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La France tueuse du numérique. L’avenir zéro est en route !
©BERTRAND GUAY / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

La nouvelle mesure fiscale du gouvernement va nuire à la naissance d'une économie numérique en France.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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La France s’apprête à prendre une mesure dont elle a le secret. Une mesure fiscale qui semble utile pour des finances publiques qui se dégradent, du fait d’une croissance plus molle que prévue et peu créatrice d’emplois, mais qui sera déplorable pour la naissance timide d’une économie numérique en France. La France ennemie du digital et du peuple, un cocktail qui alimentera les populistes le moment venu.

Darmanin va défendre une mesure qui obligerait les plateformes à « dénoncer », comme en période de guerre, les « professionnels » qui réaliseraient plus de 1000euros de vente par an. Imaginez vous, mettant sur internet un objet de 90 euros par mois. Cela fait de vous un « professionnel », un capitaine d’industrie qui essaie de faire passer cette somme effectivement monstrueuse, en dehors des bienfaits de la politique fiscale française. Politique qui considère par ailleurs normale, que 20% des français paient 80% des impôts encaissés et que 50% des foyers fiscaux échappent à l’impôt, en gagnant parfois, allocations incluses, plus de 4000 euros par mois. Mais 1000euros, c’est intolérable, on ne pouvait laisser passer cela en dehors des griffes du fisc.
Désormais, celui qui remet en vente le cadeau de Noël neuf de sa mamie préférée, certes, mais assez décalé par rapport à ses goûts personnels, sans la vexer, devra passer à la caisse. Le fisc se paie désormais sur vos cadeaux de Noël. Terrifiant non ? Vous et moi, pensions qu’un professionnel, c’était quelqu’un qui pouvait vivre d’une activité. Le fisc armé d’un gouvernement que je pensais plus éclairé, ou l’inverse, a décidé qu’à partir de 90euros par mois, vous étiez un empire et qu’il fallait taxer cet empire là.
Nous allons donc, au moment où chacun voit la menace d’une croissance molle sans emploi, où chacun voit la menace des populistes, qui grimpe chaque jour dans le monde, et en Europe en particulier, nous acharner à priver un tas de « petites gens », qui cherchent à « caser » sur internet, de temps en temps, un bien neuf ou d’occasion, qui pourrait débarrasser leur grenier et renflouer leur porte monnaie, ne serait-ce que de quelques euros. A un moment, où nous devrions donner le signal aux plus pauvres et fragiles, qu’ils peuvent accroître leurs revenus, que ce n’est pas grave, que la consommation en profitera, que l’avenir a encore quelques couleurs et la liberté encore un peu d’espace, ce qui contribuerait à les rassurer sur leur sort et éviterait la tentation populiste, le gouvernement fait le choix du fisc comme outil de fausse justice sociale.
Nous allons, au moment où il faudrait se lever, se doter d’une politique Européenne du numérique, chercher à créer des champions, vider les espoirs des français de vendre un peu sur internet, paupériser nos champions naissants (le bon coin, price minister et d’autres), pénaliser le numérique en lui ajoutant, encore, une obligation. Organiser le revenu à la source, dénoncer les « professionnels ». Chaque jour le gouvernement, les gouvernements, allongent la liste des fonctions déportées sur les entreprises pour mieux les tuer.
Nous sommes un petit état au niveau numérique, nous serons dans un sale état au niveau digital. Nous sommes une petite économie mondiale, notre seule source de rebond, l’économie nouvelle, l’air frais de la croissance, est tué et étouffé dans l’œuf, cet œuf qui caractérise la forme du crâne de nos énarques, aveugles et de nos ministres incompétents et  sourds au monde qui se bâtît sans nous, en Chine et aux USA. Les USA pensent, de temps à autre, à démanteler, séparer, des géants trop puissants (les GAFAM). C’est un problème de riche. Mais ne le font pas. On ne tue pas une économie qui croît de 30 à 40% par an. Nous, nous voulons décapiter des nains trop pauvres. Nous pratiquons une politique de riches, à une armée de gueux. Nous resterons des nains dans ce jardin numérique. J’étouffe de rage devant tant de bêtise, une bêtise que la présence de Mounir Majoubi, qui connaît cette économie, aurait dû pouvoir éviter.
Je reste pantois. Amorphe. Scandalisé. La bêtise en politique, est décidément en Marche. Je ne l’aurais jamais cru d’un gouvernement qui me semblait professionnel et connecté. La machine à perdre garde ses habitudes.

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