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Et si les attentats de Bruxelles montraient surtout que l’Etat islamique est en train de perdre sa guerre contre l'Occident (mais que l'Europe n'est pas près de gagner la bataille de l'intégration de ses immigrés) ?
©Reuters

Le paradoxe djihadiste

La reprise de Palmyre ce dimanche par l'armée syrienne est un nouveau coup porté à l'Etat islamique en Syrie où l'organisation ne cesse de reculer. La question de leur échec en Europe se pose également compte-tenu de l'apparente extinction du réseau à l'origine des attentats de Paris.

Olivier Roy

Olivier Roy

Olivier Roy est un politologue français, spécialiste de l'islam.

Il dirige le Programme méditerranéen à l'Institut universitaire européen de Florence en Italie. Il est l'auteur notamment de Généalogie de l'IslamismeSon dernier livre, Le djihad et la mort, est paru en octobre aux éditions du Seuil. 

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Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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Atlantico : Ce dimanche, l'armée syrienne a annoncé avoir repris le contrôle intégral de la ville de Palmyre détenue jusqu'alors par l'Etat islamique. L'état-major a qualifié cette reprise de "coup mortel aux terroristes", évoquant le "début de la fin" pour l'organisation. Cette perte pour l'EI s'inscrit dans la réduction de son territoire de près de 15% depuis 2015, tandis que de nombreux de ses leaders ont été tués ces dernières semaines. L'organisation n'est-elle pas en train de perdre sa guerre au Moyen-Orient ?

Alexandre del ValleJe ne suis pas sûr que l'EI soit en train de perdre définitivement sa guerre au Moyen-Orient. Ce qui est sûr en revanche, c'est qu'il perd des pans de territoires en Iraq et en Syrie surtout. Face à cette situation, l'organisation a tendance à se replier sur des zones d’Afrique noire, et surtout en Libye, devenue un trou noir géopolitique et une zone de chaos à égalité avec le Yemen. 

L'EI perd donc actuellement des batailles en Syrie : à cette reprise de Palmyre s'ajoutent l'assassinat récent du numéro 2 de l'organisation, ainsi que des désertions côté syrien, et ce depuis l'intervention russe. On a accusé les Russes au départ de ne pas assez frapper l'EI alors que leur but initial était de renforcer tout d'abord le régime syrien pour pouvoir ensuite, dans un second temps, reprendre des territoires comme Palmyre, non sans avoir également affaibli économiquement l'EI en bombardant les camions transportant son pétrole. 

L'EI a donc aussi été affaibli sur le plan économique puisque sa frontière Nord a été mise à mal par les avancées du régime et surtout des combattants kurdes, tandis que les camions de pétrole ont été massivement bombardés par les Russes, et dans une moindre mesure, par les Occidentaux. Force est donc de constater que l'EI a beaucoup perdu sur les plans économique et stratégicomilitaire ces derniers temps en Syrie où il reflue. Néanmoins, il est difficile de dire que l'EI perd globalement la guerre. Il convient donc d'être attentif à l'évolution de la situation sur le moyen/long terme. On a déjà vu depuis le début du conflit le régime perdre, puis revenir, et perdre à nouveau; il en va de même pour les djihadistes qui subissent actuellement d'importants revers en Syrie après une ascension fulgurante en 2014-2015, mais qui pourront revenir si les forces du régime et les Kurdes subissent de nouveaux revers à la faveur d'un retrait russe confirmé, et d'une intervention militaire conjointe turco-saoudienne massive en préparation, qui aiderait les forces sunnites face aux Kurdes et au régime. 

Signalons enfin que l'EI est en nette expansion en Libye avec de nombreux afflux de militants arrivant de Syrie ou de Tunisie. Le modus operandi de l'EI étant de se greffer là où sévit le chaos, le choix de la Libye s'explique aisément, alors que la reprise en mains par l'armée gouvernementale s'accélère en Syrie. 

