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Abstention "de gauche" : le vrai piège à cons
©Reuters

Corbeaux et renards

En 2002, la gauche abstentionniste avait juré, un poil trop tard toutefois, qu’on ne l’y prendrait plus. On sait maintenant qu’il s’agissait d’une promesse d’ivrogne.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Je n’ai pas beaucoup d’estime pour les abstentionnistes, du moins pour ceux qui assurent croire en la démocratie mais ne prévoient pas de se déplacer dimanche au motif qu’aucun candidat ne trouve grâce à leurs yeux.

Dans un pays qui aligne onze candidats à sa présidentielle, de l’extrême droite nostalgique de Vichy à l’extrême gauche amoureuse de la Terreur, en passant par toutes les teintes de la social-démocratie, du social-libéralisme et du conservatisme bon-teint, ça fait un peu trop caprice de marmot qui pleure la bouche pleine pour être pris au sérieux.

Mais j’ai encore moins de respect pour les pêcheurs à la ligne « de gauche », qui ne votent plus par principe depuis qu’un poète soixante-huitard a écrit « élections piège à cons » sur un pan de mur du boulevard Saint-Michel un soir de biture, mais balisent à l’idée que Marine Le Pen se retrouve au second tour tout en fourbissant les pancartes des premières manifs anti-fascistes post-scrutin.

Au lendemain du 21 avril 2002, les mêmes s’étaient déjà illustrés en pleurnichant sur l’exil de Jospin à l’île de Ré. « On n’avait pas vu venir le truc », qu’ils disaient : « Libé ne nous avait pas prévenu suffisamment à l’avance, pour qu’on puisse au moins donner une procuration à la concierge avant de partir en week-end à La Rochelle... ».

Là, sur ce coup, ils sont pourtant plus que prévenus. Même l’État islamique s’est fendu d’un petit meurtre de policier sur la plus belle avenue du monde pour les avertir du danger. Oui, le Front national, qu’on n’a pas besoin de « diaboliser » pour détester, juste parce que c’est un parti de bras cassés économiquement incompétents qui promet de foutre en l’air soixante ans de construction européenne et de tester une petite période de guerre civile juste pour voir si c’est aussi flippant qu’on le dit, est aux portes du pouvoir.

Oui le moment où Gilbert Collard sera ministre de la justice, Robert Ménard ministre de l’Intérieur et Franck de la Personne ministre de la Culture est proche.

Bien sûr, il sera toujours temps de battre le pavé entre République et Nation et de signer des pétitions sur Change.org une fois Marine Le Pen installée à l’Élysée, un doigt sur le bouton nucléaire, un autre sur le 49.3. Bien sûr, il sera toujours possible de s’offusquer sur Facebook de la fermeture du planning familial, dans le « meilleur » des cas, et de la réorganisation des forces de police par Batskin dans le pire. Mais il sera trop tard pour empêcher l’arrivée aux affaires d’une espèce d’ultra-conservatisme bête, méchant, revanchard et irresponsable qu’il suffit d’observer à l’œuvre à Fréjus ou à Hénin-Beaumont pour donner des envies d’expatriation.

Et en plus, il n’y aura même pas moins d’attentats djihadistes, ce qui serait pourtant le fameux « mal pour un bien » de la situation selon certains optimistes, la Russie de Poutine, modèle institutionnel et politique du FN nouvelle manière, si elle ne s’embarrasse pas de nos subtilités démocratiques et juridiques, étant frappée aussi souvent que la France de Hollande par les mabouls barbus…

Il y a quelques semaines à peine, les cousins américains de notre gauche canne-à-pêche se sont réveillés avec une fameuse gueule de bois : ils ne voulaient pas voter pour Clinton, cette affreuse ploutocrate qui n’avait pas assez de goût pour la dictature du prolétariat. Eh bien ils font des manifs, maintenant. Vos pancartes et vos baskets sont prêtes ?

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