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La Chine aussi 
a sa crise de croissance
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EDITORIAL

Il ne faut pas attendre de Pékin une aide concrète pour soulager les difficultés de l’Europe. La Chine a trop de soucis à gérer sa propre économie pour s’occuper de celle des autres.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La Chine a besoin de digérer le rythme de développement accéléré depuis plusieurs décennies qui a multiplié les inégalités et les dysfonctionnements. On enregistre des mouvements sociaux de plus en plus fréquents de protestation devant les écarts de revenus, tandis que les accidents industriels se multiplient comme on l’a vu récemment avec la remise en question du TGV chinois. Elle a bénéficié jusqu’ici d’un taux de population active particulièrement élevé et d’un afflux de population vers les villes qui a permis longtemps de maintenir des salaires bas. Mais la situation est en train de changer. L’émigration des campagnes est en forte diminution, tandis que la politique de limitation des naissances fait peser un handicap sur l’avenir : dès la fin de la décennie, la population va commencer à décroître, avec une répartition de plus en plus mauvaise, puisqu’en 2050, les plus de soixante ans seront 440 millions, soit plus que la population actuelle de toute l’Europe.

Pour l’heure, le modèle chinois est en train d’évoluer. Il pourrait amorcer un certain repli sur soi  pour normaliser une économie un peu trop débridée. Il va privilégier la consommation intérieure et se révélera moins exportateur. Il est vrai que la hausse rapide des coûts de production, au rythme de quinze pour cent l’an, commence à rendre les produits chinois moins compétitifs. L’OCDE a calculé que d’ici quatre ans, ils pourraient se trouver dans la moyenne des pays de la zone. Le pays a aussi connu certains déboires, notamment en Afrique, où sa politique agressive de développement n’a pas enregistré les résultats escomptés, faute d’avoir tenu compte de la culture particulière de ce continent.

Autre souci : l’augmentation rapide de la dette. Celle-ci est estimée à 60% du produit intérieur brut, un chiffre qui ne tient pas compte de la multitude des emprunts accordés par les entreprises ou des personnes privées qui se sont enrichies pendant le grand bond du développement et dont on peut avoir une idée par la progression de la masse monétaire qui atteignait un rythme de vingt pour cent l’an dernier et a été ramenée à 16% cette année par un resserrement autoritaire du crédit. Certains spécialistes estiment que l’endettement pourrait s’élever à 100% du PIB, un pourcentage inquiétant car on voit se multiplier les faillites et les dépôts de bilan dans la vie des affaires et aussi dans le secteur immobilier qui a donné lieu à une intense spéculation dans les grandes villes. La situation de la Chine n’est pas comparable à celle de l’occident, d’autant qu’elle est gagée par un énorme matelas en devises de 3200 milliards de dollars. Mais pour l’heure, le pays souhaite trouver un rythme  de croisière qui évite les excès. La croissance ne devrait pas  dépasser 9% cette année et ralentir à 8% l’an prochain, voire davantage, ce qui était jusqu’ici considéré comme insuffisant pour éviter une augmentation du chômage.

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