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Renouvellement d’un bail. 2kg de documents. La folie normative française tue l’entreprise et l’environnement.
©IAN LANGSDON / POOL / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

"La norme nous pourrit la vie, asphyxie nos entreprises, sans lui offrir aux bénéficiaires le moindre avantage. La norme ne prouve qu’une seule chose, c’est qu’un pays sur-normé, est un pays qui n’a pas confiance en ses citoyens".

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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2kg. Une entorse au poignet. Un morceau de forêt amazonienne en moins. Un fardeau pour la Poste, en plus. Une hérésie totale. De quoi parlons nous ? De ce fléau français du quotidien, de cette mort étouffante due à l’excès de normes, de cette atteinte à la liberté qu’elle prétend protéger, de cette obsession du législateur à provoquer la suffocation par obéissance au principe de précaution. De la bêtise, tout simplement. Et dont l’une des milliers de manifestation est le bail que je devais remplir et envoyer ce matin. 

Lorsque j’ai sorti, après un échauffement digne de la préparation à une séance de musculation, le pavé qui encombrait mon bureau depuis plusieurs jours, je pensais qu’il s’agissait d’une erreur. Ou simplement, que l’expéditeur m’avait envoyé à titre amical une bible ou un ancien exemplaire du catalogue des 3 Suisses, par amitié et nostalgie. Ou bien qu’un guide quelconque, de nature juridique, accompagnait, à titre informatif, ce petit bail, qui une fois découvert, offrait à moi un document de moins de 5 pages. Alors comment ces 5 petites pages, pouvaient elles peser plus de 2kg ??? Voilà, en exclusivité, l’explication à ce mystère, qui défie la logique et insulte l’intelligence. 
L’explication est simple. Pour un bail de 5 pages qui viendrait bien à vous seul, la loi Européenne, abondée plus que largement par la Loi Française, qui aime faire toujours plus blanc, a prévu quelques petits ajouts. Pour un poids total, puisqu’il en faut 2 exemplaires, de près de 2kg. On aurait pu croire que cette stupidité était un moyen de permettre à la Poste de compenser la perte de chiffre d’affaire liée à la dématérialisation de nos échanges depuis le mail !! Mais non, même pas !!
Non, l’explication, c’est que l’on a voulu donner à ce bail une famille nombreuse, une famille constituée de documents illisibles, incompréhensibles, que chacun s’empresse de parapher et signer pour s’en débarrasser, sans lui accorder la moindre attention, lui ôtant ainsi, toute utilité.  La famille nombreuse comporte cette liste (non exhaustive) :
Un bilan énergétique.
Un bilan plomb
Un bilan amiante
Un bilan électrique…
Des documents de 10 à 65 pages (eh oui) que seul un expert peut comprendre en détail, qui n’apporte rien et ne protège de rien, sauf pour les 1% de la population, qui, très désoeuvrée le dimanche, se prendrait d’une passion soudaine pour la lecture de ce document et solliciterait Qwant, notre moteur de recherche Français, pour traduire dans un français compréhensible, l’ensemble de ces documents, termes, mesures, totalement obscurs pour le commun des mortels.
En 2018, on aurait pu imaginer que la dématérialisation aurait été l’accessoire logique, de ce délire technocratique, et que pour imposer cette stupidité administrative, on en aurait au moins diminué la douleur et l’affront à l’environnement, que constitue la signature des centaines de milliers de baux signés en France, chaque année. Des tonnes de papier, gâchés stupidement, par une technocratie pour qui le principe de précaution, l’emporte sur le principe d’intelligence.
Pas un technocrate ou un député ayant voté cette Loi, un Ministre peut-être, responsable de l’avoir proposé, pour avoir assortit ces normes, d’une dématérialisation obligatoire. Cette dernière aurait été, accessoirement, le point de départ d’une digitalisation sur laquelle nos entreprises françaises (sans parler de l’Etat ou les collectivités) sont en retard d’un demi siècle. Pas un technocrate pour penser, que l’on aurait pu se contenter d’une page, qui indiquait simplement le résultat de type :
Amiante ? Oui ? Non ? Conséquence ? Electrique. Aux normes ? Oui, non ? Conséquence ? Etc. Cela aurait été trop simple, car la Loi doit offrir, selon eux, l’apparence de la complexité et l’alibi de la transparence. Un document, aussi complet soit-il, si il est complexe, technique et donc incompréhensible, ne sera plus transparent, parce qu’il est exhaustif.
La norme nous pourrit la vie, asphyxie nos entreprises, sans lui offrir aux bénéficiaires le moindre avantage. La norme ne prouve qu’une seule chose, c’est qu’un pays sur-normé, est un pays qui n’a pas confiance en ses citoyens. Ses entreprises en premier lieu. L’entreprise, selon ces rats de dossier,  est une machine à duper le peuple, à tenter de le maintenir dans le mensonge et l’opacité, un reproche que bien entendu, nous ne pouvons pas faire aux politiques !!! Pourtant l’entreprise, reste assez idiote, pour continuer à payer des impôts destinés à payer le salaire de ses propres tortionnaires. Syndrome de Stockholm ?
Par delà de cette hérésie, c’est aussi la question de la dématérialisation qui se pose à la France. Car le bailleur devrait proposer une solution dématérialisée. Totalement.  Je signe aux USA et ailleurs, toutes les semaines, des documents sur des outils comme DocuSign, d’une haute importance, à distance, sans rien enlever à la sécurité des transactions que je réalise. Jean Marc Vittori, dans les Echos, rappelait que faute d’embarquer l’aventure de la dématérialisation, les PME françaises, ne pourraient même plus travailler avec les grands groupes. Ce sujet semble moins inquiéter que celui qui aboutit à toujours plus de normes, toujours plus de complexité, sans bénéfice pour qui que ce soit.
J’aimerais, je rêve, que nous puissions boycotter ces règles stupides, refuser de les signer tant qu’elles ne réussiront pas à prouver qu’elles répondent à 3 conditions majeures. La simplification. La synthétisation. La dématérialisation. Un siècle digital qui échappe à la France, et glisse entre les doigts gourds et malhabiles d’une technocratie que nous devrions désintégrer, ou dématérialiser.

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