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Benoît Hamon face aux accusations d’islamo-gauchisme ou de complaisance avec l'islam : quel impact pour sa candidature ?
©Reuters

Gare aux trous d'air

En plein entre-deux tours de la primaire citoyenne de la gauche, les accusations du camps de Manuel Valls contre la complaisance supposée de Benoit Hamon vis-à-vis de l'islam pourrait resurgir dans la campagne. Le vainqueur du premier tour pourrait même se trouver fragilisé.

Bruno Jeanbart

Bruno Jeanbart

Bruno Jeanbart est le Directeur Général adjoint de l'institut de sondage Opinionway. Il est l'auteur de "La Présidence anormale – Aux racines de l’élection d’Emmanuel Macron", mars 2018, éditions Cent Mille Milliards / Descartes & Cie.

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Atlantico : Alors que Benoit Hamon devance Manuel Valls à la "primaire citoyenne", l'ancien premier ministre semble miser sur une ligne offensive en liant son concurrent à une "défaite assurée". Dans un tel climat de confrontation, quels effets sur l’électorat de gauche pourrait produire une accusation, à l'encontre de Benoît Hamon, d'une trop grande complaisance sur la question de l'Islam ?

Bruno JeanbartGlobalement, cet enjeu de sécurité est un enjeu assez secondaire dans cette primaire de la gauche. Les préoccupations principales des électeurs qui ont voté dimanche se portent d'avantage sur les enjeux économiques et sociaux, l'emploi et la protection sociale. Les questions d'immigration ou de sécurité arrivent très loin derrière dans leurs préoccupations. L'effet de cette accusation de complaisance avec l'islam ne pourrait être que limité compte tenu de la hiérarchie des enjeux pour les électeurs qui se sont déplacés. Cette hiérarchie, telle qu'évoquée devrait être semblable dimanche prochain. 

On ne peut pas exclure que cette thématique va jouer un rôle sur une partie de l'électorat qui est issu des catégories populaires. Ils n'étaient pas parmi les plus nombreux dans ce vote, mais parmi ces derniers, beaucoup étaient intéressés par la candidature d'Arnaud Montebourg et ça peut avoir un petit effet sur leur report de voix. Dans l'ensemble, les problématiques économiques et sociales restent absolument déterminantes pour cet électorat. 

Au regard de la sociologie des participants à la primaire, quel pourrait être l'impact d'une telle accusation  de la part de Manuel Valls ? Cela pourrait-il être un handicap pour Benoit Hamon, un atout, ou celle ci produirait elle un effet neutre sur le résultat ? 

Tout dépend de comment sont employés les arguments contre l'islamo-gauchisme. Ce sujet de l'immigration et de la sécurité ne constituera pas le point central de la campagne de l'ancien Premier ministre dans cet entre-deux tours. Il va insister d'avantage sur deux points qui lui semblent important. Le premier, ce sera la capacité du candidat désigné par cette primaire à pouvoir bien figurer dans la présidentielle en avril et mai prochain. Il a l'avantage sur Benoit Hamon sur ce point-là. Et deuxièmement, sur le rapport au travail. Est-ce qu'on va vers une raréfaction du travail ? Vers la fin du travail comme semble le penser Benoit Hamon ? Est-ce qu'au contraire, la question est de savoir comment mieux rémunérer le travail comme le pense Manuel Valls ?  

A partir du moment où cette thématique est secondaire, il ne constitue pas son angle principal, cela n'aura pas d'effets néfastes contre lui.  

Dans une optique de victoire pour Manuel Valls, quels pourraient être les effets d'un tel positionnement dans son opposition à Jean Luc Mélenchon et à Emmanuel Macron ? De la même façon, quelles seraient les implications d'une victoire de Benoît Hamon ? 

Dans cette perspective-là, c'est une thématique qui sépare Manuel Valls de Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, principalement d'Emmanuel Macron. Leur rapport aux questions de sécurité et d'immigration est assez différent. Entre les deux, on voit qu'Emmanuel Macron a fait part de ses doute sur les effets de la déchéance de nationalité. De plus, il est pro immigration alors que Manuel Valls incarne une gauche plus équilibrée, pas pro immigration, mais pas non plus complètement fermé sur ces débats-là par rapport à la droite. Pour Jean-Luc Mélenchon, le rapport est plus ambigu. Jean-Luc Mélenchon rejette plus le sujet de l'immigration comme sujet majeur. Mélenchon a tendance à dire que tout cela n'était pas prioritaire pour les Français. Ce n'est ni bon, ni mauvais selon lui. Mélenchon est historiquement plus ouvert sur son rapport à l'immigration. Cela pourrait constituer une ligne de fracture avec une candidature de Manuel Valls et celle de Mélenchon ou Macron. 

De ce point de vue, il y aurait moins d'effets car moins de différences entre les positions de Benoit Hamon et de ses deux concurrents à gauche.  La question qui peut se poser pour Benoit Hamon, c'est beaucoup plus sa capacité à aller chercher un vote des catégories  populaires dans la présidentielle alors que celles-ci sont sensibles aux discours identitaires, aux discours sur la sécurité qui ne sont pas des thématiques familières à Benoit Hamon. Sur son projet économique, on voit bien ce qui pourrait séduire les électeurs de gauche mais sur les questions de sécurité, c'est assez difficile de savoir quelles seraient ses positions et son discours. Cela ferait partie des sujets ou il sera interressant de voir comment il évoluera s'il est désigné candidat à la présidentielle par la primaire PS. 

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