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Coup de blues sur les marchés ? L’effet des milliards injectés par les banques centrales touche à sa fin
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Revue d'analyses (financières)

Dans l’œil des marchés : Dominique Trenet, stratégiste dans une société de gestion indépendante, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Dominique Trenet

Dominique Trenet

Dominique Trenet est stratégiste dans une société de gestion indépendante

Chaque semaine, il réalise pour Atlantico une synthèse des opinions les plus significatives sur l’évolution de la crise que nous sommes en train de vivre.

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La vague d’optimisme des investisseurs n’est pas justifiée explique Neil Woodford de Invesco Perpetual. Il est tout à fait d’accord avec Thomas Lee « Chief Equity Strategist » chez JP Morgan qui pense quele ralentissement de la croissance des bénéfices, la baisse de la croissance de l’économie chinoise devrait mettre un terme au mouvement de hausse des actions.Il pense que l’indice S&P 500 terminera l’année à 1430.

Les facteurs susceptibles de stopper le mouvement de hausse avaient été identifiés il y a une dizaine de jours par Louis Gave de GaveKal à Hong Kong. Parmi les facteurs de vulnérabilité des marchés, il avait cité :
1/ une dégradation de la confiance en Europe après les fortes injections de liquidité dans le système bancaire.
2/ une croissance américaine de mauvaise qualité.
3/ une déception sur le niveau de la croissance chinoise.
4/ une poursuite de la hausse des prix du pétrole.
Pour Edmund Shing stratégiste chez Barclays Capital, les trois sujets qui empêchent les marchés de poursuivre leur progression sont le prix du pétrole, l’Espagne et l’incertitude sur le niveau de la croissance chinoise.

On peut comme toujours, trouver des avis opposés parmi les maisons de courtage. Le potentiel de hausse des marchés est de l’ordre de 10% estime Christian Parisot « Head of Global Research de Aurel BGC. Les actions sont à un niveau d’attractivité qui n’arrive qu’une seule fois au cours d’une génération a expliqué Goldman Sachs à ses clients cette semaine…

Marchés actions : opinions contrastées sur tous les marchés

Sur le marché américain,Lawrence Summers ancien Secrétaire d’Etat au Trésor et Professeur à Harvard a fait part au Financial Times de son optimisme sur l’économie américaine. Pour lui l’innovation dans le domaine des réseaux sociaux plus les découvertes en matière de pétrole et de gaz de schistes vont permettre au marché de l’emploi de repartir. En revanche, Ben Bernanke, Président de la Fed a été plus réservé. Pour lui la reprise constatée sur le marché de l’emploi a peu de chances de durer. Il n’en a pas fallu plus pour que les investisseurs interprètent sa déclaration comme l’annonce d’un nouveau QE3.

Le S&P 500 devrait baisser de 3 à 5% d’après Binky Chadha « Chief Global Strategist » de la deutsche Bank. Les résultats des sociétés du S&P 500 ont baissé de 2,3% au T4 2011. Si l’on exclut Apple de l’indice, la baisse ressort à 5,7%. Cela confirme bien que ce qui a fait monter les marchés c’est beaucoup plus la liquidité que les profits.

(Le S&P 500 (SPX) est un indice boursier basé sur 500 grandes sociétés cotées sur les bourses américaines. L'indice est possédé et géré par Standard & Poor's, l'une des trois principales sociétés de notation financière.)

En Europe, l’Italie est en train de faire la preuve que la réforme d’un vieux pays est possible. Beaucoup d’observateurs politiques font remarquer que Mario Monti était membre de la Commission Attali et qu’il met en pratique une grande partie de ses recommandations, ce que ne fait pas la France ! Toutefois, on ne sait pas encore s’il va réussir la réforme du marché du travail.

Le Portugal est dans un moment de vérité. Il pourrait éviter d’avoir à restructurer sa dette, car il y a un consensus politique sur les mesures qui ont été prises.

L’Irlande s’apprête à voter le 31 mai prochain. Pour le moment le vote serait favorable mais ils vont observer de près le vote français puisque François Hollande souhaite renégocier avec l’Allemagne. Au total, il faut désormais sous-pondérer l’Europe recommande Andrew Garthwaite, en charge de la stratégie chez Crédit Suisse.