Les attentats de Bruxelles sont un lourd coup porté à l'Europe. Cependant, l’apparente extinction du réseau qui a organisé ces attaques après avoir coordonné celles de Paris en novembre dernier, n'est-il pas le signe que l'Etat islamique est également en train de perdre sa guerre en Europe ?

Olivier Roy : Cela montre que le réservoir de militants est moins important que prévu. Non seulement c’est une seule " cellule " qui a monté Paris et Bruxelles, mais on constate qu’en fait, les différentes cellules qui ont opéré depuis les vingt dernières années sont toutes liées entre elles. Fabien Clain, le converti qui a annoncé les attentats du 13 novembre, connaissait Merah (Toulouse 2013) et Dahmani, impliqué dans l’attentat du Caire de 2009 qui  a tué une Française ; le petit frère de Dahmani était très proche d’Abdeslam. De même, Clain était lié à Sid Ahmed Ghlam, qui a monté l’attentat raté de Villejuif en septembre dernier. On sait par ailleurs que les frères Kouachi (Charlie Hebdo) était liés à Jamal Beghal, un des premiers organisateurs de réseaux jihadistes en 1997. Bref, on a affaire à une nébuleuse de gens qui se connaissent, où les anciens transmettent le flambeau aux plus jeunes et où tous sont liés soit par des relations de fratrie, soit  par des réseaux d’amitié souvent tissés dès la petite enfance ou en prison. On est loin d’un soulèvement de la population musulmane en Europe.

De plus j’ajouterai que les attentats sont un signe de l’échec de Daesh sur le terrain du Moyen-Orient. Lorsque Daech a lancé l’émirat en 2014, les attentats en Europe ne faisaient pas partie de sa stratégie, contrairement à ce qui a été écrit ; les frères Kouachi se sont réclamés d’Al-Qaëda, pas de Daesh, et Coulibaly ne revenait pas de Syrie. Les jeunes radicalisés en Occident servaient essentiellement de chair à canon dans les campagnes de Daesh en Irak et en Syrie: l’attentat suicide sur une position ennemie, suivie d’une vague d’assauts faisait partie d’une tactique militaire très sophistiquée et efficace. C’est lorsque Daesh a commencé à être bloqué sur le terrain qu’il a contre-balancé son échec par des attentats visant le cœur de ses ennemis, surtout la France et la Russie, parce que ces derniers sont soit plus accessibles (l’avion russe), soit parce que Daesh peut, en France, puiser dans le réservoir des volontaires pour le djihad. Je pense que si Daesh en avait les moyens, il aurait visé d’abord les Etats-Unis (notons que les auteurs de la tuerie de San Bernardino se réclament de Daesh sans que l’on sache encore s’ils ont pris l’initiative, ou bien ont été " activés " de l’extérieur).

Quelles sont les limites de cette stratégie djihadiste selon laquelle "tout le monde peut être un terroriste" ? Dans quelle mesure le mode opératoire actuel des terroristes, entre désorganisation et amateurisme, montre-t-il ses limites ?

Olivier Roy : Pour les donneurs d’ordre, l’avantage de ce réseau de copains et de frangins, c’est qu’il peut difficilement être infiltré. Difficile d’y planter une taupe. De même, difficile d’y recruter un repenti : ils préfèrent se faire sauter ensemble quand ils sont coincés. Mais les limites sont claires : d’abord le réseau s’auto-détruit , ils meurent presque tous. Fuite et recyclage des militants ne sont jamais prévus, comme si la mort était leur seul horizon. Du coup, le réservoir s’épuise car il ne suffit pas qu’il y ait des volontaires (il y en a certainement) : il faut que ces derniers entrent à leur tour dans un réseau qui mettra du temps à se stabiliser. Enfin un dernier élément : si la police a eu du mal à opérer en préventif, elle connaissait par avance une grande partie des membres de chaque réseau et en savait parfois beaucoup sur " qui connaît qui " : dès qu’un attentat est commis, il suffit de quelques jours, parfois de quelques heures, pour dévider la pelote. On peut donc supposer que, ayant pris conscience des insuffisances (non pas l’information mais la circulation et l’interprétation de l’information), elle va pouvoir établir beaucoup plus tôt une cartographie des réseaux potentiels.

