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L’État se doit d’organiser les termes de l’échange réciproque avec les musulmans de France
©Reuters

Bonnes feuilles

Dans ce livre manifeste, Jean-Frédéric Poisson redessine les contours de ce que doit être notre politique en Orient. Il relate ses entretiens exclusifs avec les acteurs majeurs de la région et appelle au sursaut pour qu'enfin la France soit à la hauteur des enjeux. Le lecteur découvre la place essentielle que la France a perdue dans tous ces pays. Il réalise que c'est une part de notre avenir qui se joue là-bas. Extrait de "Notre sang vaut moins cher que leur pétrole", de Jean-Frédéric Poisson, aux éditions du Rocher 2/2

Jean-Frédéric Poisson

Jean-Frédéric Poisson

Jean-Frédéric Poisson est député des Yvelines et président du Parti Chrétien-Démocrate.

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Dans la tradition de l’islam, il ne peut pas y avoir d’autre loi que celle du Coran : c’est la charia qui doit s’imposer, comme nous le rappellent pêle-mêle quelques imams installés en France, ou le président turc Erdogan depuis Strasbourg. 

Pour autant, je connais l’effort d’adaptation qu’ont fait, et depuis longtemps, de nombreux musulmans qui vivent en France pour s’intégrer au mieux dans notre mode de vie. Je sais aussi que tout aussi nombreux sont les croyants musulmans qui vivent leur foi sans demander autre chose à la France que leur garantir de pouvoir le faire en paix. C’est à eux que je pense d’abord en proposant que la France les associe à la lutte contre la radicalisation en disant (même si ça n’est pas le seul moyen) quel islam elle accepte et lequel elle n’accepte pas. Mais je vois aussi les tensions devenues insupportables dues au comportement conquérant d’un certain nombre de fidèles, et je suis convaincu que ces tensions empêchent que soit donnée toute sa place à une pratique pacifique de l’islam. C’est devenu une obligation et une urgence politiques. 

L’affirmation de cette volonté doit passer par un engagement réciproque. À l’égard des musulmans vivant en France, notre pays, avant d’avoir des droits, a des obligations : celles de garantir le respect de leur croyance et, pourvu que cela soit matériellement possible, l’exercice de leur culte dans des conditions décentes. Il doit également se faire l’obligation de prendre sa part à la formation des imams, par convention avec des organismes de formation faisant autorité dans le monde sunnite. En même temps, l’État doit aussi dire aux musulmans que rien ne doit donner au radicalisme le moindre espoir de pouvoir s’implanter et prospérer : si l’État a des obligations, il a aussi des droits. À ce titre, il lui revient d’organiser les termes de l’échange réciproque avec les musulmans de France. 

Premièrement, l’État français doit prendre langue avec toutes les communautés désireuses de s’implanter dans un lieu de prière : puisqu’il n’y a pas d’autorité théologique capable de faire valoir une vision précise, adressons-nous aux autorités locales capables de faire respecter un engagement et demandons à l’État de discuter avec les représentants des groupes de croyants.

Deuxièmement, la constitution d’une association cultuelle doit être exigée sans restriction, comme préalable à toute forme de regroupement formel. Les lois françaises sont précises sur les droits et devoirs de ces associations.

Troisièmement, cette association doit respecter des engagements précis, fixés par le peuple français via la loi : les prêches dans les langues étrangères et le recours au financement provenant de personnes morales ou physiques étrangères doivent être interdits. Une charte prohibant, entre autres, les propos agressifs à l’égard de l’ordre public est signée et promue par les responsables de l’association.

Quatrièmement, le contrôle du respect de ces engagements peut être exercé conjointement par l’État et un ensemble de personnes connues pour leur parfaite connaissance ou leur pratique de l’islam. 

De telles dispositions permettront-elles à elles seules de supprimer le radicalisme religieux demain ? Sans doute que non. À tout le moins, cet ensemble d’engagements permettrait de briser un des arguments manifestes de la radicalisation : le manque de considération, ou de reconnaissance, porté sur les musulmans français et ressenti par eux comme une forme de brimade. Cette logique contractuelle est la meilleure manière, dans la France d’aujourd’hui, de sortir du silence gêné sur les questions liées à l’islam, et de combattre, avec des outils de droit, des expressions spirituelles qui n’ont rien à faire dans notre société. Elle est aussi la seule capable de faire valoir la volonté de l’État en la matière, et lui donner les moyens de la faire respecter. Évoquant d’ailleurs ces sujets lors d’un entretien à Paris au printemps 2016 avec le grand cheikh d’Al Azhar, le docteur Tayeb, j’avais compris qu’il était en accord avec ce genre de perspectives. Sur cette question comme sur tant d’autres, l’attente des Français est grande.

Extrait de Notre sang vaut moins cher que leur pétrole, de Jean-Frédéric Poisson, publié aux éditions du Rocher, 23 juin 2016. Pour acheter ce livre, cliquez ici

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