Impôt sur le revenu à 75% : "J’aime pas les riches", épisode 2<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
Impôt sur le revenu à 75% : "J’aime pas les riches", épisode 2
©

Zone franche

Pour prendre aux riches et donner aux pauvres, il faut tout de même avoir un peu des deux.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

Voir la bio »

Ils sont entre 7 000 et 30 000, dit-on, les bienheureux à plus d’un million d’euros l’an que la nouvelle tranche d’impôt sur le revenu à 75% devrait affecter si François Hollande est élu. Enfin, s’il est élu et qu’il met ce projet en œuvre, maintenant que l’on sait qu’il dit parfois des choses qu’il ne pense pas vraiment.

Mais qui lui en tiendra rigueur ? J’ai moi-même voulu devenir délégué de classe en quatrième en promettant le droit de sortir fumer une clope pendant les heures de permanence. Je n’ai pas été élu : on ne saura jamais si j’aurais pu tenir mes engagements.

Pour autant, cette histoire m’agace presque autant que l’idée de salaire maximum de l’ami Mélenchon (car Mélenchon et moi sommes désormais de très grands potes). OK, ça a l’air gentil tout plein, la limitation des revenus des gens au nom de la justice sociale mais, j’ai beau chercher dans tous les sens, j’y vois plus du symbole creux et de la démagogie que de l’équité ou même de l’efficace.

Ainsi,  30 000 pékins taxés davantage, ça peut faire plaisir à ceux qui confondent « tous égaux » avec « tous pareils », mais ça ne va pas accélérer beaucoup la résorption du déficit budgétaire. C’est qu’il faudrait que ces richards-là soient bien plus nombreux pour nous sortir de la mouise par ce biais ― et au rythme où ils se font la malle, c’est pas gagné.

Ensuite, on imagine bien qu’un Qatari qui ne voudrait pas voir son PSG ramené au rang d’une équipe départementale de poussins n’attendra pas longtemps pour simplement augmenter le net de ses joueurs stars, leur évitant ainsi de traverser la Manche où les Pyrénées à la recherche d’un meilleur deal. Tiens, je vois d’ailleurs assez bien les administrateurs de Total ou de la Société Générale faire la même chose pour leur « high-earners », ces crapules pragmatiques (ils peuvent aussi les muter carrément à la filiale de Londres, mais bon...).

Le monde est ainsi fait que le talent exceptionnel se paye exceptionnellement et que, même si tous ces millionnaires ne sont pas également doués et qu’un grand nombre d’entre eux sont juste de coûteux parasites, il ne revient pas au fisc de séparer le bon grain de l’ivraie. Et puis franchement, ce n’est pas parce qu’il est plus facile de couper les têtes des plus fortunés que de remplir le gosier des plus misérables que l’un justifie l’autre.

Bah, si la France veut juste donner le signal qu’elle aura bientôt le taux marginal d’IR le plus élevé du monde (pour le moment encore, c’est le Danemark avec un pétochard 59%) et qu’il ne fait pas bon y gagner du pognon, pourquoi pas. Après tout, on ne peut faire la une de la presse internationale parce qu’on a raflé tous les Oscars tous les jours.

Hum, au fait, c’est imposé comment, un Oscar ?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !