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Pourquoi Emmanuel Macron est devenu la nouvelle pomme de discorde des centristes
©Reuters

Cap au centre, moussaillon

Une candidature Macron pourrait être dangereuse pour le président du Modem qui, si Nicolas Sarkozy est désigné lors de la primaire, a annoncé son intention de se représenter. Une bonne raison, pour son adversaire centriste Jean-Christophe Lagarde, de soutenir l'ancien ministre de l’Économie ?

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Ils n'en finissent pas de se parler, par médias interposés. De dire qu'ils veulent s'unir à nouveau. Réunir les centres. Mais la réalité est toute autre, car à la fin, il n'en restera qu'un. Jean-Christophe Lagarde et François Bayrou bataillent, en réalité, pour être le survivant de cette guerre des centres lancée en 2002 et qui ne semble pas proche de l'armistice.

Hier encore, les deux hommes ont échangé une passe d'arme d'anthologie. Le matin, invité chez Jean-Jacques Bourdin, François Bayrou lance une charge sans précédent contre Emmanuel Macron. "Il y a là une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois par plusieurs grands intérêts financiers et autres, qui ne se contentent pas d'avoir le pouvoir économique, mais qui veulent avoir le pouvoir politique", affirme le troisième homme de la présidentielle de 2007. "On a déjà essayé plusieurs fois… On a déjà essayé en 2007 avec Nicolas Sarkozy, et ça n'a pas très bien marché. On a essayé en 2012 avec Dominique Strauss-Kahn… Et ce sont les mêmes forces qui veulent réussir avec Macron ce qu'elles ont raté avec Strauss-Kahn". Mais en réalité, cette charge, si elle vise ouvertement l'ancien locataire de Bercy, qui pourrait gêner une candidature de François Bayrou, est aussi adressée au patron de l'UDI qui depuis fin août répète qu'il veut travailler avec l'ancien ministre de l'Economie afin de "proposer une nouvelle offre politique aux Français".

Jean-Christophe Lagarde a réitéré, hier, son offre de service en faisant, cette fois, les choses en grand : une radio le matin et un déjeuner de presse à midi au cours duquel il a presque exclusivement été question de ce futur deal. Selon le président de l'UDI, le scénario de second tour de 2017 ne comporte qu'une seule inconnue : qui sera face à Marine Le Pen ? Or, quel qu’il soit, l'adversaire de la présidente du FN devra réunir les électeurs de droite et de gauche. "Mais pour ça, il faut être capable de travailler ensemble avant, ça ne peut pas se faire dans le dos des électeurs entre les deux tours comme ça été le cas lors des régionales".

"Lorsque Emmanuel Macron a pris la décision de quitter le gouvernement et a dit qu’il souhaitait discuter avec des gens du centre, nous avons affirmé que nous avions vocation à discuter avec lui", explique le maire de Drancy. Depuis, les deux hommes se sont vus mais leurs discussions n'ont, pour l'instant, débouché sur rien, Emmanuel Macron souhaitant d'abord faire un diagnostic de l'état de la France. "Sur les modalité de la discussion, on verra", évacue Jean-Christophe Lagarde, qui avoue aussi ne pas savoir ce que pense Emmanuel Macron sur pas mal de sujets comme l’éducation, la défense ou la justice.

Discuter avant, préparer un accord de second tour en amont, c'est aussi ce que dit et répète Manuel Valls et son entourage. Ce que décline à longueur de tribune Jean-Marie Le Guen. Alors pourquoi Jean-Christophe Lagarde a-t-il jeté son dévolu sur Emmanuel Macron alors qu'il avoue ne pas savoir ce qu’il pense sur nombre de sujets et que, comme le reconnaît Laurent Hénard, le président du Conseil national de l'UDI : "les personnes de bonne volonté vont de Juppé à Valls" ?

Pourquoi donc ne pas avoir, aussi, ouvert des discussions avec l'entourage du Premier ministre qui a déjà pris langue avec nombre de centristes pour préparer l'entre-deux tours ?

Peut-être parce que Manuel Valls est moins utile politiquement qu'Emmanuel Macron. Il ne sera vraisemblablement pas candidat à la primaire et donc encore moins à la présidentielle. Ça n'est pas lui qui mordra sur le terrain électoral d'un Bayrou. Alors qu'une candidature d'Emmanuel Macron viendrait tuer dans l’œuf le rêve du maire de Pau de se présenter une cinquième fois à la présidentielle.

Or, Jean-Christophe Lagarde masque à peine son envie de voir Macron supplanter Bayrou : "Après quatre élections, il sera plus difficile pour François Bayrou d'incarner le renouveau, or les électeurs de François Bayrou ont aussi envie de renouvellement". Et d'ajouter, faussement naïf : "je suis très étonné de la porte fermée que François Bayrou affiche alors qu'il dit que droite et gauche doivent travailler ensemble. Nous nous ne sommes pas un centre flou mais nous ne sommes pas non plus un centre fermé". Bref, l'heure n’est pas à l'apaisement. Emmanuel Macron n’est qu'une nouvelle pomme de discorde entre les deux hommes qui ont déjà un lourd passif.

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