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J-45 le compte à rebours vers le vide : une présidentielle sans contenu pour un pays sans gouvernance
©REUTERS/Robert Pratta

Les entrepreneurs parlent aux Français

Cette campagne est navrante et inquiétante, mais au delà de la présidentielle, ce sont les législatives qui nous promettent le pire, car cette année le pire est notre futur le plus plausible et l’incertitude notre lot prévisible.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Quel avenir espérer de candidats qui ne l’évoquent dans aucunes de leurs mesures ? Comment espérer donner aux français l’envie de se projeter dans un futur proche alors qu’il n’est décrit par personne ? Comment voter pour le programme de l’un d’entre eux quand nous n’avons le droit qu’à des catalogues de mesures qui échappent à tout fil rouge les reliant ? Une vision qui les sous tendraient ? Pourquoi les candidats considèrent-ils qu’un programme n’est finalement pas si indispensable ? Pourquoi n’en est il pas un seul qui se rende compte que le vide appelle le néant et que du néant ne jaillit jamais rien ? Cette campagne est navrante et inquiétante, mais au delà de la présidentielle, ce sont les législatives qui nous promettent le pire, car cette année le pire est notre futur le plus plausible et l’incertitude notre lot prévisible.

Nous allons avoir un combat de nains lundi soir lors du débat sur TF1. Nains dont la parole et l’audience sont inversement proportionnelles à leur réflexion sur l’avenir de la France. A votre place je prendrai l’option de voir le replay de The Voice, au moins vous aurez des voix utiles. Jugez plutôt :

A ma gauche, Jean Luc Mélenchon, le tribain des bacs à sable politiques. Son succès populaire prouve que la verve est plus importante que le contenu. Une sixième République au service de quel projet ? L’extinction du riche pour une société égalitariste faite de têtes raccourcies, exclusivement composées de pauvres pour ne pas faire envie ? Ceux que nous avons déjà en nombre auxquels s’ajouteront les riches qu’on aura dépossédés car coupable de réussir leur vie. Pour que nous puissions vivre dans un kolkhoze géant peuplé de 68 millions d’individus, payés au smic, avec pour seul espoir de changement de statut, la mort, qui viendra bien après la retraite prise à 39 ans pour tenir compte de la pénibilité de la vie.

A sa droite, mais très légèrement, Benoît Hamon. Son programme sent l’écriture au kilomètre. 188 mesures, un inventaire à la Prévert qui contient tout et surtout son contraire. Pousser à la recherche et au développement pour doper la croissance tout en punissant le capital pour mieux la stopper. Faire un statut de l’actif (très bonne idée d’ailleurs) mais annuler la Loi el Khomri. Donc un statut lisible et simplifié mais dans un contenant du siècle dernier, comme si le digital n’avait rien changé au monde. Une éducation ouverte à l’autre tout en pariant sur une critique timide de l’islam radical pour ne pas perdre les précieux votes communautaires. Des PME poussée par l’investissement (public uniquement faut pas exagérer) mais qui devront cracher au bassinet syndical et se voir interdire les accords dérogatoires au niveau de l’entreprise. Le chaud et le froid, le haut et le bas, « lost in translation ».

Au centre, mais lequel, Emmanuel Macron. Adepte de gymnastique politique, il travaille ses pointes et son grand écart, ce qui lui permet de faire le petit pont à Robert Hue et Alain Madelin. J’imagine déjà les réunions dans la Tour Montparnasse, elles doivent être infernales ! Robert doit Huer Madelin, qui doit bégayer devant la présence de Bayrou. Cela ressemble à s’y méprendre au rassemblement des américains et des talibans alliés d’un jour pour vaincre les Russes et ennemis du lendemain, qui se déchirent depuis. Trouver la synthèse va demander d’inventer une nouvelle langue, un esperanto des temps modernes, mais codé pour que nul ne puisse éventer la supercherie. Macron sombre dans le centrisme mou et le mou n’intéresse que les chats…

A droite, Fillon, le candidat devenu fictif à un point tel que son programme pourtant fourni est devenu furtif. Pourtant écrit pendant 3 ans par des hommes et des femmes non payés pour un travail réel, il passe à la trappe de la comptabilité opaque des émoluments redistribués à l’insu du plein gré d’épouses et autres enfants qui ignoraient leur statut et leur salaire. C’est un vrai luxe. 6 million de chômeurs qui se demandent combien ils gagneront si ils retrouvent un emploi pendant que certains en ont un, bien payé, sans le savoir. C’est un concept.

Et puis le petit pull Marine. Waterproof. Elle pille, vole, dilapide, détourne, mais tout le monde trouve cela bien. Ses électeurs trouvent cela TRES bien. Elle dépouille le système pour les défendre et le leur rendre, prendre aux riches technocrates pour donne au peuple. Bientôt elle se promènera en collant moulant, la plume au chapeau pour monter le « MarineWood » de la forêt de Bruxelles, à l’arrêt Sherwood. C’est le rêve de tout politique de pouvoir voler à l’air libre et en toute impunité. Plus c’est gros, plus ca marche. Grâce à elle nous pourrons redonner vie aux francs que nous avions oublié de changer en 2002. Les Pascal vont voler au vent de l’inflation et permettront d’acheter des carambars. Au mieux. Peut être pourra t-elle monter une petite SARL avec Thérésa May, May c’est pas certain ! Une petite association des auto-sabordés de l’Europe qui pourra prendre le thé mais sans sachet, car la hausse des taux d’intérêts réduira nos capacités d’achat au minimum syndical.

En clair, nous sommes plutôt bien lotis. Des candidats solides avec des programmes forts. Une vision figée dans les rétroviseurs de la politique, ils deviennent les nostradamus, mais du passé. Il est vrai qu’il est plus facile de relire l’histoire que d’écrire le futur. Mais le pire est l’ami du nul. Et le pire ce seront les élections législatives. Personne n’aura de majorité solide sur fonds de programme bancal. Une jambe de bois sur un sol vermoulu, très propice pour des athlètes en quête de records mondiaux. La France s’avance avec horreur vers la 3ème République, pas la 6ème, et il n’y a non seulement plus de pilote dans l’avion, mais plus de freins à la nullité. La France vous avez dit la France ?

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