Le Vade mecum du parfait manifestant ou comment faire preuve d’imagination pour ne pas se faire arrêter… ou s’en tirer à bon compte<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Le Vade mecum du parfait manifestant ou comment faire preuve d’imagination pour ne pas se faire arrêter… ou s’en tirer à bon compte
©

Petit guide

A Rennes et en Bretagne, à l’occasion des récentes manifestations, a été rédigé un Vade mecum à l’objectif clair et net : renseigner le plus complètement possible, sur leurs droits, les personnes interpellées. Mais surtout, ce document, qu’a lu Atlantico, se penche sur les précautions à prendre pour éviter d’être identifié. Précautions à la lisière du droit. Edifiant.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

Voir la bio »

Que faire lorsqu'on est interpellé par la police lors d’une manifestation ? Doit-on accepter la comparution immédiate ? A-t-on le droit de se taire pendant la garde à vue ? Quels pièges éviter lors des manifestations pour ne pas être vite repérés ? Quelles consignes de prudence doit-on respecter ? Etonnant, non ? Eh bien non, ces questions et conseils formulés aux manifestants, notamment lors des manifestations à Rennes et en Bretagne ont été fournis sous forme d’un Vade mecum de deux pages dont Atlantico a eu connaissance. En voici les passages principaux déjà dévoilés par Marianne.

L’hypothèse de l’arrestation. D'abord, conseille le document, ne vous énervez pas, vous risquez une plainte policière pour outrage… et si vous vous débattez lors de l’interpellation, vous risquez une plainte pour rébellion. Ensuite, en cas de contrôle d’identité, vous pouvez être retenu pendant 4 heures. Si vous êtes placé en garde à vue - qui peut durer jusqu'à 48 heures - ne dites rien ou simplement "je n’ai rien à déclarer". C’est en effet au juge de démontrer votre culpabilité. Et les auteurs du Vade mecum de poursuivre : "Vous pouvez également refuser le prélèvement de votre ADN, mais vous risquez alors une condamnation".

Une fois cette phase terminée, trois options peuvent être proposées au manifestant interpellé : une comparution pour un procès ultérieur, une comparution devant le procureur de la République en vue d’une convocation ultérieure pour un procès et une comparution immédiate devant le juge qui peut déboucher, dans la foulée, sur une condamnation. Cette dernière option est totalement déconseillée. En effet, "la comparution immédiate fait souvent office de justice expéditive". Bien évidemment, laisse entendre le document, le refus de la comparution immédiate offre un avantage : "Celui d’avoir plusieurs semaines pour organiser sa défense" et, en prime, l’avocat est présent lors de la garde à vue. Toujours à propos de la comparution immédiate, le Vade mecum ne se montre guère tendre avec les avocats. Jugez plutôt : "un certain nombre d’avocats commis d’office seront de mauvais conseils et vous conseilleront d’accepter la comparution ou d’avouer… Ne les écoutez pas aveuglément, ils sont souvent inexpérimentés en matière de droit pénal ou non sympathisants de votre cause".

Après ces conseils d’ordre juridique, suit tout un feuillet où sont recensées les précautions à prendre lors des manifestations. Ainsi, lorsque des gaz envahissent l’espace, il faut se couvrir la bouche avec un foulard imbibé d’eau citronnée tout en respirant calmement.  Surtout, il ne faut en aucun cas ramasser les palets de gaz à mains nues, car ils peuvent occasionner des brûlures sévères. Enfin, lorsque la manifestation est terminée, il faut rentrer chez soi pour mettre impérativement les vêtements au lavage, car les gaz ont une persistance de 45 jours. Autre précaution à prendre : en raison des caméras de vidéo-surveillance présentes un peu partout dans les villes, il est impérativement recommandé aux manifestants de ne rien commettre de répréhensible qui puisse avoir été filmé précisément par les dites caméras. Enfin, pour ceux qui prennent des photos, la plus grande prudence est recommandée, de manière à ce que les auteurs d’actes délictueux ne puissent être identifiés. De même, si le manifestant risque une interpellation, il doit impérativement éteindre son portable et en retirer la carte Sim.

Sur la question des vêtements destinés à se camoufler, il faut à nouveau se montrer prudent. Voilà ce qu’écrit l’auteur du document : "La dissimulation du visage est condamnable par la loi. Débarrassez-vous de tout ce qui peut vous incriminer (cagoule, masque) si vous pensez risquer une fouille ou une interpellation". Et de préciser : "Le port de protections spécifiques (gilet pare-balles, masque de ski, bouclier) peut vous valoir d’être incriminé d’attroupement en vue d’un mouvement armé : attention à ne pas les conserver et à vous en débarrasser dans une bouche d’égout ou un autre endroit inaccessible". Ultime conseil : il faut faire usage de gants lorsque l'on utilise des feux de Bengale et fumigènes, pas seulement pour des questions de sécurité, mais pour éviter que les empreintes et ADN ne soient conservées. Suit cette conclusion, en forme d’exhortation : "Amusez-vous bien !".

Le sujet vous intéresse ?

À Lire Aussi

Manifestation de policiers à Paris : "Que les connards provocateurs manipulateurs patentés arrêtent de nous conspuer"Grèves : tout bloquer et manifester tous les jours c'est bien beau, mais ça coûte quoi à l’économie française ?Révolution, rupture, casseurs… radiographie d’une "France qui bloque" ; les black blocs ont changé la nature des manifestations et imposent une nouvelle guerre... des images ; le rapport explosif "que veut cacher le gouvernement" sur les fonctionnaires

Mots-Clés

Thématiques

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !