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Nous serons tous des Chinois électriques en 2020
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

La Chine retisse inlassablement la route de la soie et va dominer le commerce mondial, sans compétition et grâce à l’abandon des zones d’influences que Obama avait commencé à abandonner et que Trump anéantit définitivement.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Homéric de Sarthe

Homéric de Sarthe

Homéric de Sarthe est passionné par la Chine où il a vécu sept ans. Il parle couramment mandarin et travaille dans les nouvelles technologies. Diplômé de l’université Fudan de Shanghai et d’un Master en Affaires Internationales de l’ICD, Homéric de Sarthe a accompagné des sociétés chinoises dans leur implantation en France et rejoint BEAR, Startup dans la réalité augmentée.

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Dans tous les domaines, ceux qui en parlent le plus ne sont pas ceux qui font ni le mieux, ni le plus. La parole entraîne la curiosité, l’action permet la conquête. Au final, celui qui a fait en silence l’emporte toujours sur celui qui a beaucoup parlé, mais peut fait. C’est la Fontaine, toujours. La fable du lapin et de la tortue, 4 siècles après reste toujours aussi valide et pertinente. C’est le cas pour la Chine. Tesla parle. La Chine fait. On en finirait par préférer un Etat dirigiste au libéral capitaliste. Un comble, quand le but est la domination du monde consumériste. Et pourtant, à l’heure des ruptures, la Chine prend chaque jour, un peu plus l’avantage. Partout. Sur tout.

Non seulement nous avons donné nos usines et nos emplois à la Chine pendant 30 ans. Pour satisfaire une politique coupable de prix bas, traduite en langage politique à but électoral, par le joli mot de « pouvoir d’achat ». Le pouvoir d’économiser à court terme, pour s’offrir le chômage à long terme. De ce point de vue, pari gagné, la thésaurisation a marché... pour la Chine. Elle hérite de la plus grande réserve de devise mondiale, ce qui lui assurerait le contrôle de nos économies occidentales, sans passer par la case départ, puisque c’est elle qui touche à chacun de nos passages. Passage qu’elle finance à coup d’acquisitions stratégiques.

En ce qui concerne les technologies, qui vont révolutionner le monde, la Chine fait mieux. Prendre l’avantage sur les technologies consiste assez basiquement à s’offrir une recherche et développement d’exception, et massive, et à l’expérimenter, puis la vendre sur des quantités énormes afin de baisser le prix de vente à une vitesse telle que vous prenez vos adversaires de vitesse. Le Japon a su le faire. Du temps de la grandeur de Sony. La Corée y parvient, la Chine y règne. La France fait des consultations. Chacun sa méthode. L’Europe bruisse d’un silence qui heurte les oreilles les plus optimistes.

Le plus surprenant c’est la clairvoyance des dirigeants chinois. Et leur pouvoir. A l’heure où chacun monte sur scène en dénonçant le caractère Soviétique d’une politique basée sur des « Plans », les Chinois tracent et retracent, financent et implémentent les leurs. Le plan sans vision et souplesse d’exécution est inutile, voire dangereux. Le plan au service d’une vision est redoutable. Leur méthode est simple : Ils décident, obligent, imposent. Le débat est peu présent, la démocratie des « bobo-lands » Européens s’en trouverait outrée (et cela peut dans nombreux domaines se comprendre, je ne rêve pas un instant de vivre « cuisiné » à cette sauce bien entendu), mais cela marche et va payer.

La Chine retisse inlassablement la route de la soie et va dominer le commerce mondial, sans compétition et grâce à l’abandon des zones d’influences que Obama avait commencé à abandonner et que Trump anéantit définitivement. Grâce à l’absence de vision Européenne. Grâce à l’abandon provisoire de l’Afrique, qui leur cède en échanges d’amulettes de diverses natures. Grâce à l’Amérique du Sud, qui emmenée par un Brésil puissant aurait pu compter, mais végète tristement malgré ses ressources. La Chine, elle, investit, et ne fait pas dans la demi-mesure.

Le développement durable ? La pollution dissuade les plus grands talents de venir en Chine ? On va l’éliminer. Réduction de plus de 50% des émissions en moins de 3 ans. A la hache. Interdiction des chauffages non conformes, destruction des habitats qui les abritent. C’est violent. Oui. Mais c’est une douleur court terme pour un bénéfice sur le long. Le contraire de ce que nous avons fait.

Le commerce nécessite des ressources humaines, des ressources naturelles et des hommes ? 900 milliards sur la route de la Soie qui va leur assurer l’accès au plus grand réseau mondial commercial en moins de 10 ans. Pendant ce temps certains états en sont encore à évacuer des Zadistes. En Chine ces « marginaux» de la société seraient déjà au goulag ou au boulot.

L’intelligence artificielle risque de dominer le monde et l’homme ? Alors elle devra être Chinoise et générer avant 2025, plus de 150 milliards de revenus en Chine, pour la Chine et par la Chine.

Et le véhicule électrique ? La Chine, selon tous les experts, y compris le descendant de Henri Ford, dirigeant de la société éponyme, sera le leader du véhicule électrique en moins de 5 ans. Elle oblige les citoyens à changer de voiture (ou les y incite à coup de plan incitatif à hauteur de 15 000$), elle oblige ses constructeurs à réduire drastiquement le nombre de véhicules traditionnels au profit de l’électrique. Elle aura accordé plus de 60 milliards d’incitation fiscale d’ici à 2020 et interdit plus de 500 modèles de véhicules polluants. La Chine prévoit d’ici 2020 de produire plus de 4.5 millions de véhicules électriques quand Tesla en vendra peut être 1 million au mieux.

Les questions à se poser face à ce modèle sont simples :

Nous sommes trop petits pour lutter. Quand nous allions nous au niveau Européens ? Quand y associerons-nous les Africains et les Américains du Sud qui cherchent une alternative aux Chinois et Américains ?

Nous sommes trop mous pour décider. Quand allons nous comprendre, que la démocratie exige parfois, pour la maintenir sur le long terme, de réduire les débats et atermoiements, les normes et principes de précaution, pour décider fermement, sans états d’âme, ce que l’avenir des valeurs Européennes exige. De la même façon que l’on fait parfois saigner les arbres pour en garantir la vie, nous devons donner quelques coups de canifs à nos process démocratiques pour qu’ils survivent et se renforcent, à long terme, et évite de sombrer sous la force de valeurs qui ne sont pas les nôtres.

Nous sommes trop purs pour préférer. Entre le libre échange, qui ne profitent qu’aux plus forts, manifestement, et l’interdiction qui est le fait des dictatures (aussi éclairées soient elles, comme en Chine), il y a la préférence. Instaurons un principe de préférence pour ce qui est Européen. « Europe first ». Cela passe par le fait de faire en sorte que les consommateurs, la puissance publique et les entreprises, soient obligés pour les uns, incités fortement pour les autres, à donner un avantage à nos champions. Avoir Qwant comme moteur de recherche par défaut sur tout PC ou téléphone vendu en Europe. Cela ne me semble pas « débile » et plutôt nécessaire. Et ce n’est qu’un exemple.

Notre avenir consiste à trouver un modèle qui trouve un équilibre vertueux entre la nécessité démocratique et la nécessité économique. Nous avons perdu la seconde et nous en avons l’obligation si nous ne voulons pas perdre la première.

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