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Xavier Niel, une autre Station France, un OVNI au milieu des rentiers
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Certains milliardaires préfèrent héberger dans de magnifiques édifices, les trésors du passé, pendant que Niel préfère bâtir l’avenir, pour que ces palais aient quelque chose à y héberger dans 30 ans.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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J’apprécie les actions de Xavier Niel. Il le sait. Nous avons échangé sur ces divers projets, notamment l’Ecole42, sur laquelle il m’a devancé quand je montais le même projet avec l’intention d’embaucher la même équipe ! Au delà de ce que l’on sait à travers ce que l’on voit, il y a surtout ce que l’on ne voit pas et qui est aussi révélateur d’une pensée libre, d’une action nouvelle, d’un engagement aussi, que nous, entrepreneurs, n’avions pas pu transmettre aussi fortement. Certes, du fait de moyens très supérieurs à la moyenne, mais la moyenne y mets bien moins de moyens, et il le fait avec état d’esprit que l’on sent sincère et pragmatique, engagé et visionnaire. Une fois n’est pas coutume, je vais donc dédier cette tribune du lundi, intitulée les « Entrepreneurs parlent aux Français », en parlant d’un entrepreneur Français exceptionnel.

En France l’entreprise est une entité, un concept, que l’on a largement dévoyé. Pour avoir confondu l’entrepreneuriat et le capitalisme des grands groupes, on a confondu le dirigeant salarié, otage de la bourse et des actionnaires, avec l’entrepreneur, otage de son implication et du risque encouru. Tout en étant poussé et stimulé par ce dernier. A force de vivre dans l’ombre de 40 grands groupes (qui mériteraient plus d’admiration de notre part néanmoins), nous avons oublié les 2 million d’entrepreneurs, commerçants, artisans, pour qui la vie n’est pas un long fleuve tranquille, dont l’horizon ne dépasse que rarement le mois ou le trimestre, qui sont mal payés par leurs donneurs d’ordre et mal payé à la fin du mois. On a oublié tous ces guerriers de la libre entreprise, qui ont choisit la liberté comme mode de vie, l’ambition comme amie infidèle, la passion comme moteur, malgré les épreuves et les revers que l’entrepreneuriat réserve à la majorité. Ils ont préféré un rêve imparfait à une vie écrite par d’autres, et en assument les conséquences. En tirent, en nombre limité, les fruits, parfois. On a oublié ceux qui, en nombre variable (plus de 130 000 sur les 3 dernières années) doivent mettre fin à leur rêve chaque année, et deviennent les meilleurs amis de la dépression, des huissiers, des portes fermées.

Atteint de nanisme, l’entrepreneur français a appris à vivre dans l’ombre, s’interdisant de mettre son nez dans les affaires de la société, car ses pieds sont prisonniers de la sienne ! Créatif, travailleur, au cœur de la réalité économique et sociale du pays, il est l’ignoré des puissants, qui préfèrent les promesses vaporeuses à la brume du terrain. Il aurait pourtant tellement à apporter. La nécessité économique, l’incapacité des politiques, les bouleversements en cours, sont en train de changer la donne, et certains entrepreneurs osent enfin s’échapper de leur entreprise pour investir le champ sociétal. La France en est témoin. Nous avons fait les Pigeons, qui auraient mérité de se constituer en mouvement, puis les Assises de l’Entrepreneuriat, et en lançant la première délégation au CES de Las Vegas, j’espérais donner aux jeunes français une scène à la mesure de leur talent. C’est chose faite et les français commencent à apprécier ces jeunes qui font du risque un levier de réussite. La leur et celle du pays. Et ainsi comprendre le lien entre la réussite individuelle et la performance collective.