Cependant, si l’Etat Islamique a échoué à nous faire sombrer dans la guerre civile, nos pays ne sont-ils pas encore loin d'avoir résolu le problème de leur cohésion nationale, seule à même de nous protéger durablement de telles menaces ? L'Europe n'a-t-elle pas, pour sa part, échoué à résoudre les problèmes liés à l'immigration et aux zones grises ?

Olivier Roy : Les attentats mettent le doigt sur la fragilité de la cohésion nationale, mais ont montré aussi les limites de l’impact des terroristes : loin d’attirer la sympathie des musulmans, ils déclenchent plutôt un effet de sidération. On a vu comment la plupart des parents de terroristes, non seulement, n’approuvent pas, mais surtout ne comprennent pas l’acte de leurs enfants. Il y a un décalage complet entre les cibles récentes choisies par les terroristes (tirer dans le tas) et les causes qui pourraient éventuellement mobiliser des musulmans en Europe (la Palestine, ou même les caricatures contre le Prophète). S’il y a eu des ambiguïtés dans les réactions à Charlie Hebdo (" je condamne l’attentat mais je ne suis pas Charlie "), il n’y en a plus aujourd’hui par rapport au Bataclan, tout simplement parce que le combat de Daesh n’est pas compris : cela même qui fascine certains jeunes (l’esthétique de la violence) révulse la masse des musulmans (comme l’a montré le basculement de l’opinion publique jordanienne lorsqu’un pilote de son armée a été brûlé vif par Daesh).

Maintenant, il reste à gérer une question centrale : pour priver Daesh de toute prétention à représenter l’islam, il faut bien qu’émerge un islam de France. Chasser le religieux de l’espace public au nom de la laïcité revient à le faire prospérer dans les marges, aux mains des radicaux. Il faut que la laïcité française redevienne inclusive, et pas seulement par rapport à l’islam : les mêmes laïcs qui dénoncent l’islamisation de la société partent au quart de tour en campagne contre l’Eglise catholique dès que l’occasion se présente.

Quant aux zones grises, il faudrait peut-être rappeler qu’elles ont été plus abandonnées par l’Etat que conquises par les salafistes. La suppression des RG et de la police de proximité a rendu les services de sécurité aveugles, et les opérations coups de poing des BAC n’apportent ni info, ni contact, mais renforcent une solidarité de " quartier " qui sert à tous les délinquants. Ce n’est pas grâce à un soutien idéologique ou religieux de la population que les jeunes terroristes y trouvent refuge : c’est tout simplement parce que les réseaux en tout genre peuvent y prospérer à l’abri des regards indiscrets et dans une omerta plus maffieuse qu’idéologique.

Alexandre Del Valle : Le problème migratoire n’est pas quantitatif. L’immigration en elle-même est "neutre" géopolitiquement, elle est positive quand elle est gérée correctement et qu’elle ne remet pas en questions la cohésion d’une société d’accueil capable de la " digérer", et elle est négative quand elle n’est pas capable d’absorber et intégrer des populations allogènes et alloglotes. Il s’agit donc principalement, dans le cas de nos démocraties ouvertes européennes, de faire en sorte que l’immigré adhère aux valeurs de la société dans laquelle il est accueilli. Et a fortiori de faire en sorte que le fils de celui-ci le fera également, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas.

