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L'inflation peut-elle aider 
à sortir de la crise de la dette ?
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EDITORIAL

L'inflation a longtemps été employée par les pays en manque d'argent pour alléger la charge des remboursements. Avec la crise, cette arme pourrait connaître un regain de faveur auprès de certains dirigeants, mais attention à trouver le bon dosage.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Étrange début d’année : tout monte ! Sous la conduite du pétrole qui a grimpé de 15% depuis le début janvier, avec un baril à plus de 123 dollars pour le brent de la mer du Nord, les matières premières s’envolent, l’or est au plus haut à près de 1800 dollars l’once. Les bourses de valeurs ne sont pas en reste avec le retour en forme des actions, qui gagnent entre 10 et 15%.

L’euro reprend lui aussi des couleurs après sa forte baisse de régime à la fin de l’an dernier. Les banques centrales asiatiques commencent à s’inquiéter sérieusement d’un renversement de tendance : alors que l’on redoutait jusqu’ici la déflation en raison des politiques restrictives mises en œuvre dans de nombreux pays, c’est l’inflation qui menace à nouveau. Certes, en France, le danger parait encore modéré : l’indice des prix a même diminué de 0,4% en janvier, pour des raisons largement artificielles en raison de la période des soldes. Mais sur les douze derniers mois, le glissement atteint 2,3%, dépassant ainsi la norme édictée par Bruxelles pour assurer la stabilité de la zone européenne.

Ce changement de cap résulte d’abord de la véritable déferlante de liquidités à travers le monde pour conjurer la crise, la banque centrale européenne ayant fini par se rallier à la politique laxiste de la Réserve fédérale des États-Unis. L’un des problèmes nouveaux est de savoir comment gérer cette surliquidité que ses détenteurs ne savent pas où placer en raison du niveau particulièrement bas des taux d’intérêt. La tentation est grande de se porter sur les matières premières, d’autant que la Chine, premier consommateur mondial, accélère son activité industrielle.

Le pétrole représente aussi un attrait en raison de tensions internationales grandissantes, alors que les stocks sont très bas. Par ailleurs, les pays émergents ne parviennent pas à contrôler véritablement leurs prix. Enfin, le repli de l’euro par rapport à ses cours les plus hauts de l’an dernier renchérit le coût des produits importés sur le vieux continent.

Face à une situation difficile à maîtriser, certains experts soulignent que l’inflation a aussi des vertus, la première étant de diminuer le poids de la dette. C’est le moyen le plus habile et qui a été longtemps employé par les pays impécunieux pour alléger la charge des remboursements. Nul doute que cette arme connaisse un regain de faveur auprès de certains dirigeants. Mais en laminant le pouvoir d’achat si les salaires ne suivent pas le mouvement, elle fait renaitre le spectre de la récession alors qu’il faudrait encourager la croissance.

Tout le problème consiste à trouver le bon dosage : c’est ce que va tenter de faire l’Allemagne dans la négociation salariale du secteur de la métallurgie, qui va servir de modèle pour savoir si le pays peut assurer une véritable expansion sans dérapage. Il conviendrait aussi que les banques centrales s’orientent vers une limitation de la création monétaire, ce qui suppose une coopération plus étroite des établissements financiers. A cet égard, la décision des Banques populaires de se passer du soutien de la BCE constitue l’amorce réconfortante d’un mouvement qui pourrait gagner d’autres banques.

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