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Plan d'austérité grec : dire "non", d’accord, mais à qui ?
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Zone franche

Les Grecs ont bien raison de se rebeller. Dommage qu’ils n’aient personne contre qui le faire. C’est une tragédie.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Difficile de ne pas comprendre la colère des Grecs, qui manifestaient dimanche par dizaines de milliers devant leur Parlement. Si les mesurettes promises par Hollande et Sarkozy passent ici pour "douloureuses", on se demande s’il existe un mot français pour qualifier le nouveau plan d’économie proposé du côté d’Athènes en échange d’une nouvelle injection de cash par Bruxelles et le FMI.

Hum, apparemment, même en ελληνικά, le dictionnaire déclare forfait…

22% de baisse du salaire minimum (et -32% pour les moins de 25 ans), par exemple, ça donne déjà une idée de l’effort exigé d’un pays où le coût de la vie est à peine inférieur au nôtre et où l’on devra pourtant apprendre à se débrouiller avec 586 euros par mois. Et ça, c’est pour ceux qui ont du boulot parce qu’avec 18% de chômage (40% d’augmentation en un an), les smicards athéniens passeront bientôt pour des privilégiés.

Mais ce n’est pas tout : baisse de 10% des traitements des fonctionnaires, fin des hausses de salaires à l’ancienneté pour le public comme pour le privé, réduction drastique des niveaux de remboursement des soins médicaux… Même le budget de la Défense recule ce qui, pour cette petite nation un poil parano, est l’équivalent symbolique d’une réduction de la dotation du ministère de la Culture chez nous !

Difficile de ne pas comprendre leur colère, donc, mais pas plus qu’il n’est difficile de saisir par quel processus ils aimeraient bien remplacer ce traitement de cheval : la Grèce n’a plus un euro vaillant, survit péniblement de la charité internationale depuis deux ans, charité subordonnée à la poursuite de ce suicide au ralenti… Pile tu perds, face aussi. Et ces gens qui hurlent dans les rues, on voit mal ce qu’ils exigent exactement ― au-delà de la fin du jeu de massacre et donc de la mise sous perfusion de leur économie sans aucune contrepartie, bien entendu.

Le pire, c’est que même la martingale mélencho-lepéniste du retour à la drachme et d’un défaut intégral sur la dette ne leur rapporterait pas grand chose. Ah si, peut-être : un peu plus de pauvreté, voire une guerre civile et un retour des colonels.

Ils ne sont même plus dans une impasse, les Grecs, mais à donf sur ce rond-point du sketch de Raymond Devos qui n’ouvre que sur des sens interdits et voit le passager de l’ambulance transféré dans le corbillard qui tournait derrière lui…

Notez que du point de vue français, ce spectacle tient surtout de la bande-annonce. C’est du moins ce que laisse entendre Didier Migaud, premier président de la Cour des Comptes, lorsqu’il observe les programmes de nos deux présidents putatifs. A cette aune, la dette à 100% du PIB, il la pressent pour "2015, 2016" au plus tard, ce Cassandre en complet-veston. Bon, il verrait bien aussi un moyen d’éviter ça, bien sûr, mais Cassandre, c'est historique, on ne l’écoute jamais.

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