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Au rythme où il va, François Hollande pourrait dépenser plus d’un milliard d’euros par mois pour essayer de racheter ses électeurs
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Atlantico Business

Depuis le 1er janvier, François Hollande a déjà promis et dépensé plus de 4 milliards d'euros pour rattraper des électeurs qui l'ont abandonné. Soit 1 milliard par mois, et ça va forcément continuer.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La semaine qui s'ouvre va être, une fois de plus, très agitée pour le président de la République. D'abord, la loi Travail va être discutée au Parlement. Et tout le monde se demande combien de cadeaux électoraux le président de la République va se sentir obligé de distribuer pour faire oublier un nouveau fiasco. Parce que le fiasco politique paraît inévitable.

Aucun sondage ne permet de penser que Manuel Valls obtiendra sa majorité. Il va lui manquer 25 députes de gauche, les frondeurs jusqu'au-boutistes.

Le Premier ministre a deux solutions :

- Ou bien, il peut revenir sur une des dispositions-clé de la loi, mais sa loi n'aura plus aucun intérêt. Le point-clé concerne la hiérarchie des normes sur le terrain social et stipule qu'un accord d'entreprise en matière d'organisation du travail prévaut sur des accords de branches. La gauche en général ne peut pas accepter ce dispositif qui ouvre la voie, c'est vrai, à un risque de recul social. Cela dit, ce dispositif s'inscrit aussi dans une question de principe sur la responsabilité de l'entreprise, lieu privilégié de l'activité.

- Ou bien, le Premier ministre peut aussi dégainer l'article 49-3 de la Constitution, mais prend le risque de faire exploser complètement sa majorité et s'isole jusqu'à la fin du quinquennat. D'autant qu'une trentaine de députés de gauche souhaite cette explosion le plus tôt possible.

La solution dans les deux cas va être d'acheter des voix, encore et toujours.

Du coup, la question que beaucoup se posent à droite comme à gauche, c'est de savoir combien tous ces cadeaux vont encore coûter aux contribuables.

Parce que depuis que le président de la République a décrété que "le pays allait mieux", jamais il n'a dépensé autant d'argent pour soigner ou calmer tous ceux qui vont plus mal et qui le disent haut et fort.

Le montant de ce qui a été distribué depuis le début de l'année en direction des segments de clientèles électorales particulièrement agités et bruyants est alarmant : plus de 4 milliards d'euros en 4 mois (janvier, février, mars, et avril) soit 1 milliard d'euros par mois. François Hollande n'a pas déclaré officiellement sa candidature, mais on n'a pas de mal à imaginer ce qu'il dépensera pour prouver à ceux de ses électeurs qui lui ont tourné le dos, que la situation s'est amélioré.

La liste des cadeaux électoraux distribués depuis le début de l'année est déjà lourde.

1) Aux mouvements écologistes pour faciliter la transition énergétique soit 300 millions.

2) Toujours en début d'année, les agriculteurs en colère ont reçu 1 milliard d'euros comme indemnités d'urgence aux victimes de la concurrence internationale et aux excès de contraintes normatives dont ils sont accablés. Le système est machiavélique, on met en place des normes de qualité dans l'agriculture essentiellement pour faire plaisir aux écolos (ça coûte des sous) mais on est obligé de redonner des sous aux agriculteurs qui perdent leur ressort à cause des mêmes normes. L'Etat paie deux fois.

3) Les fonctionnaires, quant à eux, le cœur de cible de la gauche depuis des lustres, ont reçu la garantie de hausse du point d'indice pour un montant de 600 millions d'euros.

4) Les enseignants, pour leur part, le cœur du réacteur socialiste sait depuis peu qu'ils toucheront une prime de 800 euros soit 305 milliards d'euros.

5) Le plan de formation emploi rendu public pour amadouer les opposants syndicaux à la loi El Khomri va coûter 1, 6 milliard d'euros.

6) Les allocations octroyées aux jeunes étudiants, soit un RSA pour tous les jeunes de 18 à 25 ans sans emplois. L'assurance de percevoir 400 euros par mois pour un total de 200 millions sur l'année.

7) Reste le maintien du suramortissement autorisé sur les investissements des entreprises qui représente 400 millions d'euros.

Toutes ces mesures atteignent au minimum 4 milliards d'euros. Ce qui n'émeut personne.

Le plus grave dans cette mécanique infernale, c'est qu'elle s'inscrit dans une logique politique et un discours de campagne qui est désormais bien huilé. François Hollande a articulé son discours de campagne en trois actes qui répète en boucle dès qu'il aperçoit un micro.

Acte 1 : La France va mieux. Tous les membres du Gouvernement sont d'ailleurs priés de reprendre le refrain.

Acte 2 : La France va mieux, parce qu'on lui a infligé des remèdes de cheval, il a fallu multiplier les ponctions fiscales et parafiscales.

Acte 3 : Puisque la France va mieux, on peut redistribuer les fruits de l'effort à tous ceux qui ont consenti des efforts.

L'articulation du discours est très habile sur le fond, puisqu'elle exonère le Président et son équipe d'avoir à expliquer comment tous ces cadeaux seront financés. Ce ne sont pas des cadeaux, c'est une restitution de biens accaparés pendant les trois premières années du quinquennat. Les trois années de purge.

L'opposition de droite a bien évidemment relevé le montant de cette addition. On peut d'ailleurs y ajouter ce que coûtera la promesse d'une nouvelle baisse d'impôts sur les revenus de 2017 (6 milliards) ; on peut aussi cumuler les années 2016, 2017, et 2018. On arrive à un total de dépenses supplémentaires purement électorales de 15 milliards d'euros, soit trois fois ce que rapportera 0,5% de croissance supplémentaire.

Michel Sapin a mille fois raison de rappeler que, quand un pays comme la France a le déficit et l'endettement que nous savons, on ne peut pas parler de cagnotte.

L'opposition de droite reprend l'idée au vol, mais elle n'est guère entendue. Il faut dire que l'opposition ne grogne pas trop fort sur ce terrain. Le seul des candidats à la primaire des Républicains qui semble être mieux entendu que les autres, c'est François Fillon, et encore depuis quinze jours seulement.

En mettant l'accent sur le désastre économique et en prônant une rupture franchement libérale, il a réussi à reprendre du terrain et à dépasser Bruno Le Maire.

Parce que le Gouvernement gaspille les gains du redressement conjoncturel, au rythme effréné de 1 milliard par an, parce que les questions de sécurité sont moins obsessionnelles, mais aussi parce que les candidats de droite n'ont pas travaillé de programme alternatif très solide, l'opinion retombe sur la nécessité de trouver des solutions concrètes. D'où le renforcement des propos économiques d'Alain Juppé, et le retour en force des projets libéraux que porte François Fillon.

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