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Un électeur trouvé à Argenteuil ? “Juppé, il est comme Mélenchon : il est de gauche !”
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Enfin la vérité…

C’est l’opinion de l’un des meilleurs connaisseurs de la politique française. Il est chômeur, il s'appelle Zhouir, 27 ans, et habite à Argenteuil.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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La dalle d’Argenteuil fut souillée en 2005 par un énergumène agité et teigneux. Dans cet endroit respectable et sanctifié, il lança un horrible : "la racaille je vais la nettoyer au karcher". Des centaines de milliers de "jeunes" se sentirent insultés. Il est vrai que quelques temps auparavant, un enfant avait été tué à ce même endroit lors d’un échange d’incivilités entre deux groupes rivaux.

Cet argument fut invoqué pour sa défense par l'énergumène, un certain Nicolas Sarkozy. Une gesticulation verbale totalement inutile… Le blasphème était avéré. Et le blasphémateur clairement identifié. L’offense devait être lavée. Et il fallait que la souillure fût effacée. Un exorciste vint, un roi thaumaturge : Alain Juppé. Et il trouva les mots qu’il fallait pour faire disparaître la trace maudite du "karcher" stigmatisant et haïssable. Fusèrent alors des mots qui réconcilièrent Argenteuil avec la paix, la vie et l’amour…

"Je préfère parler des réussites et des talents plutôt que des racailles". Il fallait qu’enfin ces choses-là soient dites. Et prononcée devant une boucherie halal, cette phrase sonna aussi bien qu’un Te deum à Notre Dame. Et maintenant, force est de nous incliner devant le chantre de l'identité heureuse. Avec lui, le noir triste et glauque se pare de tous les reflets du mauve et les pluies moroses s’illuminent toujours en arc-en-ciel. Le maire de Bordeaux excelle dans le registre tendre de bonne nuit les petits et avec lui les roses n’ont jamais d’épines.

Comment ne pas suivre un homme pareil, comment ne pas être subjugué par sa sainteté irénique ? Oui, pourquoi parler de ceux qui brûlent des voitures de police, de pompiers, des autobus, alors qu'il y a des "talents" et des "réussites" ? Oui, pourquoi se focaliser sur les milliers de fichés S et de djihadistes alors qu’il serait tellement plus aimable d’évoquer les centaines de milliers de "jeunes" qui ne sont pas partis pour la Syrie ou pour l’Irak ? Oui, pourquoi insister lourdement sur les prédicateurs musulmans pour lesquels une femme sans voile est une s… dont tout le monde peut se servir au lieu d'évoquer les imams qui ne disent pas ça ?

Avec Alain Juppé, le bonheur est toujours au rendez-vous. Vous êtes Gare Saint-Lazare et on vous annonce que votre train pour Evreux partira avec deux heures de retard. Comme des centaines d’autres passagers, vous êtes en colère. À ce moment-là, la voix suave du maire de Bordeaux sort des hauts-parleurs, réconfortante et chaleureuse. "Consolez-vous, chers usagers de la SNCF. Nous avons le grand bonheur de vous annoncer que le train Paris-Bordeaux partira de la Gare Montparnasse sans aucun retard". Il est comme ça, Alain Juppé. Et c’est comme ça qu’on l’aime. À Argenteuil en tous cas. Conquis par la douceur de son verbe, Zhouir, 27 ans, chômeur, lui a déclaré sa flamme. "Juppé est comme Mélenchon, il est de gauche". Nous allons lui laisser le dernier mot.   

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