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Toutes les questions à se poser avant d’envisager un jeûne intermittent
©Pixabay

Pratiques alimentaires

On sait aujourd'hui qu'un jeûne intermittent peut avoir de nombreux bénéfices pour la santé notamment la perte de poids.

Jean-Daniel Lalau

Jean-Daniel Lalau

Jean-Daniel Lalau est médecin, professeur de nutrition au CHU d'Amiens, docteur en sciences et en philosophie.

Il est l'auteur des livres En finir avec les régimes (éditions François Bourin) et Hospitalité - Je crie ton nom (éditions Chronique sociale). 

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Atlantico : Pour autant, est-ce que les gens sont suffisamment informés lorsqu'ils décident d'en commencer un ? 

Jean-Daniel Lalau : Suffisamment informés ? Je n’ai pas fait d’enquête à ce sujet, je n’en ai pas vu non plus ; mais je pense quand même pouvoir vous répondre que non. J’imagine mal que le public soit bien informé de la chose. Pour une raison importante : je ne pense pas que l’on ait (bien) informé sur le distinguo à faire absolument entre l’absolu et le relatif. Qu’est-ce à dire ? C’est-à-dire qu’il faut absolument faire la différence entre l’intérêt – possiblement – du jeûne en soi, quel que soit notre mode alimentaire, et même s’il est satisfaisant ; et l’intérêt de ce jeûne relativement à un mode alimentaire souvent insatisfaisant.

Quels sont les effets du jeûne sur la santé tant au niveau de l'énergie que notre capacité à faire de l'exercice ?

Je ne sais pas si ma conception va évoluer un jour mais pour l’heure je vois surtout, ou même seulement, l’intérêt d’un « régime détox ». Ce qui veut dire que ce régime n’aurait d’intérêt que si notre alimentation est déséquilibrée. Or, il est vrai que nous mangeons souvent beaucoup et mal à la fois, avec en particulier la problématique d’un accès aux calories issues des aliments ultratransformés facilité aujourd’hui par un marketing agressif. Si tel est le cas, alors ce « régime détox » a un intérêt. Mais si l’alimentation est de type méditerranéen, avec une sous-représentation des aliments riches en graisses, en sucres, et en sel (certaines viandes, des plats cuisinés, etc.) et une forte représentation en revanche de céréales, de légumes préparés à l’huile d’olive, des fruits, des légumes secs et des fruits secs, etc. ; alors, j’ai du mal à voir l’intérêt d’un tel régime. 
Quant à l’exercice physique, j’ai l’habitude de demander en consultation : « Vous êtes venu(e) en voiture ? », d’un air de dire : « elle vient d’où, l’énergie (requise pour l’activité physique), si vous faites l’impasse sur les féculents ? ». Ce à quoi on pourrait rétorquer : oui, mais on connaît telle peuplade qui sillonne la cordillère des Andes au froid, pratique qui demande un apport énergétique considérable, et qui pourtant ne prend qu’un seul repas par jour : ce sont bien des adeptes du jeûne intermittent ! Il est vrai, mais je pourrais aussi rétorquer en retour : oui, mais c’est un mode de vie inscrit dans la durée, avec un métabolisme qui s’est adapté au fil du temps ; tandis que si vous devenez adepte du jeûne intermittent du jour au lendemain, et que vous vous retrouvez mal pris à lutter contre des vagues qui vous éloignent du rivage… (à cette plage, vous vous êtes rendu(e) en voiture ? et il y avait de l’essence ?...).

Quel impact peut avoir le jeûne sur la digestion ?

L’impact est évident quand l’alimentation est riche, notamment en lipides : l’absorption des nutriments a un coût énergétique, elle augmente le débit cardiaque de façon significative, ce qui n’est pas bon pour la vigilance dans le travail dans les heures qui suivent. L’époque où on prônait un « déjeuner de roi » après déjà un « petit-déjeuner de prince », mais parce qu’on faisait la sieste l’après-midi et que le soir devait, lui, être un « repas de pauvre » ; ce temps-là est caduc aujourd’hui. Le dîner est même devenu plus copieux que le déjeuner. Mais il ne faut pas confondre « copieux » (volumineux) et « riche » ! Il n’est pas pertinent, par exemple, de manger une grosse part de tartiflette juste avant de se coucher. 
Enfin, permettez-moi de dire pour conclure que je vois aussi un phénomène de mode. Et ce qu’il y a bien avec la mode, c’est que ça se démode. Mais il est vrai aussi : jusqu’à la prochaine (mode)…

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