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2012, l’année des faillites bancaires ?
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Banqueroute

Face à un nouveau risque de credit crunch, la BCE a prêté 498 milliards d'euros à 523 banques européennes. Sans pour autant rassurer les marchés internationaux qui continuent à s'abstenir de travailler avec elles. Ces difficultés préfigurent-elles une année 2012 placé sous le signe de la banqueroute ?

Philippe Herlin

Philippe Herlin

Philippe Herlin est chercheur en finance, chargé de cours au CNAM.

Il est l'auteur de L'or, un placement d'avenir (Eyrolles, 2012), de Repenser l'économie (Eyrolles, 2012) et de France, la faillite ? : Après la perte du AAA (Eyrolles 2012) et de La révolution du Bitcoin et des monnaies complémentaires : une solution pour échapper au système bancaire et à l'euro ? chez Atlantico Editions.

Il tient le site www.philippeherlin.com

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Fin décembre, constatant que le marché interbancaire ne fonctionne plus (les banques n’ont plus confiance entre elles), la BCE offre des prêts à 1% sur trois ans à toutes banques qui le souhaitent, pour leur permettre de se refinancer. Résultat : 523 banques européennes demandent 489 milliards d’euros !

Que font les banques de cet argent ? Elles le replacent à la BCE !!! 455 milliards sont placés à la banque centrale (ce vendredi), record battu. Et ce, à un taux au jour le jour inférieur à ces 1% l’an. Les banques perdent donc de l’argent sur cette opération. C’est Ubu-banque.

Que pourraient-elles faire d’autre ? Des crédits aux entreprises et aux particuliers ? Mais avec la récession, le taux d’impayés augmente, c’est trop risqué. Acheter des emprunts d’Etat qui rapportent de 3 à 7% (France, Italie, Espagne) ? Voilà une opération qui serait très rentable (emprunter à 1% et prêter à 3% ou plus), mais un pays peut faire défaut, aucun n’est à l’abri (ou il peut voir ses taux monter, ce qui diminue la valeur de ses anciens emprunts).

C’était le secret espoir de la BCE : elle ne peut pas acheter directement de la dette étatique, alors elle prête des quantités considérables d’argent aux banques pour que celles-ci financent les Etats. Même pas. Frédéric Oudéa, PDG de la Société générale, a déclaré qu'il n'était « pas question » que la deuxième banque française investisse massivement dans la dette souveraine française. Résultat les banques choisissent la sécurité, quitte à perdre de l’argent, en déposant leurs liquidités à la BCE.

Tout cet argent ne rassure même pas les partenaires étrangers, la preuve : la BCE a accordé cette semaine 31 milliards de prêts en dollars à des banques de la zone euro qui ont du mal à s'en procurer sur les marchés. Si une banque américaine ne prête pas de dollars à une banque européenne, qui possède pourtant des milliards d’euros de liquidité provenant de la BCE, cela signifie qu’elle doute de sa solvabilité, elle pense qu’elle peut faire faillite avant de rembourser ce prêt. Résultat, la BCE s’y colle (elle se procure ces dollars auprès de la Fed).

Grave problème de solvabilité

Tout cela nous montre un système bancaire qui agonise lentement, qui connaît un grave problème de solvabilité, et pour lequel un déluge de liquidités (comme ce prêt géant de la BCE) ne fait que repousser les échéances. Les banques ne valent vraiment plus grand chose, la preuve : la plus grande banque italienne, Unicrédit, annonce une décote de 43% pour son augmentation de capital (son action cote 5,705 euros mercredi à la bourse de Milan, elle émet des actions à 1,943 euros pour lever des fonds). Les actions bancaires ont déjà perdu environ 90% de leur valeur depuis la crise de 2008, mais divisez encore leur cours par deux pour avoir une idée à peu près plus juste, et encore.

Déjà Dexia est à l’agonie, et malgré un plan d’aide important on parle de nationalisation. Les banques, en Europe et en France, vendent des actifs en catastrophe pour récupérer du cash. Les liquidités ne font qu’apporter un peu d’huile à une machine qui se détraque.

Nous commencerons donc cette année 2012 avec ce conseil : intégrez le risque bancaire dans vos décisions patrimoniales, c'est-à-dire ouvrez plusieurs comptes pour répartir les risques, privilégiez les actifs réels (or physique, immobilier) aux actifs papiers gérés par les banques, parce que nous risquons fort de connaître, en France et en Europe, des faillites bancaires cette année.

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