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L’article sur les noirs dans Elle était-il vraiment plus caricatural que "La vérité si je mens"?
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Zone franche

« La vérité si je mens » est plus rempli de préjugés et de clichés sur les juifs et à peine plus marrant qu’un passage télé de Dieudonné. Mais ça n'est pas grave.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Audrey Pulvar ― qu’un court papier bourré de clichés mais généralement anodin paru dans Elle sur la « black fashion » avait mise dans tous ses états ― n’a pas l’air de se formaliser du succès remporté par la troisième édition de « La vérité si je mens ».

Le film de Thomas Gilou, dont on sort informé de ce que les juifs sépharades sont essentiellement une joyeuse bande d’escrocs et de fraudeurs montant des coups foireux dans l’arrière-salle de leurs boutiques de fringues, fait pourtant bien davantage pour la consolidation des préjugés qu’une année entière du grand hebdo féminin.

C’est d’ailleurs étrange, parce que les deux précédentes livraisons ne m’avaient pas fait le même effet du tout. Ma foi, c’est peut-être que l’indigence abyssale du scénario et la lourdeur du cabotinage à accent pataouète des acteurs sont plus horripilants ce coup-ci.

A trop tirer sur la lanière de son sweat rose à capuche Naf-Naf, elle finit sans doute par céder.

Me glissant un instant dans la peau d’un redresseur de torts relativiste, du genre de ceux qui tombent dans tous les panneaux posés sur leur chemin par Claude Guéant, je me suis demandé s’il fallait appeler au boycott de ce navet, lancer une pétition, exiger la diffusion d’un film montrant d’honnêtes juifs orientaux profs de SVT ou agents des impôts en réparation du préjudice subi... Mais je me suis dit que je serais bien seul, face aux bientôt deux millions de spectateurs engrangés depuis sa sortie.

Et surtout, je me suis rendu de compte que je m’en fichais comme de la première montre reçue pour ma bar-mitzvah (une quinzaine au total, j’ai de la marge), de ce film indigent. Après tout, les gens avaient l’air de se marrer dans la salle et, si je peux me permettre un minimum de « racial profiling », les spectateurs juifs n’étaient pas les derniers à se taper sur les cuisses en observant José Garcia piquer le pognon de sa vieille mère et entourlouper son vieux beau-père frappé d’amnésie sur son lit de souffrance…

Éradiquer la connerie est-il d’ailleurs un objectif raisonnable ? Et peut-on imaginer de formater à ce point les gens qu’ils ne dévieront plus du discours 100% sans aspérité universalo-progressiste exigeant que l’on ne se moque jamais ni de rien ni de personne avec ou sans mauvais goût ? Oui, à la réflexion, on pourrait peut-être. Mais aux films et aux articles que générerait une société de ce genre ― la vérité si je mens ! ―, je préfère encore les nanars made in Sentier et les chroniques con-con dans Elle.

Pour Audrey Pulvar, je ne sais pas.

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