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La France au travail : tous flippés, tous drogués ?
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Zone franche

L’INPS confirme que travailler est à la limite du supportable et stimule les addictions mais qu’être au chômage, c’est pire. On ne va pas en sortir.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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C’est dingue le nombre de gens qui souffrent d’une addiction ou d’une autre, dans notre pays de flippés. Et je ne parle pas des antidépresseurs dont nous sommes les champions incontestés de la consommation avec autorisation médicale (et bénédiction du trou de la Sécu) mais bien d’accoutumance pathologique à une « substance psychoactive » ―  comme on dit dans le jargon des épidémiologistes.

L’INPS (Institut National de Prévention et d’Éducation à la Santé), parce que c’est sa mission mais aussi parce que ça donne matière à des chroniques désabusées dans les journaux, évalue d'ailleurs à 19% la proportion des Gaulois « actifs » ayant du mal à se passer d’un petit remontant liquide pour supporter la vie au boulot (six verres ou plus en une seule occasion) !

Et ça n’est pas une estimation au doigt mouillé mais le fruit d’une étude portant sur 27 654 personnes (autant dire tout le monde à l’heure où le chômage est au plus haut).

Notez que la grosse trouvaille de l’INPS, ce n’est pas tant la proportion d’addicts dans le monde du travail mais plutôt la prévalence des addictions par secteurs d’activité. Cinq branches spécifiques (bâtiment, information-communication, restauration, arts et spectacle, agriculture) trustent en effet toutes les premières places, qu’il s’agisse de la consommation excessive d’alcool et de tabac mais également de cannabis, de cocaïne, d’ecstasy, d’amphétamines, de poppers ou de champignons hallucinogènes.

Dans le même temps, c’est chez les enseignants, les fonctionnaires administratifs et les personnels de ménage que l’on repère les comportements les plus vertueux. Hum, un cynique qui n’aurait pas repéré les employés de nettoyage dans la liste suggérerait sans doute que ce sont aussi les travailleurs moins stressés par nature…

Autre indication remarquable : les femmes restent largement sous-représentées chez les addicts, y compris dans les professions où les paradis artificiels sont particulièrement populaires. On suppose qu'elles doivent avoir besoin de garder la tête sur les épaules pour leur boulot d’après le boulot.

Mais si le travail est à ce point insupportable, en être privé pourrait apparaître comme un formidable tremplin vers la désintoxication (après tout, tout le monde ne peut pas être prof ou agent de préfecture). Que nenni, répond l’INPS qui constate que la perte de son job renforce au contraire les conduites addictives.

La semaine prochaine, nous aborderons la question des tentatives de suicide et pensées suicidaires (200 000 tentatives en 2010, 10 000 succès). Après tout, c'est peut-être la seule issue.

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