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La "préférence nationale" ? 
Aïe, les Français vont morfler…
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Zone franche

Les Suisses en ont marre, de ces étrangers qui viennent leur piquer leurs jobs, font baisser les salaires et expédient leurs francs vers leurs contrées de misère. Hum, ça ne vous rappelle rien ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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J’aime bien les histoires de frontaliers français en Suisse en butte à l’hostilité des travailleurs locaux. Je trouve d’ailleurs qu’elles devraient faire un peu plus de bruit dans la presse gauloise, ça remettrait les idées en place des amateurs de "préférence nationale "…

La dernière en date, c’est une polémique déclenchée par le patron des hôpitaux universitaires de Genève, Bernard Gruson, qui aimerait bien que l’on cesse de recruter des cadres français."Sur les 165 responsables d’unités de soins, 110 d’entre eux sont des frontaliers. J’ai donc décidé de privilégier un retour à l’équilibre", expliquait-il l’autre jour, très agacé, àLa Tribune de Genève.

Je ne sais pas comment votent les gens qui traversent la frontière franco-suisse chaque matin, j’imagine qu’il doit y avoir un peu de tout, mais à ceux d’entre eux qui seraient tentés par le FN, on a bien envie de rappeler qu’ils sont, du point de vue helvète, l’exact équivalent du "problème" posé par ces travailleurs immigrés accusés de piquer les jobs des nationaux, de faire baisser les salaires et de renvoyer leur pognon dans leurs contrées de misère au lieu de le réinjecter dans l’économie qui met du Vacherin dans leur fondue.

L’UDC de Christoph Blocher, qui est un peu le Marine Le Pen du cru, le rouge à lèvres en moins, est d’ailleurs très en pointe sur ce combat et multiplie les initiatives visant, au grand minimum, à imposer ces parasites à la source pour récupérer un petit peu de leur francs forts (des accords binationaux permettent aux "frouzesde n’alimenter que le Trésor public français, bien moins gourmand que le percepteur suisse quoi qu’on en dise).

Même membre du FN, on est toujours le bougnoule de quelqu'un...

On est de tout cœur avec nos compatriotes forcés d’aller vendre leur force de travail chez nos voisins, qui rémunèrent un employé de McDo au tarif d’un PDG du CAC 40, tout comme on compatit avec les hôpitaux savoyards qui ne peuvent plus recruter qui que ce soit compte tenu de l’attractivité tarifaire de leurs homologues confédéraux. Mais on a tout de même envie de leur rappeler qu’on a beau voter à la droite de la droite, on est toujours le bougnoule de quelqu’un.

Notez que la colère des salariés suisses à l’égard de la main d’œuvre qualifiée importée de France part parfois d’un bon sentiment : eux-aussi, ils n’aiment peut-être pas priver le tiers-monde de ses forces vives, sans lesquelles il n’y a pas de développement possible ("Nous nous engagerons sur une politique d’immigration visant à prévoir le retour des élites dans leur pays, afin de ne pas vider cyniquement les pays du tiers-monde de leur matière grise, et donc de toute chance de se développer", Marine Le Pen, 21 février 2011)…

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