Sortir ou pas du gouvernement : Emmanuel Macron confronté à deux mauvais choix<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Sortir ou pas du gouvernement : Emmanuel Macron confronté à deux mauvais choix
©Reuters / Charles Platiau

La peste ou le choléra ?

Le ministre de l'Economie a planifié son départ depuis des mois, mais c'est pour lui une véritable prise de risque. Une fois en-dehors du gouvernement, il peut devenir totalement inaudible et disparaître au milieu de tous les candidats potentiels à la présidentielle.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

Voir la bio »

Il se voyait déjà arrivé, porté par un élan populaire inédit. Puis patatras. Ça a commencé par des jets d'œuf puis, cette semaine, c'est Twitter qui a éreinté Emmanuel Macron. Sa faute ? Etre apparu sur une photo entre Vanessa Paradis et Johnny Hallyday, prise lors de l'anniversaire de Line Renaud. Ne pas avoir su éviter l'écueil de la peopolitique, de plus en plus honnie. Décidément, le chouchou des sondages n'a plus le vent en poupe.

Difficile aussi de trouver une voie politique alors que se profilent la primaire de la gauche puis la présidentielle. Le ministre de l'Economie réfléchit à sa sortie qu'il a planifiée, depuis longtemps, pour le mois de juillet après avoir "bouclé deux ou trois dossiers", selon un proche. Mercredi, le Canard Enchainé annonçait une date, ce sera le 12 juillet, date de son meeting à la Mutualité. Histoire de pourrir un peu la Fête nationale du président de la République?

Une sortie, en tous cas, qui comporte de vrais risques et notamment celui de devenir inaudible, comme Montebourg l'est aujourd'hui. Tant qu'Emmanuel Macron est ministre, ses déclarations sont observées à la loupe, analysées comme autant de coups portés à la politique de François Hollande ou Manuel Valls. Hors du gouvernement, il apparaîtra comme un opposant comme un autre. Tout juste un peu plus à droite que les autres. Il n'a pourtant pas le choix, le ministre de l'Economie se trouve face à une question de cohérence qu'il doit trancher. Ou bien il rentre dans le rang, ce qu'il ne souhaite pas, ou bien il part. Ils sont nombreux à pointer cette logique, jusqu'au Président lui-même."Sur cette situation, il faut clarifier les choses, on ne peut pas être dedans et dehors", lançait hier Matthias Fekl, le secrétaire d'Etat chargé du Commerce extérieur. A l'autre bout de la chaîne, ses soutiens l'incitent eux aussi à clarifier les choses afin de se mettre réellement en ordre de marche et poussent le locataire de Bercy à rompre son bail et à prendre son indépendance.

Mais pour quoi faire ? C'est bien là l'autre risque de cette prise d'indépendance. Pour l'instant, le but n'est pas clair. Emmanuel Macron ne participera pas à la primaire de la gauche. Il l'a dit. En ce qui concerne la présidentielle, les choses sont plus floues. A Londres, mi-avril, invité à une conférence de presse organisée par le Financial Times, il répond à une journaliste qui lui demande : "Est-ce que vous excluez de vous présenter en 2017 ?". "Non !" Le 26 juin, dans La Voix du Nord, il précise : "Je souhaite que ce projet progressiste porte son offre en 2017. Nous nous inscrivons volontairement dans ce calendrier mais de manière positive et pas personnelle". Mais ira-t-il si Hollande se présente ? C'est là que les choses se compliquent. Et que son entourage se divise. "Il a une vraie reconnaissance pour la confiance que François Hollande lui a accordée. Mais la fidélité aux idées l'emportera sur la fidélité à l'homme", souffle un  proche du ministre de l'Economie qui ajoute "François Hollande n'est pas son père politique, c'est son patron, Emmanuel a une démarche de chef d'entreprise, ça n'est pas un bébé Hollande. Le Président et lui n'ont pas les mêmes idées, Emmanuel n'emploiera jamais le mot socialisme". Mais pour d'autre, "il n'y pas d'espace si Hollande y va. Il le sait". Jean-Vincent Placé, qui ne quitte plus le ministre de l'Economie, abonde : "Macron ne se présentera pas si Hollande y va". Et comme tous sont persuadés que Hollande ira…

Alors à quoi bon quitter le gouvernement, lancer un mouvement, faire des meetings ? Pourquoi tant de bruit pour rien ? A moins qu'Emmanuel Macron soit tout bonnement en train d'œuvrer pour François Hollande, une fois de plus ? Si la perspective de sa candidature ne servait qu'à en décourager d'autres comme… celle de François Bayrou ? Rien ne le prouve, mais la question se pose.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !