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Retour à la case Sarkozy chez LR : une victoire à la Pyrrhus pour le sarkozysme ?
©Reuters

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La défaite de Fillon a profité aux sarkozystes plus qu'aux juppéistes aux LR. Ces derniers menacent de fracturer le parti en s'alliant à Macron, et il semble difficile de colmater une brêche ouverte pendant 6 mois de campagne sans pouvoir au moins s'appuyer sur un chef charismatique.

Tristan Quinault-Maupoil

Tristan Quinault-Maupoil

Tristan Quinault-Maupoil est journaliste politique au Figaro.fr. 

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Atlantico : L'accession à la tête des Républicains de François Baroin, ex-chiraquien passé à Sarkozy lors de la primaire de la droite est le signe d'une certaine victoire de la droite sarkozyste "traditionnelle". Mais cette victoire qui éloigne des postes à responsabilité les anciens chiraquiens (juppéistes tel Édouard Philippe qui est pressenti à Matignon) ne risque pas surtout d'affaiblir la droite, qui n'est plus composée dès lors que de 20% de ses effectifs ?

Tristan Quinault-Maupoil : Si les sarkozystes sont aujourd'hui à la tête des Républicains, c'est avant tout parce qu'ils sont les plus organisés. Ils se sont mis d'accord rapidement pour désigner François Baroin et Laurent Wauquiez pour prendre la tête du parti. Ils sont structurés ce qui leur a permis de prendre le contrôle de l'appareil sans difficulté. Juppé, de part son âge et ses déclarations est trop en marge de la vie politique. Et ses soutiens sont peut-être un peu « jeunes ». Il n'a pas de baron qui s'impose réellement dans ce camp. Et les fillonistes sont forcément un peu sonné par la défaite et donc écartés du parti. 

Est-ce que cette situation affaiblit la droite ? Évidemment. A partir de dimanche soir, on devrait apprendre le nom du Premier ministre. Pour peu que ce soit un Premier ministre de droite, certains seront tentés de travailler avec Macron et d'autres pas. Cela va créer une fracture au sein du parti, ce qui est inenvisageable quand on prépare une campagne électorale. Les Républicains ont une faiblesse : reste donc à savoir si cette faiblesse sera colmatée dans les jours à venir avec un Premier ministre marqué à gauche ou du moins pas marqué à droite. En revanche, si c'est un ministre de droite ou de centre droit, la faiblesse aura été exploitée, et donc affaiblira considérablement la droite.

Ce que soutiennent les sarkozystes ressemble cependant beaucoup ce que soutiennent les fillonnistes. On l'a vu dans les rangs des militants. Ceux qui étaient au Trocadéro pour soutenir Fillon en 2017 ressemblent à ceux qui soutiennent les barons sarkozystes aujourd'hui et qui étaient déjà en 2012 au même Trocadéro. La fracture est entre les juppéistes et les autres, avec une proportion autour de 1/3 juppéistes 2/3 pour les autres. Et ce clivage est entre les militants portés vers une droite assumée. Et de l'autre côté les sympathisants de droite qui sont plus modérés et plus tentés par la fibre juppéiste. Tout le clivage qui existe à droite est de savoir si l'on veut consolider le noyau dur ou élargir. C'est tout l'enjeu des discussions autour de Bruno Le Maire aujourd'hui. 

La droite n'a-t-elle pas intérêt à viser aujourd'hui une "coexistence" avec En Marche !, selon les termes choisis par Eric Woerth, afin d'apaiser son aile droite qui sort excédée de la campagne de François Fillon ? 

L'avantage pour la droite de travailler avec Emmanuel Macron serait de le tirer sur son terrain et de ne pas le laisser aux mains des socialistes, et donc de ne pas laisser Emmanuel Macron qui se présente sur une ligne de crête centriste. Il faut pour la droite que Macron soit un président de centre-droit, pas de centre-gauche. L'inconvénient, c'est que si la politique de Macron échoue dans ce cas, la droite ne pourra pas revendiquer l'alternance, et risque d'abandonner l'opposition aux extrêmes. C'est un choix risqué avec avantages et inconvénients.

Le danger de la droite n'est-elle pas celle d'une cours de barons sans monarque pour régler ? Le sarkozysme sans Sarkozy peut-il exister aux Républicains ?

Oui, c'est un risque. C'est un risque qui concerne tous les partis qui ont choisi la primaire d'ailleurs. La primaire est un mode de désignation qui fait moderne, qui écoute la voix des citoyens, qui joue sur la tendance au « participatif »... mais cela désincarne l'essence-même de l'homme politique providentiel capable de mobiliser les foules, et qui a donc une capacité à s'imposer de lui-même. Tout ceux qui ont choisi un chef par ce mode de scrutin se retrouvent avec une direction bancale. Il est trop difficile pour eux d'endosser le charisme naturel des leaders précédents, tel Sarkozy chez les Républicains. 

Eric Woerth présente le programme des Républicains en essayant de reprendre les recettes qui ont marché à droite sous Sarkozy, surtout pour capter l'électorat populaire. Mais effectivement,  c'est insuffisant, il faut une personnalité qui puisse incarner ce projet, qui l'accompagne physiquement. Aujourd'hui il n'y a pas de leaders aux Républicains. François Baroin est pour l'instant un leader d'appareil, là pour prendre une place laissée vacante. La droite doit se retrouver un leader, mais c'est certainement encore un peu tôt. Au lendemain d'une défaite, il faut laisser un peu de temps pour que les choses se reconstruisent. L'élection approche, et il fallait quelqu'un pour mener la campagne. C'est un premier temps  et il y aura un deuxième temps de reconstruction auxquels toute la droite pourra bientôt se consacrer pour trouver l'homme à même d'incarner à nouveau la droite. 

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