Le problème n’est donc pas dans le fait qu’on accueille des migrants, qui viennent surtout chercher de la prospérité et un abri, mais dans le fait que l’on n’est plus en mesure ni de les accueillir dignement ni de les intégrer, nos capacités d’absorption étant arrivées à leurs limites. L’Europe a donc pour principal problème son état d’esprit, sa faible capacité d’intégration et d’attraction, son manque de patriotisme et de leadership. A part l’Angleterre, on a des Etats-nations qui ne mobilisent plus et dont le patriotisme est plus que moribond. On y diffuse la repentance et la culpabilisation. C’est ce que j’écris dans Le complexe occidental : le patriotisme n’est pas l’opposé de l’intégration, il n’est pas synonyme de rejet, bien au contraire, il est la condition de l’intégration et de sa version française républicaine classique, l'assimilation. Evidemment c’est d’un patriotisme généreux qui accepte l’autre dont je parle. Il s’agit pour la question qui nous occupe ici, d’arrêter de confier nos migrants de confession musulmane aux Etats et organisations islamistes qui sont attachés à empêcher leur intégration aux valeurs de nos sociétés " mécréantes" méprisées. Quoi de plus méprisant pour ces immigrés ou descendants d’immigrés d'ailleurs que de les assigner à communauté, de les réduire et de les coincer dans une islamité essentialisée qui les confie aux islamistes ! Car c’est ainsi que des gens qui vivaient leur Islam paisiblement dans leur pays d’origine se découvrent extrémistes chez nous : en effet, nombre de maghrébins et noirs africains de tradition musulmane maraboutique, soufie ou malikite se retrouvent embrigadés par les Frères musulmans, les salafistes et autres fondamentalistes pakistanais ou wahhabites qui ont pignon sur rue chez nous et rivalisent pour fanatiser et instrumentaliser leurs "ouailles" présentes dans nos sociétés ouvertes à tous les vents. 

En cela, il faut rompre avec le fait de confier l’Islam de France et d’Europe aux pays et institutions étrangers ! C’est un véritable scandale de confier nos compatriotes musulmans à des organisations et Etats islamistes étrangers et ouvertement hostiles à nos valeurs. C’est ce que j’appelle, pour reprendre Julien Benda, la "Nouvelle trahison des clercs" : trahir nos propres valeurs par idéologie communautariste, islamiquement correct et repentance dévoyée.

On ne peut pas demander à des populations de rester elles-mêmes et de ne pas s’intégrer. On a aujourd’hui des immigrés de seconde génération qui sont parfois moins intégrés que leurs parents et qui se sentent encore moins français ou belges qu’eux alors qu’ils n’ont connu que l’Europe ! Il y a là un processus de "désintégration volontaire" alimenté par des forces islamistes et communautaristes extérieures. Mais les Etats et organisations étrangers ne sont pas les seuls responsables de ce processus. Le premier responsable est notre classe politique laxiste et le premier facteur est le mépris de soi que l’on enseigne en Europe, le mépris du patriotisme, le mépris de notre Histoire passée jugée avec les yeux du présent sans indulgence. Il est de ce fait hélas assez logique qu’une partie grandissante des populations issues de l’immigration musulmane ait dès lors des réflexes communautaires et de rejet de nos sociétés occidentales  puisqu’à aucun moment on ne leur donne envie d’aimer le pays d’accueil. Car le pays d’accueil ne s’aime plus et ne croit plus en grand-chose à part en la culture consumériste et individualiste qu’on lui vend et un vernis de valeurs droits-de-l'hommistes et multiculturalistes désincarnées. Rien à voir avec l’Amérique aujourd’hui qui a des projets, des objectifs communs, un patriotisme quasi messianique, et qui parle d’héroïsme dans ses productions culturelles…

Daesh représente d’ailleurs l’Europe comme un ventre mou, un espace dans lequel il peut agir sans difficulté, la partie molle et capitularde de l’Occident honni à conquérir et punir. Cette image que diffuse l’Europe montre bien qu’il est impossible pour elle de fédérer et de mobiliser contre ses adversaires sans retrouver un projet idéologique et identitaire fédérateur et mobilisateur.

Quelles sont les réponses politiques à apporter afin de gagner cette guerre, et ainsi mettre durablement en échec le terrorisme islamiste ?

