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Donnez-nous envie d'y croire !
©Reuters

Apprendre à manager

A l'occasion d'une interview dans Les Echos, Pierre Gattaz a présenté son projet pour redresser la France et générer la croissance. Un vaste programme qui repose en grande partie sur les entrepreneurs.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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C'est le thème de l'université d'été du MEDEF, vaste programme ! Une exhortation qui s'adresse certes aux entrepreneurs mais surtout d'évidence aux élus politiques de tous bords qui ne manqueront pas de s'y montrer.

A quelques chose près le malheur est bon, à force de crises, de cracks, de grèves, de chômage etc. l'entreprise contrairement à ce que l'on pourrait croire a conforté sa place prépondérante économique et sociétale : jamais sans ma boîte ! Même si par fidélité idéologique on continue à gauche de fustiger ces "salauds de patrons" qui s'en mettent plein les poches au détriment des pauvres.

On a tout essayé pour dégoûter de façon caricaturale le citoyen-salarié de son oppresseur, ce chef qui veut le faire travailler trop, met les clés sous la porte sans prévenir ses salariés, s'attribue des rémunérations exorbitantes dans les grosses boîtes etc... Les stocks options sont dans la ligne de mire même lorsqu'elles permettent aux salariés de s'enrichir. Ces boucs émissaires patronaux, rêvés, permettent de rejeter les difficultés du pays sur une cible finalement sans défense ni pouvoir de nuisance sinon celui de l'expatriation (bon débarras : casse- toi riche con ! ).

Et pourtant, miracle du bon sens, aujourd’hui les français considèrent que l'entreprise est le socle fondateur de la société française, ils lui accordent leur confiance presque au même niveau qu'à leur famille ! et ils sont près de 70% à déclarer "j'aime ma boîte".

L'entrepreneuriat est donc largement encouragé du moins dans le discours officiel, les PME adulées (surtout quand elles souffrent et qu'elles sont peu profitables) et c'est bel et bien une victoire gagnée contre un" État -entrepreneur" répartiteur des richesses, créateur d'emplois publics et recours absolu à tous nos maux, une société étatique que l'on nous vend avec acharnements depuis des dizaines d'années.

Aussi, lorsque nous allons interpeller les hommes politiques ce 31 août sur le campus de Jouy-en Josas,ce n'est pas de leurs promesses ni même de leur vision économique dont nous avons réellement besoin mais de leur capacité managériale à comprendre le quotidien des entrepreneurs bridés dans leur élan. Qu'ils nous expliquent "comment" ils vont réformer pour créer enfin un environnement législatif propice à une croissance qu'ils appellent de leur vœux à qui mieux mieux.

La véritable question à poser est bien là : comment allez- vous vous y prendre ?

Allez-vous enfin écouter les vrais acteurs de la croissance ? Quand allez- vous nous faire confiance au lieu de réclamer la nôtre ! Allez vous réussir à faire cesser ce climat de suspicion et comment vaincre l'hostilité de ceux qui le propagent ? De quel dialogue social parlez-vous, alors qu'il n'existe pas ? Avouez plutôt votre impuissance et votre incapacité à diriger une administration tentaculaire, à faire respecter les lois que vous votez avec des décrets d'application ubuesques... Saurez -vous créer les contre-pouvoirs nécessaires à des administrations répressives tatillonnes et punitives ?

Il faut réformer la France, tous sont d'accord et personne ne voit la même réforme et encore moins les moyens d'y parvenir. Au sein d'un même parti on s'étripe sur la place de l'Etat ou la nécessité de réduire la dette...

Et nous savons tous, nous chefs d'entreprises que pour réformer il faut une méthode, une capacité managériale, surmonter la résistance au changement, expliquer encore et encore, tenir des objectifs concrets, vendre un projet d'entreprise, être entouré de cadres compétents. Nous savons que la première chose à faire est de vérifier que les ressources humaines sont en rapport avec le chiffre d'affaire et qu'il faut accepter de licencier pour restructurer, en sacrifiant quelques uns pour sauver les autres (la fonction publique n'a pas de DRH ! )

Nous investissons en temps passé et financièrement sur des chasseurs de têtes pour trouver des responsables à la hauteur, alors que pour être ministre on continue de s'interroger sur les compétences professionnelles requises.

Nous mourrons donc d'"envie d'y croire" mais notre réalisme et notre bon sens nous disent qu'il faut avant tout gouverner autrement pour se servir enfin de ce droit à l'expérimentation inscrit dans la loi.

Cessez messieurs les élus de prétendre vouloir "élever le débat" et acceptez plutôt de "l'abaisser" pour vous mettre au bon niveau : celui des entrepreneurs de terrain et de leur quotidien à transformer d'urgence ! Descendez dans l'arène, la vraie. Tout suivra... avec la formidable soif d'entreprendre des jeunes et des moins jeunes.

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