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Double A : le "moment Bayrou" joue les prolongations
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Zone franche

Sarkozy n’a pas su nous éviter la seconde division, Hollande a l’air capable de nous faire glisser en division d’honneur et le gang souveraino-isolationniste nous ferait carrément plonger dans les tréfonds. Qu’est-ce qui nous reste ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Nicolas Sarkozy est-il définitivement cramé avec cette histoire de triple A perdu ? C’est difficile à dire : d’abord, c’était prévu et, pour pas mal de gens, tout ça va rester assez virtuel pendant encore quelques temps.

Bien sûr, les taux auxquels la France emprunte sont susceptibles d’augmenter et le service de la dette risque de coûter plus cher à l’État, diminuant d’autant sa capacité à balancer l’argent qu’il n’a pas par la fenêtre… Mais, dans les milieux autorisés coluchiens, on s’autorise à penser que la dégradation avait été anticipée par les marchés et que la prime de risque exigée de nous par les gnomes de Zurich est déjà à peu près au bon niveau (à quelques pouillèmes près) ― soit 3% à dix ans contre 1,7% pour les vertueux Allemands.

N’empêche, le statut du grand protecteur des Gaulois face à la tourmente planétaire est salement écorné. La France est désormais en seconde division financière, même si c’est en compagnie des meilleurs, États-Unis en tête. Et, sur un bulletin de dernier trimestre, ça ne donne pas nécessairement envie aux membre du conseil de classe de se montrer indulgents.

― Élève Sarko, vous en avez fait quoi, du « trésor national » qui vous avait été confié ?
― Ah ben désolé, je l’ai paumé. Mais c’est déjà arrivé aux Danois, aux Canadiens ou aux Australiens et ils ont fini par le retrouver, leur triple A
― Exact, mais ça leur a pris du temps et ils ont accepté de réduire leurs dépenses publiques, de remodeler leurs administrations, de redéfinir le rôle de l’État et de transformer radicalement leurs économies. Vous vous sentez capable de faire ça ?
―…

Hum. Dont acte.

Le problème, c’est que pour tous ses ratages, l’omniprésident reste nettement plus crédible que son principal challenger, homme de bonne volonté mais dont le programme, s’il était mis en route, nous ferait perdre un second A dans les 5 minutes. Ça ne serait pas la guerre pour autant : on peut très bien vivre avec un seul A comme les Espagnols, ou même avec plus de A du tout comme les Italiens. Mais disons que ça ne facilite pas beaucoup la vie des entreprises et des particuliers dont les taux d’emprunts dépendent de ceux auquel l’État se finance.

Pour ne rien dires des collectivités locales, qui elles aussi sont affectées par ce petit détail technique.

Donc, en gros, dans trois mois, on risque d’avoir à choisir entre un type dont on voit bien qu’il ne sait pas du tout comment faire et un autre dont on se doute qu’il ne sait pas vraiment faire non plus. Avouez que c’est ennuyeux.

Éliminez encore la flopée de prétendants au trône qui nous emmèneraient directement dans le mur avec une certitude quasi absolue ― souveraino-collectivistes de toutes obédiences, frontistes de gauche, frontistes de droite ― et qui reste-t-il, je vous le donne en mille Emile ? François Bayrou.

Oui François Bayrou. Dont mon camarade David Poryngier du Mouvement des Libéraux de Gauche tente désormais de me persuader qu’il est le sauveur incarné, le seul capable de reconstruire sur les champs de ruines que seront bientôt l’UMP et le PS :

― Mais il est tout seul, je n’arrête pas de l’écrire sur Atlantico !
― Il est tout seul pour le moment, mais les ralliements affluent !
― Mouais, Douste-Blazy, ça fait pas vraiment rêver. Et de toute manière, il n’attire que des types de droite et il est moins libéral que ma grand-mère…
― Pas du tout. Il reste un Européen convaincu, proposait déjà la règle d’or budgétaire en 2007, montre une vision assez libérale du rôle et du périmètre de l'Etat et a toujours défendu sans ambiguïté les sociétés ouvertes. Il a par ailleurs su évoluer sur la question du cannabis et les droits des homosexuels…
― Hum, je sais pas. J’ai du mal… Bayrou. Je ne sais même pas comment ça se prononce, en fait. Bérou ? Baillerou ? Avec Sarko et Hollande, au moins, on sait.

Bon, on va réfléchir. Il reste trois mois et plein de coups de théâtre potentiels, comme Valls et Mosco quittant le PS inopinément et rejoignant le Modem. Ou Éva Joly épousant Mélenchon à la mairie de Bègles. Tout est possible. Il faut garder un esprit ouvert.

Mais Bayrou, tout de même…

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