Dans ce pays qui aime l’infiniment petit et l’infiniment grand, mais goûte peu le chemin qui mène de l’un à l’autre, il faut quelques hommes qui voient les choses en grand. Et y mette des moyens « d’adultes » et non plus, une énergie, un investissement, qui s’apparentaient si souvent à la mendicité, ou ne font que flatter la bonne conscience. Essayons de ne pas paraphraser Mitterrand en disant « qu’en matière d’ETI nous avons tout essayé » ! Xavier Niel l’a compris. Avec 42 il a visé la lune, pour la StationF, il a visé Mars. C’est notre Elon Musk. Le premier projet abrite 3700 élèves, ouvre à Lyon, à San Francisco. Le second sera le plus grand centre « d’élevage » de champions du monde. Et c’est en France ! Pendant que l’éducation nationale traîne des pieds à reconnaître une école qui ose former à des métiers pour lesquels les débouchés sont illimités, l’école offre au marché l’énergie qui fait avancer le digital : Les codeurs, les programmeurs. Pendant que chacun y va de son petit incubateur aux pieds souvent étriqués. Niel nous offre un parc géant pouvant accueillir le talent dont la France recèle. Bravo !

Ne me dites pas qu’il suffit d’avoir ses moyens financiers, ou bien laissez moi vous faire la liste, sans fin, de ceux qui ont les mêmes et ne font rien pour leur pays. En France, mais aussi à l’étranger, où nombre des riches entrepreneurs préfèrent la pierre, qui fera leur tombe un jour, à l’édifice économique qui les a pourtant nourri. Certains milliardaires préfèrent héberger dans de magnifiques édifices, les trésors du passé pendant que Niel préfère bâtir l’avenir, pour que ces palais aient quelque chose à y héberger dans 30 ans. (Je ne dis pas que les musées et les œuvres d’art sont inutiles, bien au contraire, mais quand on a les moyens on devrait accorder autant d’investissement à l’avenir qu’au passé).

Xavier Niel est du tissu dans lequel s’habillent ceux qui ont compris que l’argent, au delà d’une certaine limite, ne doit servir qu’à changer le monde et non décorer le sien. Je suis prêt à parier qu’il donnera lui aussi une large partie de sa fortune à la Bill Gates Foundation à moins qu’il ne créé la sienne propre afin de lancer une tendance bien à la peine en France. Au lieu d’un palmarès des plus grandes fortunes françaises dont nous n’avons que faire, mais que les magasines nous ressassent chaque année, j’aimerais qu’ils nous indiquent quels sont ceux qui consacrent, ne serait-ce qu’une petite partie de leur argent à changer le monde en grand. Et plus en petit, juste pour la conscience et la com.

En conclusion, bravo l’artiste, la communauté entrepreneuriale dans quelques années se rendra compte de ce que Xavier Niel a changé à la vision de l’entrepreneur dans ce pays, comme nous tentons par d’autres moyens, de le faire, nous aussi, avec nos réseaux unis.

Comme je l’indiquais, la France aime le petit et le grand, le chaud et le froid, car c’est bien meilleur pour les dents et correspond à cette philosophie quasi Bouddhiste, pour qui chaque plaisir, de durée toujours limitée, s’achève inexorablement dans la douleur et qu’il faut donc s’en méfier et les éliminer au plus vite. Ainsi le fameux Nirvana n’est qu’un état de non émotion, qui permet le bonheur par la suppression des plaisirs passagers et donc de la douleur qui en découle. Nous semblons donc, nous Français, être très gourmands de cette pratique spirituelle, puisque nous nous empressons de compenser la bonne nouvelle de la StationF par la mauvaise de l’acharnement contre Muriel Pénicaud.

Mais pourquoi tant de haine ??? Pourquoi la presse, qui a encore relayé un petit mail tout à fait sortit du contexte et qui ne prouve rien, souhaite t-elle nuire à la Ministre ? Pourquoi se rendre complice d’un acharnement que l’on pensait d’extrême gauche, uniquement destiné à punir le fait qu’une femme enfin compétente puisse tenir ce poste, et à retarder la Loi Travail en discréditant celle qui le porte ? En oubliant au passage que cela ne changera rien au final. La réforme se fera. Je suis tout à fait dépité de cette attitude que je comprenais de la part d’organes de presse soutenus par la gauche de la gauche, mais en aucun cas par tous ceux qui se positionnent ailleurs sur l’échiquier politique.

Muriel a la confiance des entrepreneurs, qui savent sa rigueur, sa probité et son sens de l’Etat. Contrairement à beaucoup ! Aidons là à passer cette mauvaise passe et passant sans lire, les colonnes qui la dénigrent, en dénigrant la femme et sa volonté sans faille, sa compétence sans tâche. Muriel nous sommes avec vous !!!

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