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Air France sera-t-elle la dernière compagnie à baisser le prix de ses billets ?
©wikipédia

Atlantico Business

Alors que les compagnies américaines répercutent la baisse des prix du pétrole sur les tarifs passagers, Air France, une fois de plus, est en retard au décollage dans le ciel nouveau de cette concurrence.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Si le voyageur européen part aux Etats-Unis ou au Canada et s’il est normalement formaté, il va encore choisir une des compagnies nord-américaines, ou low-cost, parce qu’elles seront toutes moins chères qu'Air France.

Les compagnies américaines ont en effet annoncé ce week-end leur décision de faire chuter les prix sur les vols intérieurs et internationaux. En 2015, les prix ont déjà baissé en moyenne de 15% ce qui a représenté la plus forte baisse annuelle depuis 1987. Normalement, les prix vont continuer de baisser sur les vols intérieurs et en direction de l'Amérique du sud où les tarifs pourraient chuter de plus de 20% à l’approche de l'été prochain. Pour les Jeux olympiques de Rio de Janeiro au Brésil par exemple.

Cette baisse généralisée qui va s’accentuer, s’explique très bien.

1ère raison, le pétrole a perdu les deux tiers de sa valeur en moins de deux ans. Le kérosène était le premier poste de coût dans le compte d’exploitation d’un avion, il peut représenter jusqu'à 70 % du tarif passager. Les compagnies ont donc réalisé des économies importantes en 2015. Elles vont encore en faire en 2016. Grâce à ces économies, les compagnies ont pu diminuer la fameuse surcharge carburant qu'elles font payer au passager... en gros, la plupart des compagnies se mettent au niveau des low-cost. Ce qui fait, que les low-cost vont se fondre dans le paysage ou alors réinventer leur modèle.

2e raison, la plupart des compagnies internationales se sont effectivement toutes réorganisées et restructurées dans les années pendant lesquelles, elles ont essayé de se défendre contre un prix de pétrole cher, une baisse de trafic et face à la concurrence des low-cost. Les compagnies américaines ont donc beaucoup investi et légèrement changé leur modèle. Le transport étant devenu un service de consommation de masse, les entreprises se sont adaptées.

3e raison, le trafic a un peu baissé au cours du dernier trimestre 2015 , il pourrait encore baisser en 2016 compte tenu des incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiales (USA, Europe, émergents) et compte tenu de leur nouvelle organisation , les compagnies peuvent donc réagir en se rapprochant des prix low-cost sans trop de risque pour leur marges. D’où la baisse du prix des billets.

Ce qui est extraordinaire, dans cette situation assez favorable pour l’ensemble du transport aérien, c’est qu'Air-France ne peut guère suivre le mouvement de baisse des tarifs sans changer de modèle d’organisation. Or pour changer de modèle, il eut fallu réformer les structures, ce qui a été très difficile compte tenu des statuts, des habitudes acquises et des pesanteurs syndicales.

Air France reconnaît qu'en 2014 et 2015, l'entreprise a profité à plein de la baisse des prix du carburant (environ 2 milliards de dollars d’économie) . Ce qui lui a permis de restaurer les marges, et d’investir pour renouveler la flotte et « à terme surtout, dit Air France, lui permettra  de proposer des billets moins chers ». Mais à terme seulement. Pour les concurrents, la baisse des prix est devenue la priorité. Ils en ont les moyens. Air France ne les a pas, sauf à se mettre en risque.  

Faire baisser le prix des billets c’est pour toutes les compagnies du monde, l’arme fatale pour stimuler la demande quand elle s’essouffle comme actuellement ou élargir cette clientèle quand la conjoncture se redresse. Toutes les compagnies du monde gèrent leurs tarifs au millimètre pour optimiser leurs marges.

Le problème d’Air-France c’est qu’elle est encore un peu en retard dans cet exercice. Air France sera toujours plus chère que la plupart de ses concurrents américains. Mais pour que le marché accepte des prix plus élevés, encore faudrait-il les justifier par un service offert supérieur. Ce qui n’est pas le cas.

Or pour beaucoup de clients, la qualité du service, aujourd'hui, ne leur saute pas aux yeux. 

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