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Interdisons aux banques de faire du passé la condition de l’avenir
©DAMIEN MEYER / AFP

Les entrepreneurs parlent aux Français

Aidons-les également en lançant un mouvement de désobéissance à Solvency.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Un ami entrepreneur vient m’aborder lors de la semaine du numérique du Medef en début de semaine. C’est pour moi, l’un de ces héros des temps modernes. Non seulement il entreprend sans relâche, mais de plus, il le fait dans le domaine de la presse. Un domaine que l’on annonce, chaque année, comme appartenant désormais à l’histoire de l’humanité, un secteur moribond, avec si peu d’avenir que l’on peut douter qu’il ait même eu un passé. Lorsque vous présentez un dossier qui s’apparente de près ou de loin à cette activité, cela déclenche l’hilarité générale (le pauvre garçon il a perdu la tête !!) certains défaillent, voire s’enfuient à la simple évocation du mot « Presse ».

C’est ce qu’on appelle le « moutonnisme sémantique ». On investit dans tout ce qui porte un nom à la mode, même si le modèle est bidon, et on fuit proportionnellement, gousse d’aïl à la main, face aux autres.

Pour revenir à mon entrepreneur, comme tant d’autres, il a compris que la presse laissait encore des pans entiers à couvrir, avec de nouveaux modèles économiques, notamment sur les secteurs spécialisés, mal couverts par la presse traditionnelle, qui correspondent à un monde en toujours plus grande spécialisation, qui cherche les infos et réseaux qui correspondent à sa spécialité. Entre évènementiel, réseau et information, ces nouveaux créneaux prospèrent, contrairement à ce que pensent (pensent ils ? non ils se positionnent !!) les investisseurs du signe du mouton suiveur. Et ils sont TRES profitables. Ceux qui m’entourent et ont fait ce pari, affichent des taux de rentabilité et de croissance à 2 chiffres, bien loin devant les modèles à la mode, qui ferment dans 11 cas sur 12.

Cet entrepreneur et moi échangions donc, et il m’indique qu’il cherche des fonds pour financer une croissance plus forte encore que prévue. Il a une garantie à 70% de la BPI, un apport en fonds propres, bref le dossier de rêve. Il apporte aux banques un dossier couvert dans son risque et qui demande à la banque, en gros, de financer 20% de la somme. Vous imaginez l’absence de difficulté que représente, dans un monde normal, ce type de prêt. 100K ! Le prix d’une grosse voiture. Eh bien détrompez-vous. La réponse est : NON ! Pourquoi ? Car ce garçon a eu l’outrecuidance de ne pas réussir du premier coup et a fait l’objet d’un redressement judiciaire, en ………… 2007. Il y a 11 ans !!!

On imaginait bêtement qu’un semi échec, ponctué de ce que le droit et même la morale, appellent un « acte de gestion » normal, devrait être salué. En effet, le redressement, que la plupart des chefs d’entreprises excluent souvent trop longtemps, pour finalement être liquidés, faute de s’être mis à l’abri à temps et de préparer un plan de reprise, est, oui, un acte normal et sain de gestion.

Pourtant, la banque se base sur cet état de fait pour lui refuser son prêt. Son passé lointain pèse plus lourd que la qualité manifeste de sa gestion actuelle, qui prouve, par la recherche de financement pour accélérer encore la croissance, ses qualités de chef d’entreprise. Lamentable. Incroyable. Pitoyable. Edifiant. Vous avez échoué une fois, vous échouerez toujours !!! L’échec est une fatalité, une histoire écrite et votre avenir vous condamne au chômage ou à l’exclusion si vous avez connu un premier échec.

Après les Pigeons, et lors des assises de l’entrepreneuriat nous avions milité et obtenu, de faire disparaître la cote Banque de France, afin d’enlever toute trace de ce qui était devenu le tatouage honteux, de celui qui avait connu un « RJ ».

Mal nous en a pris, vu l’acharnement des banques à excaver le passé, pour s’excuser de ne pas embrasser l’avenir. Alors, nous allons proposer au gouvernement d’exclure l’accès au fichier des RJ lors du montage d’un dossier de financement bancaire. Au delà de 3 ou 5 ans, le fichier devrait être inaccessible (sauf condamnation pénale), et toute mention du passé pour punir l’avenir devra se retourner contre la banque. De la même façon que dans le cas d’un refus d’ouverture de compte de particuliers, après 3 refus, la banque est contrainte par la BDF, d’ouvrir ledit compte.

Si il faut en passer par là, nous le ferons. Sans hésitation. L’avenir de notre pays dépend des PME et des entrepreneurs, seuls créateurs, net, d’emplois, dans tous les pays occidentaux. Laisser les banques nous priver de l’oxygène nécessaire à notre économie et à son avenir, est criminel.

Au passage, et à la décharge des banques, nous avons proposé également au Ministre Bruno Lemaire et à sa Secrétaire d’Etat, Delphine Genty-Stéphan, de s’engager dans la remise en cause de Solvency, cette convention internationale assassine, tueuse de PME, qui exige des banques plus de capitaux propres quand elle prête à une PME !!! Facteur de risque !! Les PME, poumons des pays occidentaux seraient un facteur de risque plus important que des grands groupes, qui sont en cours de dépeçage par les champions mondiaux du digital !! A mourir de honte.

En conclusion, aidons les banques à aider l’économie française. A lui donner l’oxygène dont elles sont besoin, y compris par le passage à 30 jours des délais de paiement. Nous pourrons ainsi nourrir nos champions, qui passé la petite envolée de croissance des 3 prochaines années, seront bien nécessaires à la croissance molle de nos économies Européennes.

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