Olivier Roy : D’abord, mettre en avant la cohésion nationale au lieu de la suspicion systématique. S’il est normal de prendre des mesures de sécurité préventives et de tirer l’oreille aux imams salafistes qui continuent imperturbablement de dénoncer les impies et les hérétiques, il faut arrêter de présenter le terrorisme comme une sorte d’avant-garde d’une " radicalisation religieuse " qui toucherait la population musulmane. Comme je le répète en vain, ces jeunes terroristes ne sont jamais le produit d’une maturation religieuse. Ils adoptent un référentiel religieux au moment du passage à l’action (ils croient sincèrement aller au paradis), mais ne sont jamais ou rarement en contact avec un islam modéré, parce que cet islam est à la fois instrumentalisé et folklorisé par les autorités et les médias.

Plus que jamais, il faut faire émerger ou laisser émerger un islam de France dans sa diversité, au lieu d’imposer un islam d’Etat qui curieusement n’a rien de français et doit plus aux ambassades étrangères qu’à l’émergence de nouvelles formes de religiosité dans les nouvelles générations. Il faut tabler sur les classes moyennes musulmanes montantes. Et pour les exclus de cette évolution, il faut ré-introduire l’Etat dans les quartiers, mais autrement que par des raids policiers.

Alexandre Del Valle : Dans l’émission Polonium de Paris Première de cette semaine, j’ai insisté sur une façon simple de commencer ce travail : appliquer la loi. Les modalités de la laïcité aujourd’hui ne doivent pas être sujettes à des "accomodements" ou "atténuants culturels et religieux", nous devons rester fermes sur nos valeurs fondatrices non négociables. Rappelons nous que la République a exigé que les catholiques renoncent à certaines prérogatives et dispositions et se soumettent à elle. Ces derniers ont fini après des résistances par accepter la République et la laïcité. On a fait de même avec les Juifs, qui ont beaucoup en commun avec les Musulmans et qui ont accepté de renoncer à des pans entiers de la Loi juive (Halakha). Par exemple, ils ont abandonné le voile obligatoire, l’inégalité hommes femmes en matière d’héritage ou la polygamie jadis permise. Le voile de la femme ostentatoire  a été souvent remplacé par une perruque et la Halakha adaptée au contexte occidental et républicain. Ils ont modernisé une partie de leurs règles.

Cela pourrait être la même chose avec les musulmans: la République doit leur permettre de vivre dignement leur foi, mais aussi leur garantir le droit individuel de croire ou de ne pas croire, elle doit les libérer de l’emprise de la Charia et des pays théocratiques qui les instrumentallisent. Il faut un islam libéré des principes incompatibles de la Charia. Par exemple, il faut que les musulmans acceptent l’idée de changer de religion, fait puni de mort dans la Charia... Pour que leurs cultes soient compatibles avec les Droits de l’Homme, et pour couper l’herbe sous le pied des islamistes, il est nécessaire de réformer la partie juridique et politique du corpus islamique orthodoxe fixé depuis le Xeme siècle.

Le Président égyptien Sissi insiste sur un islam qui se serait débarrassé de ses doctrines sclérosées. Chez nous, il faut donc mettre en avant les imams éclairés qui aujourd’hui ne bénéficient pas de l’appui qu’ils devraient recevoir. Ils trouvent d’ailleurs scandaleux qu’ils ne soient presque jamais associés à la gestion de l’islam, au contraire d’affairistes comme le Rassemblement des Musulmans de France qui sont aux mains du Maroc, ou des organisations turques, saoudiennes, indo- pakistanaises ou des Frères musulmans. Je n’ai rien contre les Marocains, mais il faut savoir qu’au Maroc, on n’a pas le droit d’être un Marocain de confession chrétienne.... Pourquoi ce pays se permet-il de gérer l’islam de France alors qu’il ne pratique pas le principe élémentaire de réciprocité et bafoue chez lui la liberté religieuse qu’il exige chez nous? Il faut donner l’islam de France à ceux qui aiment la France et respecte ses valeurs. Et ceci est parfaitement possible, car nombreux sont ceux qui l’encourageraient, y compris parmi des imams comme l’imam de Drancy Chalghoumi ou tant d'autres. Le plus grand respect dont on puisse faire preuve envers les musulmans de notre pays, c’est justement de leur donner un islam digne, un islam autochtone qui respecte les valeurs fondamentales des sociétés qui sont les nôtres.

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