Pourquoi la Cour des Comptes met en doute l’optimisme d’Emmanuel Macron<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Pourquoi la Cour des Comptes met en doute l’optimisme d’Emmanuel Macron
©LUDOVIC MARIN / AFP

Edito

La Cour des Comptes vient de lancer dans son rapport annuel un avertissement au chef de l’Etat sur la conduite des finances du pays.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

Voir la bio »

A la veille des grandes vacances d’été, le bel ordonnancement des planètes qui s’était mis en place avec l’élection d’Emmanuel Macron parait déjà appartenir au passé en raison des multiples dérèglements qui sont apparus depuis quelques mois. La nouvelle politique économique de Donald Trump a mis le feu aux poudres en précipitant le monde dans une guerre commerciale dont les conséquences risquent de s’avérer redoutables. L’émergence des populismes engendrés par la vague de migrations qui secoue une partie de la planète conduit de nombreux pays à un repli sur soi suicidaire à terme pour les échanges. Dans ce nouveau contexte, l’Europe est désemparée et étale ses divergences. L’accord en trompe l’œil sur l’accueil des migrants obtenu dans la nuit de jeudi ne fait pas illusion. Car le socle représenté par le tandem franco-allemand parait désormais brisé. Longtemps, l’Allemagne était apparue comme le modèle européen auquel l’on tentait de s’approcher en raison de ses performances exceptionnelles marquées par un quasi plein emploi, un excédent commercial record, des finances au zénith. En ouvrant le pays à l’immigration en 2015, Angela Merkel avait mis sans s’en douter le ver dans le fruit en suscitant une montée spectaculaire de l’extrême droite qui a mis en péril son gouvernement de coalition. L’attitude de Donald Trump a fait le reste, en mettant en lumière la fragilité créée par la dépendance du pays à une industrie automobile surpuissante, au moment où l’on prend conscience que la République fédérale a raté sa révolution numérique.  Comble de malchance pour la chancelière : l’éviction de la coupe du monde de football dans des conditions humiliantes représente aux yeux des populations de la planète un symbole capital qui témoigne que le pays est tombé de son piédestal, alors que la France poursuivait pour l’instant sa marche dans la compétition.  Ainsi, aujourd’hui, dans le concert des nations, la France apparait dans une position plus solide : elle n’est plus à la remorque de son principal partenaire, mais sa situation n’est pas encore suffisante pour compenser la perte de vitesse de son principal partenaire.

Car la Cour des Comptes vient de lancer dans son rapport annuel un avertissement au chef de l’Etat sur la conduite des finances du pays. Certes, elle fait preuve de modération dans son jugement sur l’année en cours, alors qu’elle avait littéralement étrillé François Hollande dans son rapport précédent, en considérant que les objectifs fixés pour 2018 ont une grande chance d’être réalisés. En revanche, elle se montre plus sévère sur la suite du programme. Elle estime en effet que le budget 2019 sera particulièrement difficile à boucler en raison des dépenses nouvelles qui sont déjà inscrites, alors que le plus grand flou demeure sur les économies qui doivent être réalisées, alors même que l’on prévoit un ralentissement du dynamisme de la croissance. L’Etat se trouve devant une montagne de dépenses sociales à financer, alors qu’il devrait renvoyer aux ménages et aux collectivités locales une  partie de la protection  sociale comme cela se fait dans la plupart des grands pays. Il va tenter de se délester d’une partie du fardeau, mais il va se heurter à un tir de barrage des syndicats et autres lobbies résolument  déterminés à maintenir le statu quo. Ce qui se traduira par une remontée des déficits et une réduction des investissements pour laisser place aux traditionnelles dépenses courantes. On risque ainsi de retomber dans les travers que le Président de la République dénonçait avec tant de vigueur, face au  mur des réformes indispensables que l’on ne parvient pas à briser.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !