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Et si on écoutait vraiment les candidats... Les vrais projets politiques derrière les petites phrases
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Verbus politicus

Alors que la campagne s'accélère, d'aucuns jugent les discours des candidats plus simplistes et moins sérieux que jamais. Un contre-sens, selon Denis Jeambar, car Nicolas Sarkozy ou François Hollande sont prisonniers de cet exercice que les Français adorent.

Denis  Jeambar

Denis Jeambar

Denis Jeambar est journaliste et auteur. Il a été rédacteur en chef d'Europe 1 et l'Express. Il collabore aujourd'hui à Public Sénat et Marianne. Il a récemment écrit Ne vous représentez pas ! Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy (Flammarion - 2011)

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Atlantico : Au fil de cette campagne , les commentateurs semblent assez sévères sur la qualité des propositions et des petites phrases des principaux candidats. Partagez-vous cette analyse ?

Denis Jeambar : Cette campagne électorale ne déroge pas à la règle. On note des stratégies et des tactiques, notamment en provenance du camp de Nicolas Sarkozy qui essaye de capter dans son giron, les voix du Front national - des signaux également en provenance de François Hollande adressés à la gauche de sa gauche.

Mais je ne partage absolument pas l’analyse de ceux qui prétendent que la campagne électorale n’est pas à la hauteur. Quand on lit les grands discours ou les interviews en presse écrite des candidats, comme celle de Nicolas Sarkozy dans le Figaro magazine, je trouve que c’est une campagne qui a du fond et des projets différents et dans laquelle on observe une vraie fréquentation d’idées et de vraies différences. Le plus bel exemple en est l’affrontement sur les deux discours sur l’école qui est un sujet fondamental et qui est jugé comme tel par les deux candidats. On peut noter un gros travail sur le sujet -des deux côtés- de manière approfondie. Il est injuste de dire que rien ne se dit lors de cette campagne. C’est tout au plus une dérive médiatique qui consiste à ne retenir que les petites phrases - or il n’y en a pas plus que lors des campagnes précédentes- et de ne pas rendre-compte, en réalité, des débats de fond...

Pensez-vous qu’on pourrait éviter ces « petites phrases » ?

Non, c’est lié  à notre système. Je suis réaliste. Elles ont toujours existé. Je trouve que c’est une facilité que de dire que « c’était mieux avant », et qu’on assistait alors à des débats beaucoup plus intéressants…

Je pense au contraire que c’est sans doute l’une des campagnes les plus intéressantes. D’autant que la campagne s’inscrit sur un fond de crise. Certes, on note toujours quelques propositions excessives. Mais on sent bien par ailleurs que les deux ou trois principaux candidats – si je compte François Bayrou - sont préoccupés par la situation économique et qu’ils ne sont pas prêts à faire n’importe quoi. Tous les trois ont comme priorité le redressement des finances de la France. Chacun a sa voie et ses moyens, et ils font preuve de beaucoup de sérieux.

Pour autant, estimez-vous qu’un discours qui ne parlerait que de la dette, ennuierait les Français ?

Quand les hommes politiques parlent sur le fond on dit qu’ils sont ennuyeux. Et quand ils font de petites phrases, on leur reproche de ne pas parler du fond. Ils ont à affronter un système médiatique difficile à gérer. Je remarque une très grande injustice…

Vous prétendez que la campagne actuelle vaut bien celle de 2002, pourtant, je ne me souviens pas que les candidats aient abordé des sujets aussi « populaires », pour ne pas dire populistes…

On se souvient de Jean-Marie Le Pen en campagne ! Nicolas Sarkozy a abattu des cartes moins spectaculaires en 2002. Mais il est quand même allé sur le terrain du Front national. Cette fois ça l’est encore plus car il va carrément sur ce terrain mais il ne provoque pas de polémiques lourdes. Par exemple, ce n’est pas lui mais Marine Le Pen qui a lancé le débat sur le halal. Ce n’est devenu son sujet que parce qu’il ne voulait pas prendre le risque de se faire débaorder. C’est plutôt elle qui fixe le tempo et lui qui court après…

Le storytelling, et ses petites phrases quotidiennes, va-t-il fonctionner aussi bien qu’en 2002 ?

Les Français aiment le spectacle. D’ailleurs, on le voit bien avec les audiences des émissions politiques. On sait que Nicolas Sarkozy fait le spectacle et enregistre les plus fortes audiences. Ca ne change strictement rien dans les enquêtes d’opinion. Mais les Français aussi sont ambigus. Quand Hollande ne fait pas le spectacle : on dit qu’il est gris ! Et quand il est lancé : on le taxe de populisme. Idem pour Sarkozy. Ils sont prisonniers de cet exercice que les Français adorent.

Propos recueillis pas Antoine de Tournemire

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