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Mais pourquoi ces millions de Chinois se filment-ils en direct pendant qu'ils déjeunent ?
©Capture d'écran

Geek

La mode du live streaming, c’est-à-dire filmer une vidéo avec son smartphone et la diffuser en direct sur Internet, a suscité un engouement énorme dans l'Empire du Milieu.

Le live streaming est en train de faire une entrée spectaculaire dans nos habitudes de consommation des réseaux sociaux. Alors que la plateforme d'hébergement de vidéos YouTube proposait déjà des vidéos en direct depuis quelques années, l'application Periscope a véritablement lancé le phénomène du live streaming en France. Facebook lui a emboîté le pas, et Twitter est également en train de tester son futur service de streaming live. Mais là où dans l'Hexagone, ces diffusions en direct rencontrent un franc succès, elles battent tous les records en Chine. Dans ce pays qui compte quelque 670 millions d'internautes quelque 200 millions d'entre eux visitent régulièrement des sites de live streaming.

Solitude des Chinois

Un phénomène qui s'explique par la grande solitude des Chinois, souvent contraints de quitter leurs régions d'origine pour aller s'exiler dans des mégalopoles froides et grises, telles que Pékin ou Shanghai, analyse Bloomberg. En quête de rapports humains, ceux-ci se connectent afin de vivre des rapports amicaux, différents de ceux du monde du travail. Tout le monde s'y essaie, devant tour à tour l'objet de la vidéo, ou le visionneur. Nombreux sont ceux qui se filment en train de manger, en attendant que les internautes connectés au live rentrent en interaction avec eux en chattant.

Certains, pour attirer l'attention de davantage de visionneurs, se livrent à des spectacles, des acrobaties (pole dancing) ou des défis (manger des asticots). De nombreuses Chinoises se filmaient en train de manger une banane de manière érotique, attirant à coup sûr quelques milliers de curieux voyeurs. Une pratique parmi d'autres depuis interdite par le gouvernement : certaines entreprises de live streaming ont même engagé des modérateurs qui s'assurent que les vidéos diffusées ne contiennent pas de contenu violent ou pornographique.

Business lucratif

Il faut dire que plus on rassemble de visionneurs, plus ça paie. Sur ces serveurs de live streaming, les internautes peuvent offrir des cadeaux virtuels à la personne qui diffuse la vidéo. L'argent, lui, est véritable. Une manière de montrer à la personne derrière la caméra qu'on apprécie ce qu'elle fait. La moitié de cet argent va dans les poches de la personne derrière la caméra, l'autre moitié dans celles du serveur. Par exemple, un coiffeur chinois expatrié au Japon interrogé par Bloomberg a confié gagner 1000 euros par mois rien qu'en se baladant dans les rues de Kobe, son téléphone en main, en train de filmer.

Cet argument économique non négligeable a fait naître quelque 200 startups chinoises dédiées au live streaming. Il faut dire que le potentiel économique est gargantuesque. L'une de ces startups, Momo, a généré plus de 14 millions d'euros en cadeaux virtuels en un seul trimestre. Et la publicité de ces services est assurée notamment avec les live streaming de personnalités - par exemple, les parties de poker de Wang Jianlin, le PDG du géant du divertissement chinois, Wanda, ont rassemblé 300 000 internautes derrière leurs écrans.

Seule la censure chinoise pourrait ainsi stopper ce phénomène. Mais il serait bête de se priver de tant de flux d'argent. Le président chinois Xi Jinping s'est contenté de préciser lors d'un congrès du parti communiste en 2015 que l'espace internet chinois devait se plier aux lois chinoises : "La liberté et l'ordre sont nécessaires dans le cyber-espace, comme dans la vraie vie. Le cyber-espace n'est pas au-delà des lois."

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