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Députés endormis 1 - Digital français 0. L'Assemblée nationale cloue le digital français au pilori et le relègue à une officine administrative
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Les élections approchent et il faut se prostituer habilement afin de ramener des "gages de virginité" à ses électeurs conservateurs, lorsqu'ils les retrouvent, le samedi matin au marché, en province. Le passé paie mieux que l'avenir pour tous ses députés aveugles.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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La chasse aux sorcières du digital a commencé. Entraînés par Christian Eckert pour qui fiscaliser est un réflexe physiologique, lui même soutenu par Karine Berger et Valérie Rabault, qui sont au numérique ce que Messerine était au bien public, il a fallu une seconde lecture, pour finalement décapiter l'économie collaborative qui avait cru survivre au premier vote. C'est dire l'obstination létale de ces inquisiteurs du 21e siècle, dont les ancêtres étaient sûrement en Espagne au 15e siècle, pour chasser d'autres minorités...

De façon étrange, ces anti-américains primaires, ont cédé, de la même façon que leurs ennemis de dogme, aux mêmes lobbies qui ont conduit la ville de New York à interdire (de fait) Airbnb, en cédant aux hôteliers. La critique a été unanime aux USA, qui s'est immédiatement posé la question de la rationalité de tarir la source d'expansion d'une offre qui permet d'accueillir tous les budgets des touristes et apporter aux USA, des devises.

De façon amusante, ceux qui se sont opposés à cette loi idiote, jeudi, à l'assemblée, ne sont habituellement d'accord sur rien! Les écolos y étaient totalement opposés, car malgré leur retard sur nombre de sujets, ils sont assez en pointe sur les phénomènes collaboratifs, qu'ils étudient dans le monde entier. Les amis de Arnaud Montebourg ont voté contre. Mais aussi des députés LR éclairés, comme Frédéric Lefebvre. Pour le reste Marine Le Pen peut dormir tranquille, on a assisté à un bel élan de stupidité UMPS, qui a voté majoritairement pour. 

Les élections approchent et il faut se prostituer habilement afin de ramener des "gages de virginité" à ses électeurs conservateurs, lorsqu'ils les retrouvent, le samedi matin au marché, en province. Le passé paie mieux que l'avenir pour tous ses députés aveugles.

Quand je dis "tous ces députés" il faut rester calme. Ils étaient moins de 40, encore disponibles, peut être endormis, à voter ce texte. Taxer l'avenir aura nécessité la présence de moins de 10% des 577 députés, qui avaient peut être voté au passage, leur soumission aux 35 heures? Si ils ne pratiquent pas de travail de nuit, rien n'empêche leur lâcheté d'apparaître en plein jour. Un vendredi sous forme de gueule de bois, pour une économie numérique française, faite de petits acteurs, qui ne demandent qu'à devenir grand et pouvoir lutter pour équilibrer la prédominance américaine.

Mais non, en tuant des sociétés françaises qui contrairement à leurs homologues américains, n'ont pas les moyens de subir de tels revers, nous supprimons nos propres champions au profit des américains, alors que cette loi était manifestement destinée à leur porter un coup vengeur. Bravo le calcul !

La conséquence est de faire rentrer l'économie numérique dans ce marécage administratif qu'est le RSI, cette administration désorganisée et coûteuse, qui n'arrive pas à se réformer elle même. 

La conséquence est de transformer nos sociétés en comptables du trésor un jour, et en guichet administratif le lendemain, à l'heure où l'inflation de la masse salariale de l'administration, notamment territoriale, gonfle les effectifs de l'Etat. On aurait pu s'attendre à ce que ces "emplois administratifs d'avenir" fasse le travail à la place de nos entreprises? Eh bien non.

La conséquence c'est que nous allons taxer l'avenir, la solidarité et le climat:

L'avenir en causant la mort de société comme Drivy, ou Heetch, qui du fait de la subtilité de la loi française, sont considérés comme diaboliques, alors que Blablacar est parée de toutes les vertus (pourquoi?). Et par là même, à tout le numérique français, car chaque trimestre, la seule certitude que nous ayons dans ce pays est que la fiscalité et l'interdiction, sont les seules réponses du politique au développement du digital.

La solidarité, car cette économie collaborative est celle du partage, de l'entraide, du lien retrouvé entre des millions de français, qui tentent de s'en sortir en partageant leurs charges à défaut de pouvoir accroître leurs revenus.

Le climat, car on taxe et on charge ainsi la vertu d'un système qui préfère mettre 4 personnes dans une seule voiture plutôt que dans quatre.

Nous avons fait un choix, à droite comme à gauche. Le passé. Le conservatisme. L'immobilisme qui est définitivement, comme au temps de la IIIe République "en marche". Une raison de plus de tourner le dos aux candidats, gauche et droite, de ces primaires pitoyables, sans pour autant alimenter les extrêmes. 

Cette tribune est un appel à la révolte. Lançons des "Pigeons, le retour"?

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