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Trump annonce une méga réforme fiscale : 2000 milliards de dollars de baisse d’impôts. Mais il cherche encore une majorité pour la voter...
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Atlantico business

Alors qu’il vient de franchir les premiers 100 jours de pouvoir, Donald Trump veut baisser l’impôt sur les sociétés de 35% à 15%. Pour l’heure, c’est impossible à financer.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Donald Trump voit grand et veut taper fort avec une méga réforme fiscale qui ne porterait pas seulement sur les entreprises mais aussi sur les particuliers. Son projet consisterait, comme il l’avait promis pendant la campagne, à réduire massivement de 35% à 15% le taux d’imposition des sociétés. Soit une facture de 2000 milliards de dollars. Autant dire que pour l’instant, il n’a aucune majorité pour voter l’ouverture d’un tel chantier.

Donald Trump veut taper d’autant plus fort que son bilan des 100 premiers jours est plutôt mince. Donald Trump n’a pratiquement rien fait de ce qu‘il avait promis de faire pendant sa campagne électorale. Il a été en permanence confrontéà la réalité des marchés et du fonctionnement du système.

D’abord, il a eu beaucoup de mal à constituer son gouvernement.  Il a changé plusieurs fois de ministres. Il n’a pas trouvé dans sa famille d’origine, les Républicains, une assise suffisante pour le supporter lors des votes de confiance.

Ensuite les premiers décrets qu’il a signés et qui, de façon spectaculaire, devaient mettre en place une réforme de la politique migratoire en refermant les frontières, ont été retoqués par la justice américaine et combattus par beaucoup d’entreprises qui ont besoin dans leur fonctionnement d’une immigration nombreuse mais choisie. 

Enfin, les grands projets qu’il avait annoncés, comme la réforme de l'Obama Care, la mise en place de barrières protectionnisme, le rapatriement d’usines délocalisées, tout cela est tombé à l’eau. Aucun projet n’étaitréalisable sans semer de graves perturbations, y compris à l’encontre de son propre électorat qui en aurait fait les frais.

Jusqu’au fameux mur qu’il voulait construire à la frontière avec le Mexique et qu’il ne parvient pas à financer. Devant toutes ces reculades, l’opinion publique américaine se partage entre la déception et le sarcasme.

Pour toutes ces raisons, Donald Trump a donc décidé d’accélérer la réforme fiscale et ensuite d’annoncer son programme de dépenses d’infrastructures.

Il a annoncé cet agenda par un tweet, ce qui a surpris son propre ministre des Finances, Steven Menuhin, et son conseiller àl’économie, Gary Cohn, qui n’‘avaient pas été prévenus au préalable. Pas plus que les dirigeants du parti républicain.

Le cahier des charges est simple : il s’agit de ramener le taux d’imposition des entreprises de 35% à 15%. Donald Trump n’a pas imaginé de hausse de recettes pour compenser ce manque à gagner pour l’Etat et c’est bien là où le dossier va devenir compliqué pour lui.

Ce projet fiscal est d’une ampleur colossale. Les spécialistes finances du Congrès ont déjà chiffré à 2 000 milliards de dollars le montant des recettes en moins. On sait en effet qu’un point de baisse d’impôts réduit les rentrées fiscales de 100 milliards. Comme Trump coupe de 20 points, le manque à percevoir atteint les 2000 milliards. Et avant que l’activité espérée génère de quoi compenser cette perte,Trump aura sans doute quitté la maison Blanche. En attendant cet hypothétique impact, les républicains ne savent pas comment seront financées ces pertes abyssales.

Alors, le gouvernement parle d’une taxe à l’importation qui pourrait rapporter 1000 milliards de dollars mais Donald Trump n’est pas chaud, parce que ça renforcerait le dollar et que ça pèserait sur le commerce extérieur. Il craint des mesures de rétorsion. Et depuis ses embrassades avec le président de la Chine sur les bords de son golf de Miami, l'heure est à l'entente cordiale avec les Chinois, alors qu’il voulait leur faire la guerre quand il débattait avec Mme Clinton. Mais ça c’était avant.

Par ailleurs, Donald Trump ne trouvera pas de majorité pour voter son projet. Les démocrates y sont farouchement opposés. Les républicains le feraient bien à condition que la mesure ne creuse pas le déficit budgétaire. Donc il faudra oublier. D’autant que Trump réaffirme à qui veut l’entendre que son projet fiscal pourrait aussi inclure les particuliers en 2018.

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