climatique et cet été indien scandaleusement agréable qui empêche de pleurer sereinement sur un avenir qu’on imagine forcément catastrophique.
Aussi concrètement qu’une marche puisse l’être, cela s’est donc traduit par une centaine de milliers de personnes (selon les organisateurs) encombrant les rues de différentes villes de France, à commencer par la capitale, ce qui n’a d’ailleurs pas manqué d’organiser… des embarras de circulation, avec tout ce que cela veut dire de bouchons automobiles, de pollution atmosphérique et d’abominable CO2 rejeté dans l’air par toutes ces affreuses voitures.
Cette marche n’était pas la première. On se rappelle qu’en septembre déjà, le même motif (un mois de septembre bien trop doux) avait déclenché la même envie de s’agglomérer grégairement dans les rues. Pas plus tard que le dimanche précédent, c’était une marche contre les violences faites aux femmes qui était organisée.
Quant aux prochains dimanches, ils sont déjà bien remplis. Notons la prochaine marche contre les violences sexuelles qui aura lieu en Novembre et se veut déjà « géante ». Avec un peu de bol, le temps sera encore clément, à moins que le dérèglement climatique ait repris le dessus et agonise les participants de copieuses giboulées dans un vent violent et glacial, auquel cas une nouvelle marche de lutte contre le mauvais temps sera probablement organisée dans la foulée.
Qu’on se le dise, l’époque est décidément aux marches.
Depuis le président, son gouvernement jusqu’aux députés, en passant par toutes les rues, avenues et boulevards possibles, sur les thèmes les plus variés, on trottine, on déambule, on défile, on se promène et on fait œuvre de péripatétisme aussi ostentatoire que possible. Et il semble qu’on doive ainsi se déplacer avec la même fougue, la même détermination et la même absence de direction que le gouvernement et le président qui semblent avoir décidément fait tomber le pays en marche.
En effet, on ne pourra s’empêcher de s’interroger : on marche, certes, on s’affiche ainsi dans le mouvement, mais à quoi bon ? Pourquoi diable vouloir à tout prix trotter par monts et par vaux pour démontrer qu’on est bel et bien contre les violences, contre la pollution ou contre l’une ou l’autre phobie du moment ?
Sérieusement, qui aurait la bêtise d’organiser une marche pour les violences sexuelles ou faites au femmes, pour la pollution, pour l’homophobie ou que sais-je ?
Sauf à faire preuve d’une capacité d’analyse minuscule, qui peut prétendre que ceux qui ne participent pas à ces marches sont contre elles ? Et a contrario, qu’espèrent vraiment obtenir ceux qui y participent, mis à part l’affichage médiatique de leur présence dans une vertuoparade exagérée ? À part s’auto-congratuler, à quoi servent ces marches ?
Certes, on ne peut écarter le côté sociétal de l’affaire : la société festiviste de l’écocitoyen frétillant, toute en humanisme d’affichage, a besoin de ces processions quasi-religieuses qui visent à créer du rassemblement, du lien-social où l’on se rencontre entre gens qui le peuvent. On expliquera ainsi sans mal qu’à la suite des attentats terroristes à Paris (notamment ceux de Charlie Hebdo), de gros paquets de gens s’étaient vite vite retrouvés pour se serrer les uns contre les autres afin d’offrir une cible plus dodue pour de prochains terroristes et, surtout, pour communier dans un bel ensemble d’individus tristes. L’impact, en terme de sécurité, de lutte anti-terroriste ou même de pragmatisme policier fut absolument nul, et donna surtout l’occasion à l’habituelle tripotée de branleurs politiciens de se faire mousser.
Certes, on ne peut oublier que l’homme est un mammifère qui a un fort besoin de vivre en groupe et qui à l’occasion ne dédaigne pas croiser ses effluves corporelles sur un motif plus ou moins symbolique, que ce soit à la faveur d’un transport en commun ou dans ce genre de marches.
Cependant, force est de constater qu’à côté de ces marches, contrastent violemment les rassemblements plus ou moins heureux aux odeurs de saucisse que la gréviculture française nous offre assez régulièrement : si leur impact dans la vie politique ou économique du pays est très variable, on ne peut pas nier que, de temps en temps, ces manifestations-là aboutissent effectivement à infléchir la marche des gouvernements.
Pour les « marches » à la mode, aux sujets vagues et sans levier opérationnel concret et actionnable, il n’en est rien : les violences ne changent guère, les phobies continuent (se multiplient et s’intersectionnent même goulûment), le climat semble se foutre comme d’une guigne de ce genre de démonstrations rigolotes ; quant aux terroristes, je ne serais pas surpris d’apprendre qu’ils attendent avec gourmandise la prochaine marche pour s’y glisser et faire un carnage.
En revanche, ces marches ont un énorme impact pour les ONG et autres associations lucratives sans but qui les organisent.
Non seulement, elles permettent leur exposition médiatique ce qui se traduit généralement par une augmentation si ce n’est des adhésions, au moins des dons et autres subventions en provenance directe de la poche des contribuables, mais en plus l’organisation de ces happenings citoyens conscientisés et bruyants permet de justifier leur existence même, dans une boucle d’auto-justification quasi magique : les subventions versées permettent d’en récolter encore plus !
Et quand ces marches ne permettent pas le mouvement quasi-perpétuel sur fonds citoyens, elles donnent à certains l’occasion de vibrants papiers piposophiques d’envolée magistrale dans l’une ou l’autre épave journalistique que ces fonds citoyens autorisent encore trop souvent.
À ce petit jeu, les habitués de la politique spectacle n’ont pas perdu de temps, ce qui explique que ces marches soient régulièrement le théâtre d’expression populaire (populiste) de nos plus beaux représentants, depuis Anne Hidalgo qui ne rate jamais une occasion de défiler derrière une banderole au lieu de régler de vrais problèmes municipaux (surtout à l’approche d’élections municipales) jusqu’à Alain Juppé dont l’absence de toute colonne vertébrale lui permet de s’adapter à toute circonstance, tout contenant et tout volume (spectacle régulier, entrée 10€, tarif pour les enfants et les groupes).
Doit-on en déduire que ces marches ne servent qu’à alimenter la chronique et occuper le citoyen en le baladant, physiquement et intellectuellement ?
Bien sûr que oui.

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