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Erdogan le dictateur, ses zélotes et ces "5èmes colonnes" qui s’installent en France
©ADEM ALTAN / AFP

Turquie

Au Pontet dans le Vaucluse, des militants turcs pro-Erdogan ont exigé le retrait de la couverture de l'hebdomadaire "Le Point" affichée en devanture. Sur cette Une, le président Recep Tayyip Erdogan y est qualifié de "dictateur".

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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La Une du magazine Le Point a suscité la colère des militants pro-Erdogan qui ont fait retirer une affiche de l'hebdomadaire au Pontet et à Valence.  Comment expliquer cette véhémence contre l'hebdomadaire ?

Alexandre Del Valle : Le Point a qualifié Erdogan de dictateur et l'éditorial de de Franz-Olivier Giesbert ont déclenché cette réaction inadmissible. Toute la rhétorique de l'islamisme d'Erdogan, pour justifier sa haine de l'Occident des Kurdes et sa haine de l'Europe de plus en plus vive est de systématiquement traiter ses adversaires de nazis. Selon ses déclarations, l'Autriche serait nazie, Angela Merkel une adepte du IIIe Reich… Et donc ça le vexe quand on lui rappelle qu'il est lui-même ce qu'il entend dénoncer chez les autres. La stratégie des islamistes est de toujours se faire passer pour des victimes, même lorsqu'ils agressent.

Pendant longtemps on a présenté Erdogan comme un grand démocrate et manifestement, la Une du Point le confirme, les masques sont tombés et la stratégie victimaire ne prend plus.

Il est intéressant de noter que cet événement arrive juste après la tenue de son discours en Bosnie où il appelait les Turques à se lever, à être plus offensif et à s'engager politiquement. Je pense que ses partisans ont pris les consignes du sultan à la lettre. Peu étonnant considérant son niveau de popularité au sein de la diaspora. 

 Doit-on considérer l'événement comme un simple épiphénomène ou démontre-t-il l'implantation en profondeur sur notre sol d'intérêts anti-français ou pro puissance étrangère ?

Clairement cet événement ne doit pas être considéré comme un épiphénomène. Des puissances étrangères sur notre sol il y en a beaucoup mais dans les puissances étrangères hostiles on doit compter en premier sur les milieux turcs islamo-nationalistes. Ce sont des associations, des milieux religieux, des partis politiques qui ne se répandent pas uniquement en France mais dans toute l'Europe comme le PEJ (Parti égalité et justice à ranger chez les islamo-conservateurs).

En dehors des Turques il y a évidemment les frères musulmans très hostiles à nos valeurs et très efficaces. L'alliance avec l'extrême gauche démontre d'ailleurs cette efficacité. On peut aussi rajouter les monarchies du Golfe comme le Qatar et l'Arabie Saoudite (à l'exception des Émirats Arabes Unis) qui depuis des années sont les financeurs des organisations islamistes comme à travers la Ligue islamique mondiale.

Évidemment c'est sans parler des djihadistes sur notre sol qui eux sont encore une réalité terroriste différente. Ces pôles institutionnels qui ont pignon sur rue œuvrent à saper les fondements de nos valeurs.

Certains antisionistes rajouteraient des milieux pro-israéliens et certains antirusses dénonceraient les supporters de Poutine mais à mon sens, la vraie menace pour nos valeurs et sur notre sol sont celles citées précédemment. Ceux-là sont implantés en profondeur dans nos pays et l'épisode de la Une du Point n'est qu'une confirmation de plus.

Comment réagir face à ces phénomènes ? Quelle serait la solution ?

Normalement l'État ne devrait pas permettre que l'on puisse saccager des kiosques publics au nom d'un communautarisme ou pour défendre un chef d'État étranger qui pourtant menace régulièrement la France ou l'Allemagne. On a vu des scènes choquantes où des gens pouvaient librement arracher des affiches sans qu'il n'y ait de réaction.

La réaction d'un État souverain devrait être extrêmement ferme envers toute puissance étrangère qui incite des citoyens à s'en prendre à des édifices ou des personnes. La France devrait être impitoyable avec tous ces mouvements qui essayent de saper les valeurs de la République.

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