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Comment les écoliers français sont sacrifiés sur l’autel de l’arrogance idéologique nationale
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Crise scolaire

Pendant 30 ans – et même plus -, les signes de la déchéance scolaire ont été niés. D’abord par les responsables publics, ministres de l’Education en tête. Ensuite par toute une batterie de pseudos-chercheurs, s’émerveillant sans preuve, par exemple devant le « niveau qui monte », faisant perdre au passage tout crédit à leurs disciplines, dites « sciences de l’éducation », parce qu’oubliant leur nécessaire caractère « critique ».

Michel Fize

Michel Fize

Michel Fize est un sociologue, ancien chercheur au CNRS, écrivain, ancien conseiller régional d'Ile de France, ardent défenseur de la cause animale.

Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages dont La Démocratie familiale (Presses de la Renaissance, 1990), Le Livre noir de la jeunesse (Presses de la Renaissance, 2007), L'Individualisme démocratique (L'Oeuvre, 2010), Jeunesses à l'abandon (Mimésis, 2016), La Crise morale de la France et des Français (Mimésis, 2017). Son dernier livre : De l'abîme à l'espoir (Mimésis, 2021)

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C’est l’arrogance française qui est à l’origine de la formidable crise scolaire que connaît notre pays depuis déjà de nombreuses années. Les symptômes en sont connus : bas niveau des élèves, surtout des écoliers, dans les matières de base : mathématiques et français, ratage des apprentissages fondamentaux : lire, écrire, compter (20 % au moins des élèves entrent aujourd’hui au collège sans ces connaissances essentielles. Par ailleurs, savent-ils lire (opération de décodage des mots), les « décodeurs » ne comprennent pas nécessairement ce qu’ils lisent), bâclage de la formation des enseignants, désintérêt ensuite de nombre d’entre eux pour la réussite ou non de leurs élèves.

Or, pendant trente ans – et même plus -, les signes de cette déchéance scolaire ont été niés. D’abord par les responsables publics, ministres de l’Education en tête. Ensuite par toute une batterie de pseudos-chercheurs, s’émerveillant sans preuve, par exemple devant le « niveau qui monte », faisant perdre au passage tout crédit à leurs disciplines, dites « sciences de l’éducation », parce qu’oubliant leur nécessaire caractère « critique ».

Ce chauvinisme français, purement idéologique, nous présentant l’école française comme « la meilleure du monde », a empêché la mise en place, en temps voulu, des réformes salutaires qui auraient évité la situation catastrophique actuelle. A ne pas s’inspirer des modèles scolaires étrangers réussissant : Singapour, Pologne, Finlande…, la France a donc perdu beaucoup de temps pour effectuer son redressement scolaire. Aux lieu et place de ces réformes scolaires, de pseudo-projets publics mettant en avant, tantôt le lycée, tantôt le collège, tantôt le primaire, selon surtout l’humeur ou les préjugés ministériels, abandonnant ainsi toute cohérence dans la réorganisation du système global.

En 2017, plus personne ne sait en France à quoi sert l’école, certainement pas les élèves, surtout les plus en difficultés qui, grugés par le « machin-bac », qui ne sert à rien, ne peuvent désormais assimiler l’école qu’à une formidable « usine à chômage et précarité ». Quant aux enseignants, il n’est pas douteux qu’ils se bornent aujourd’hui à « faire leur cours », en essayant, vaille que vaille, de « tenir leur classe », n’ayant qu’une hâte : rentrer chez eux pour oublier ce qui ressemble pour beaucoup à un enfer quotidien.

Alors, certes, couper dans le primaire des ZEP les classes en deux pour obtenir de meilleurs résultats des élèves (comme s’il n’était pas évident qu’en accordant plus d’attention à chacun on obtiendrait une amélioration globale des performances) ; certes, réaffirmer l’apprentissage des fondamentaux : lire, écrire, compter… et respecter autrui (on ne voit pas trop bien ce que cette valeur vient faire au milieu de la trilogie classique) ; certes, réintroduire une dictée quotidienne au primaire (tiens, pourquoi pas au collège aussi, ce ne serait pas superflu !) pour mieux écrire notre langue ; certes, tout cela va dans le bon sens, mais c’est absolument « très insuffisant », dois-je aujourd’hui mettre en marge de la copie ministérielle.

Nous n’avons que trop tarder à nous poser les bonnes questions pour réformer vraiment : quel est le sens de l’école ? Quelles sont les missions réelles de l’Education nationale ? Quelles pédagogies doit-on mettre en œuvre pour faire réussir tous les élèves de la République ? Quelles sont aujourd’hui les matières essentielles à enseigner ? Comment sortir du monopole du diplôme comme moyen d’évaluation scolaire ?

Un dernier mot. Il ne faudrait pas qu’à la faveur de la crise révélée de la lecture chez les écoliers français s’ouvre un nouveau conflit scolaire entre les pro et les anti-numérique en classe. Nos élèves ont besoin des deux compétences : savoir parler et écrire correctement en français et savoir communiquer sur écrans.

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