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Bruno Le Maire veut faire de Bercy l’agent booster de l’attractivité française
©Reuters

Atlantico Business

Bruno Le Maire a trouvé sa place, un rôle entre le président Jupiter et des militants encore un peu naïfs.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les jours passent et Bruno Le Maire trouve sa place. Tout laisse à penser qu’il peut être l’agent booster de l’attractivité française. Bruno Le Maire a parfaitement compris que l’opération montée par Emmanuel Macron ne peut réussir que si, et seulement si, elle génère des résultats en termes d’activité et d’emploi.

Or, le booster de l’activité, c’est l’investissement en France et pour cela il faut des investisseurs.

La clef du pari d’Emmanuel Macron, c’est l’investissement sous toutes ses formes. De l’investissement politique pour constituer un capital politique, ce qu’il a fait.

Un investissement moral pour que l’opinion garde sa confiance dans le capital politique.

Un investissement en formation, et c’est pour cela que le ministre de l’Education nationale est un véritable chef d’entreprise qui va considérer les milliers d’établissement scolaires et universitaires comme autant d’entreprises responsables et sans doute en concurrence pour que ça marche plus vite.

Un investissement dans la santé, dans la culture.

Un investissement dans les actifs d’entreprises pour générer de la compétitivité coût (baisse de charges) mais surtout compétitivité hors coût, pour monter en gamme, donc gagner en marge.

Dans ce contexte là, et avec ce diagnostic, Bruno Le Maire a bien compris que ce qui manquait le plus en France, c’était les investisseurs. Il a donc fait de la quête d’investisseurs sa préoccupation première.

D‘un côté, il faudra aller secouer les investisseurs nationaux. Oui mais là, on sent bien qu’il faudra passer par une réforme de la fiscalité et de la règlementation afin de développer les fonds de capitalisation.

De l’autre, il faut aller séduire les investisseurs étrangers. Les grands fonds pétroliers du Golfe, comme les grands fonds de pension ou d‘investissement du monde anglo-saxon.

C’est pour cette raison qu’il caresse dans le sens du poil les grands banquiers de la place, lesquels lui disent tous qu’il faudra desserrer les ceintures de sécurité qu’on a imposé avec Bale 3 au lendemain de la crise des supprimes. C’est pour cette raison qu'il va peser de tout son poids dans la gestion budgétaire afin de réduire la demande de capitaux et détourner les flux vers le privé.

C’est aussi pour cette raison qu‘il va aller les draguer là où ils sont, habitent et travaillent. A Londres où Bruno Le Maire leur a déjà dit que Paris pouvait les accueillir après le Brexit.

A New-York, cette semaine : le jour-même où Emmanuel Macron inaugurait dans la halle Fressinet le plus grand incubateur du monde, le ministre de l’Economie est allé parler aux grands de l’investissement mondial. Les patrons de BlackRock, celui de MerillLynch, de GoldmanSachs et beaucoup d’autres. Et il leur a dit trois choses extrêmement simples.

1. La France est devenue responsable et pro business. Les financiers du monde qui sont installés à Londres peuvent venir s’installer à Paris après le Brexit parce que nous avons tous les moyens de les accueillir.L’attractivité de la France a changé de braquet.

2. Les opportunités d’investissement en France sont très nombreuses, très rentables parce que la France est la porte de l’Europe et de l’est.

3. La France se réforme pour devenir un pays normal, inscrit dans mondialisation, enraciné dans l’Europe et dans l’euro, amoureuse de la concurrence de marché, parce que c’est la compétition et que la compétition était un facteur de création de richesse.

Ajoutons à cela que Bruno Le Maire n’a pas hésité à dénoncer les erreurs catastrophiques de l’ère Hollande et à dénoncer l’échec de tout le quinquennat. Une gouvernance incapable de courage, incapable de transparence et surtout de cohérence.

Non, la finance ne peut pas être l’ennemi de la France. Non, au contraire.

En 24 heures, alors qu’il manquait l’inauguration de la Station F à la Halle Freyssinet, on ne peut pas dire que le ministre de l’Economie n’ait pas fait le job. Pour le président et bien sûr pour lui-même.

La transformation de Bruno Le Maire a été spectaculaire. Avant l’élection présidentielle, Bruno Le Maire était sans doute le plus centriste des gens de droite.

Avant la présidentielle, certains l’appelaient Monsieur Trop. Trop bien habillé, trop diplômé, trop brillant, trop ennuyeux aussi. Du coup, il a sombré pendant la primaire de la droite et il a disparu des radars.

Sa conversion au macronisme est passée sans cri, ni pleurs. A peine quelques sarcasmes inévitables de la part de quelques amis un peu jaloux de cette liberté et il a retrouvé toute sa légitimité politique dans l’Eure grâce aux législatives.

Alors sa casaque Macron l’a bien boosté, mais il s’est aperçu aussi que sa marque personnelle n’était pas dévaluée, au contraire.

Arrivé au ministère de l’Economie, il joue malin. Son collègue du Budget s’occupera des chiffres à problèmes, les dépenses publiques qu’il faut réduire sans le dire, les impôts qu’il faudra inévitablement augmenter sans le montrer trop fort. C’est Gérald Darmanin qui s’en occupe. Bon courage. Quant aux cas de restructurations industrielles, très compliquées parce que très politiques, il peut les confier au secrétaire d’Etat Benjamin Griveaux,  macroniste de la première heure.

Lui  pourra prendre du recul et s’engouffrer sur un secteur qu’il connaît bien et que les Affaire étrangères n’ont jamais su préempter : les affaires économiques internationales. On est au cœur du système dominé par les effets de la mondialisation.

La classe politique le croyait perdu à tout jamais, elle se trompait. Il a trouvé les moyens de se redresser sans perdre son âme, comme d’autres.

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