Vu d’Allemagne : Valls, "un affamé de pouvoir" ; François Hollande, une fin "ridicule" ; Fillon-Macron, le duel qui se profile<!-- --> | Atlantico.fr
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Les milieux politiques allemands reprochent à l'ex-Premier ministre français son arrogance.
Les milieux politiques allemands reprochent à l'ex-Premier ministre français son arrogance.
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Atlantico Business

La presse allemande se déchaîne contre l'exécutif français : elle n’a pas de mots assez durs pour fustiger le quinquennat de François Hollande et la gouvernance de Manuel Valls.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Alors qu'Angela Merkel a été désignée ce lundi, sans aucune difficulté, par la CDU pour se représenter aux élections de l’année prochaine, la classe politique allemande et le monde des affaires d’outre Rhin, se délectent du spectacle offert par la France.

Les derniers évènements de la gauche ont été suivis comme un "reality show" de la télévision américaine.  

La décision de Manuel Valls a sans aucun doute été l’épisode le plus violemment commenté.

Sur le fond, le Spiegel et la Fransfurther Allgemeine Zeitung mettent l’accent sur le piège dans lequel est enfermé Manuel Valls. "Comment ce réformateur, ce rénovateur va-t-il convaincre la gauche du Parti socialiste qu'il a lui même braquée de se rassembler autour de lui ? Il en a besoin. La mission est impossible" et d’ajouter, "voilà un responsable politique qui trace les grandes lignes d’un programme qui tourne le dos à ce qu‘il a fait, comme Premier ministre".

Mais, dit encore la presse allemande, ça n’est pas la première fois qu’un candidat fera des promesses, qui sont un peu décalées par rapport à quelques uns des principes de réalité.

Mais au-delà du fond, du projet qui peut encore changer, c’est la forme empruntée par Manuel Valls qui provoque les critiques les plus acerbes.

D’abord, les milieux politiques allemands lui reprochent son arrogance et en matière d’arrogance, les Allemands sont pourtant assez maitres. Ceci étant, écrit la FAZ, Manuel Valls a complètement zappé l'étape de la primaire et fait acte de candidature à la présidentielle.

Angela Merkel, qui vient d’être désignée par son parti pour se représenter à la tête de l'Etat pourrait logiquement dire que les jeux sont faits, mais jamais elle ne le fera. Manuel Valls,lui, parle comme si la primaire n’existait pas, alors qu'il vient de s 'ngager dans une course qui est loin d’être gagnée d’avance.

Donc l'arrogance serait désormais dans l'ADN de la gouvernance française. Mais ce n'est que le début de la critique. Les uns présentent l'ex Premier ministre comme un ambitieux et surtout comme un "affamé du pouvoir"

Le Spiegel rappelle "qu’il a une soif de pouvoir énorme, une affirmation de soi insupportable et qu'il agit déjà comme s’il avait gagné".

Plus cruelle encore, la FAZ rappelle la carrière de Manuel Valls, un briseur de tabous, l’homme qui voulait rénover la gauche, l'homme qui s’est sourcé au lait provocateur et réfléchi de Michel Rocard.

Le comble c’est que Valls n’a pas une seule fois fait référence a son cher mentor, Michel Rocard, qui doit se retourner dans sa tombe.

François Hollande s’en sort mal, lui aussi. Pour la presse allemande, qui rapporte des propos de la classe politique, le président français qui a, de part les institutions, le pouvoir le plus puissant du monde, beaucoup plus puissant que le président américain, termine son mandat dans le ridicule.

Ridicule de ne pas avoir de bilan. Ridicule d’avoir été éliminé à l’issue d'un coup d’état larvé au sein de l’Etat. Ridicule d’être obligé d’assister à une campagne qui montre que le parti qu’il avait reconstitué est en miettes.

Pour les Allemands, ce qui s’est passé en France est incompréhensible : "comment un président aussi puissant a-t-il pu gouverner de façon aussi faible ?".

Les politiques allemands ne lui pardonnent rien et ne lui reconnaissent même pas un talent particulier au niveau international. Sur l'Europe, les Allemands en viennent à souhaiter qu'il ait été un président plus fort et plus déterminé. "Ce président français, dit le journal de Francfort, n’avait aucune classe, aucun style. Une dilettante qui laissait faire".  

La presse de ce mardi, regrette, en revanche le départ de Matteo Renzi en Italie, mais considère que ce départ n'est pas définitif. Le résultat des élections italiennes n'est absolument pas de la même nature que ce qui s’est passé en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis.

N’empêche que Matteo Renzi parti, et Hollande réduit au silence d’un monarque sans pouvoir, les Allemands soulignent qu’Angela Merkel va se retrouver bien seule pour défendre l’euro.

C’est d’autant plus important que Michel Barnier, chargé par la Commission de préparer la négociation pour le brexit a livré sa feuille de route et que selon lui, il va falloir démarrer et même provoquer la négociation assez vite. Mais avec qui, avec quelle autorité politique ?

Angela Merkel est, une fois de plus, seule.

Alors, les Allemands en viennent à souhaiter que les choses s’arrangent assez vite à Paris. Une grande majorité du monde des affaires et de la majorité politique attendent finalement deux hommes.

François Fillon, qu’ils connaissent bien et en qui ils ont confiance. La conception qu’il a de la politique économique et du rôle de l'Europe n’est pas éloignée de la conception allemande. D’autant que François Fillon voudrait travailler à un modèle de relations sociales avec des syndicats forts qui s'approche de ce qui a fait la prospérité et la stabilité de l’Allemagne.

Mais les Allemands attendent aussi Emmanuel Macron, qui pour eux est le seul en France à apporter du sang neuf. Ils sont bluffés par son charisme dans les milieux du business de Francfort et chez les jeunes. En déplacement hier à New-York, Emmanuel Macron a déplacé les foules dans les université et ses propos très critiques à l'égard du modèle américain ont occupé les réseaux sociaux en Amérique du Nrd et en Europe ... mais, soit-dit en passant, les Allemands ont beaucoup plus décortiqué et suivi les discours de Macron que les Français de France.

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