La France brille par le fait que les candidats à l’élection présidentielle continuent de ne pas aborder les problèmes économiques. Nous sommes dans le déni de réalité explique cette semaine The Economist. La France est le problème de l’Europe écrit Eric Le Boucher dans Les Echos. Tout le monde est convaincu que l’Union Economique ne peut marcher si elle se borne à l’austérité budgétaire à l’allemande. L’ennui fait remarquer Eric Le Boucher est que les idées françaises sont soit récusées par Berlin ( le protectionnisme, les eurobonds, le révision des statuts de la Banque Centrale…), soit peu nombreuses et insuffisamment élaborées.

La Chine est vraiment sur une trajectoire de hard landing selon Adrian Mowat « Chief Asian and emerging market strategist » de JP Morgan. Cette opinion n’est absolument pas partagée par Ting Lu « China Economist » de BOA ML. Elle estime que le ralentissement intervenu est une bonne chose et que la transition politique se passera beaucoup mieux que prévu. L’économie chinoise est relancée par la demande intérieure car l’immobilier est encore dans une situation difficile.

Secteurs : le prix du pétrole risque de rester élevé

Pétrole Les déclarations des hommes politiques sur le pétrole sont assez curieuses. Il serait temps que certains comprennent qu’ils n’ont aucun pouvoir pour faire baisser le prix du baril. En France, la libération de stocks stratégiques ne changera rigoureusement rien car elle ne peut porter que sur 9 M de barils…Le prix élevé de l’essence va le rester

Le prix moyen du baril sera de 105$ sur l’ensemble de l’année 2012 selon Morgan Stanley. Il faut se préparer à de nouveaux chocs écrit Martin Wolf dans le Financial Times.

Signe qui doit être regardé avec attention,Baker Hugues a annoncé des résultats décevants…

Transport maritime : le marché du fret est au plus bas mais il pourrait rester à ce niveau entre six mois et deux ans a expliqué Philippe Van den Abeele sur CNBC cette semaine.

Immobilier US : Lennar, le numéro trois du secteur aux États-Unis, a monté de 6,3% mardi dernier sur l’annonce de résultats supérieurs à ce qu’attendaient les analystes.

L’optimisme n’est pas encore de mise d’après Chris Wood de CLSA. Il fait remarquer que 11 M de propriétaires de maisons, dont 23% ont un crédit hypothécaire sur leur bien sont dans une situation où la valeur de leur maison est inférieure à ce qu’ils ont payé. En consolidant l’ensemble des statistiques il y aurait 3,8 M de biens immobiliers à vendre dans les mois qui viennent…

Thèmes : l’intérêt pour la nouvelle économie ne se dément pas

La nouvelle économie est devenue l’économie numérique. Le commerce électronique est l’un de ses fers de lance. Dans le tourisme, 30% des produits sont vendus sur internet, dans le livre, la part est de 8%. Le principal retard concerne l’alimentaire. Ce qui semble sûr selon François Momboisse Président de la Fédération e-commerce et vente à distance (FEVAD), c’est que les consommateurs mixeront achats on-line et off-line de manière indifférenciée. La nouvelle économie fait partie des thèmes d’investissement privilégiés par les investisseurs avec l’éolien qui pourrait créer 10 000 emplois en France, la cosmétique bio qui connaît un taux de croissance de 40% par an, la voiture électrique, et enfin la fibre optique. On peut noter avec tristesse qu’aucun de ces sujets n’est digne d’être abordé par les candidats à la présidence de la République.

Les fusions acquisitions sont particulièrement à la mode chez les courtiers. Tout le monde publie sa liste de recommandations qui n’est pas toujours désintéressée.

Marchés obligataires : recommandation sur les obligations portugaises

Les rendements des dettes souveraines sont repartis à la hausse cette semaine en Italie avec près de 30 points de base à 5,2%, en Espagne avec 33 points de base à 5,53%. Cela traduit l’incertitude sur la capacité de Mario Monti à faire accepter une loi beaucoup plus flexible sur le travail et sur la capacité de Mariano Rajoy à revenir sur ses engagements de ramener son déficit à 5,3%. Cette évolution a d’ailleurs conduit Chris Wood, stratégiste de CLSA, à recommander d'acheter des obligations portugaises à 10 ans et de vendre les obligations espagnoles de même durée. La même recommandation a été faite il y a 15 jours par Davide Roche, patron d’ Independant Strategy à Londres.

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