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Immigration : pour en finir avec le fantasme du métissage identitaire
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Bonnes feuilles

Un essai en forme de décryptage, à rebours des idées reçues, à la fois état des lieux du phénomène dans son actualité et mise en perspective historique des ressorts, enjeux et problématiques d’une réalité complexe. Extrait de "L’immigration - Faut-il avoir peur de l’avenir ?", de Gérard A. Jaeger, publié aux éditions Eyrolles (2/2).

Gérard A. Jaeger

Gérard A. Jaeger

Historien et philosophe, spécialiste des grands bouleversements des sociétés, Gérard A. Jaeger est l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages -pour la plupart de référence- portant sur les rapports entre réalité des faits et rumeur. Parmi ses récentes publications, Il était une fois le Titanic (Archipel / 2012).
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C’est ce qu’apportent les étrangers au corpus national, une strate nouvelle sans laquelle un pays stagnant régresse. Telle une langue morte qui se serait stérilisée au profit d’une autre, plus jeune, plus prospère et plus attractive, et qui n’aurait plus vocation qu’à se fossiliser. Or c’est ainsi, déjà, que l’on parle de la vieille Europe, malingre, blafarde et souffreteuse, qui ne raisonne qu’en termes de menaces, de dangers et de peur de la dilution. Pour autant, la majorité de ses représentants n’ont pas hésité, lors de la rédaction du préambule de sa Constitution, à biffer la mention de son héritage chrétien, fondement historique de son enracinement. Ce n’était pas pour progresser que le législateur européen s’en est pris à la tradition, mais pour substituer un folklore laïc à une tradition religieuse.

Ce qui effraie les tenants d’une identité figée, c’est aussi le métissage dont on paie la mauvaise réputation, la rumeur d’une hybridation stérile, déconcertante, voire monstrueuse. Une telle conception du métissage identitaire relève du fantasme, car il ne s’agit pas de faire disparaître une identité au profit d’une autre mais de la laisser s’imprégner d’apports multiples, dans les domaines culturel, linguistique et cognitif. Si l’on en vient à refuser cette oxygénation, deux identités risquent de croître côte à côte, au mieux dans l’indifférence, au pire en s’affrontant.

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Cela étant, l’accueillant se trouve parfois confronté à des situations également difficiles pour lui, dans lesquelles il a du mal à se mouvoir. Plongé dans un environnement qu’il subit et dont les causes lui échappent souvent, il peine à faire état de ses droits naturels de citoyen, avec ses propres habitudes battues en brèche par une minorité qui peut être indélicate – quelquefois inconsciente mais également provocatrice –, immunisée par le nombre et soudée par sa communauté. Rendu minoritaire et fragilisé à son tour dans son image, l’autochtone cherche l’oreille de celui qui entendra sa plainte et le soutiendra.

Extrait de "L’immigration - Faut-il avoir peur de l’avenir ?", de Gérard A. Jaeger, publié aux éditions Eyrolles, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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